Addictologue

L'addictologue prend en charge des patients souffrant de pathologies addictives liées à des addictions à des substances psychoactives, telles que le tabac, l'alcool, les drogues ou les médicaments, ou à des dépendances sans substances telles que les addictions à des jeux de hasard ou d'argent. Il peut aussi s'occuper d'autres comportements addictifs, comme la dépendance au travail ou aux écrans, ou les troubles du comportement alimentaire. Sa mission peut être généraliste ou spécialisée dans certains types d'addictions, et recouvre des actions de prévention, de diagnostic, et d'accompagnement des patients ; ainsi que le cas échéant leur orientation vers les structures ou les interlocuteurs adéquats.

Plus qu'un métier, l'addictologue désigne une fonction exercée par des professionnels ayant suivi une spécialisation en addictologie. La fonction d'addictologue est ainsi souvent remplie par des médecins généralistes ou des médecins psychiatres (code Rome J1102), qui aborderont le traitement et l'accompagnent des patients différemment selon leur spécialité médicale d'origine. Elle pourra aussi être endossée par d'autres professions de la santé et du social : infirmiers, psychologues ou éducateurs spécialisés, ayant suivi une formation à l'addictologie.

Pour un médecin, la fonction d'addictologue est accessible en enrichissant son DES (diplôme d'études spécialisées) par une FST (formation spécialisée transversale) en addictologie. Une autre possibilité, également ouverte aux autres métiers, est d'obtenir un diplôme universitaire (DU ou DIU) en addictologie.

Pour devenir médecin addictologue, les études de médecines s'imposent. La formation dure au minimum 11 ans, après un baccalauréat à dominante scientifique. Après un PASS (parcours d'accès spécifique santé) ou une LAS (licence avec option accès santé), les étudiants suivent un premier cycle débouchant sur le DFGSM (diplôme de formation générale en sciences médicales), reconnu au niveau licence, puis un deuxième cycle débouchant sur le DFASM (diplôme de formation approfondie en sciences médicales), reconnu au niveau master. Il faut ensuite compter 4 ans de formation complémentaire (internat) pour obtenir le DES (diplôme d'études spécialisées) en médecine générale ou en psychiatrie. C'est durant son internat que le futur médecin peut candidater à une FST (Formation Spécialisée Transversale) en addictologie.

Les médecins, mais aussi les métiers issus d'autres formations, ont aussi la possibilité de suivre diplôme universitaire (DU ou DIU) en addictologie. Ces études délivrées en université de médecine durent généralement une année.

La fonction d'addictologue suppose de multiples missions qui peuvent varier d'un contexte à l'autre et en fonction de l'emploi d'origine. Dans le cas d'un médecin addictologue, on pourra citer notamment les suivantes :

• Effectuer un diagnostic global des addictions et de leurs impacts sur la santé des patients.
• Prescrire des traitements en lien avec les addictions (traitements de substitutions aux opiacées, traitements de sevrage du tabac ou de l'alcool…).
• Prescrire des dépistages, des bilans de santé ou des soins médicaux.
• Assurer la prise en charge médicale et la coordination du projet de soin des patients, ainsi qu'éventuellement son accompagnement social, en lien avec l'ensemble des équipes du service.
• Orienter les patients vers d'autres services de soins ou d'accompagnement médico-social selon leurs besoins.
• Informer, former et assister les autres personnels soignants des structures de soin ou entreprises de santé sur les questions et problématiques liées aux conduites addictives.
• Effectuer des missions de prévention et d'éducation thérapeutique sur les addictions à destination de différents publics.

• L'addictologie est une discipline passionnante, qui demande d'ajuster sa pratique en fonction de chaque cas et des besoins personnels de chaque patient.
• L'addictologue ne travaille jamais seul et son emploi ne s'envisage qu'au sein d'une équipe pluridisciplinaire qui permet de prendre en charge tous les aspects de l'addiction (soins, environnement matériel et social, facteurs familiaux et psychologiques…).
• La fonction d'addictologue est généralement très gratifiante, puisqu'elle permet souvent d'influer le parcours de vie des patients suivis.
• L'addictologue occupe un emploi qui est une véritable ressource pour les autres personnels soignants, parfois désœuvrés face à la prise en charge de personnes sous l'emprises de drogues ou de l'alcool.

• Les patients peuvent parfois cumuler les problématiques, ce qui rend le succès de leurs soins d'autant plus difficiles à assurer.
• Les résultats sont moins immédiats et plus aléatoires que dans d'autres spécialités de médecine, et demandent de travailler sur des temps très longs.
• L'addictologue peut avoir à affronter des situations de crise, et doit pouvoir composer avec la violence qui peut en découler.

A la frontière des métiers de la santé et du social, la fonction d'addictologue exige d'abord beaucoup de bienveillance. Il est important de faire preuve de grandes capacités d'écoute et d'accueillir la situation de chaque patient en adoptant une posture de non-jugement. Il faut aussi pouvoir accepter que le parcours de sortie de l'addiction soit parfois très long, fait d'échecs et de renoncements, et donc être extrêmement patient et ne pas céder au découragement. La fonction d'addictologue nécessite également de savoir travailler avec les autres : à la fois les membres de l'équipe pluridisciplinaire entourant les patients (autres addictologues, psychologues, assistantes sociales, diététiciens…) et les autres personnels soignants de l'entreprise ou la structure de santé. Il faut aussi avoir des talents de pédagogue, notamment lorsque son emploi comporte des missions de prévention et d'éducation thérapeutique.

Le salaire moyen d'un médecin addictologue s'élève entre 50 000 et 80 000 euros bruts par an, soit entre 4 100 et 6 600 euros bruts par mois.
Ces montants sont susceptibles de varier selon que celui-ci exerce en libéral ou occupe un poste de salarié, ainsi qu'en fonction de l'entreprise qui l'emploie et de son niveau de responsabilité. La rémunération sera logiquement plus élevée pour un addictologue exerçant comme chef de service d'une clinique réputée que pour un addictologue débutant exerçant dans un centre d'accueil spécialisé dans la prévention et le traitement des addictions. Il est aussi fréquent que le médecin addictologue ait une rémunération mixte correspondant à une double activité. Ainsi, il exercera en tant que médecin généraliste sous un statut libéral, tandis que sa fonction d'addictologue auprès de l'entreprise ou centre de santé qui l'emploie sera rémunérée sous le statut de salarié.

L'addictologue exerce son emploi avec une relative autonomie. Il est cependant amené à travailler en contact avec les patients, les membres de l'équipe pluridisciplinaires encadrant les parcours de soin ou d'autres personnels soignants. Ses horaires sont généralement classiques, mais il peut être soumis à des astreintes la nuit ou les week-ends. On notera aussi que les consultations de télémédecine pour les médecins addictologues se développent.

Au fil de sa carrière et des affectations où l'amène son emploi, l'addictologue peut être amené à se spécialiser dans certains types de publics ou dans certains types d'addiction. Le médecin addictologue peut également évoluer vers un poste de médecin responsable d'un centre d'accueil spécialisé dans la prévention et le traitement des addictions ou de chef de service d'une clinique ou d'un hôpital.

L'addictologue peut travailler au sein du secteur médico-social, pour un CSAPA (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie), une CJC (Consultation jeunes consommateurs), ou un CAARUD (Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogues). Il peut aussi être employé dans le secteur hospitalier pour une consultation d'addictologie ou au sein d'une équipe de liaison et de soin en addictologie (ELSA). L'addictologue pourra aussi être chef de sa propre entreprise, en exerçant en libéral.