Comment vaincre les distractions (mails, Facebook, Slack) au travail ?

Combien de fois par jour regardez-vous votre boîte mail, votre compte Facebook ou votre smartphone ? Si vous hésitez, c'est que la réponse est probablement trop. Les salariés de bureau, habitués à jongler d'une tâche à l'autre, ont de plus en plus de mal à rester concentrés et leur attention se déporte vers de multiples sources de distraction quand ce ne sont pas leurs collègues qui entrent subrepticement dans l'open-space pour parler d'un dossier prétendument urgent ou de l'afterwork du soir. Cela peut conduire à trouver les journées de travail guère satisfaisantes, incomplètes et démotivantes.

Dans un article publié dans la Harvard Business Review, l'auteur, Maura Thomas, rappelle à l'inverse qu'un travail de fond est "l'habilité à se concentrer sans distraction sur une tâche cognitivement exigeante". Ce qui"permet de maîtriser rapidement des informations complexes et de réaliser un meilleur travail en moins de temps".

"L'élan du cerveau"

Maura Thomas est une auteure et conférencière reconnue sur le thème de la productivité. Elle parle du travail de fond comme d'un "élan du cerveau". Selon elle, il faut du temps pour se lancer, être concentré et pleinement mobilisé sur un sujet. De cet élan, elle dit également que c'est une façon de "libérer notre génie". "Vous ne pouvez pas complément libérer votre génie dans les trois minutes que vous avez entre chaque distraction. Malheureusement, pour nombre d'entre nous les distractions sont devenues une habitude qu'il est extrêmement difficile de casser".

Les nouvelles technologies exacerbent le problème. En cas de baisse d'activité ou pour "chercher" l'inspiration, nous sommes nombreux à saisir notre téléphone et à nous perdre sur les comptes Insta ou Facebook, à lire des articles associés sans intérêt sur Internet...

Prendre conscience de ses actions

Cette routine peut être combattue. Pour cela, la première chose à faire, explique Maura Thomas, c'est prendre conscience de nos agissements. Elle explique qu'il faut commencer par noter toutes les fois où nous cessons notre activité sans que cela soit véritablement volontaire. "Ensuite, réfléchissez à la raison pour laquelle vous vous êtes laissé distraire et écrivez-la également".

Une fois les causes décelées, il sera plus facile de les surmonter. Par exemple, imaginez quelles parades vous pourrez mettre en place pour signaler à un collègue qu'il vous dérange sur un dossier important ou à ce que vous pourriez faire plutôt que de saisir votre téléphone.

La troisième façon de combattre nos routines improductives est le principe de "l'énergie d'activation". Pour la spécialiste en productivité, cela consiste, par exemple, à ne plus noter dans sa to-do-list "écrire un article" mais plutôt de se donner pour mot d'ordre de "lister quatre points pour l'article". Au lieu de "analyser le rapport" d'écrire "identifier l'idée principale dans la première section du rapport".

Une autre technique, qui parlera à nombre d'entre nous, est ce qu'elle appelle la "friction". Si vous faites partie des gens qui vérifient leurs mails pro le soir sur leur téléphone ce n'est pas tant que vous attendez un mail vraiment important mais que toute la journée vous avez pris l'habitude d'ouvrir votre boîte mail. La friction consiste alors, au moment de quitter votre bureau, à vous empêcher d'accéder à vos mails depuis chez vous. Vous tomberez sur un écran vide et même si au début vous continuerez à vouloir les consulter de manière compulsive, cette habitude s'espacera progressivement.

Finalement, mettre fin aux distractions c'est comme un fumeur qui veut arrêter la cigarette. Au début l'envie d'en griller une est forte, elle paraît même insurmontable, et puis à force de la combattre l'envie d'en saisir une est moins prégnante jusqu'à ne plus du tout le vouloir. Et comme pour l'arrêt de la cigarette, en mettant fin aux distractions, très vite vous vous sentirez mieux et plus à même de travailler pendant une heure ou plus d'affilée, de façon concentrée et épanouissante.