Ubisoft : les salariés appellent à la grève pour défendre le télétravail

C'est peut-être l'un des premiers mouvements sociaux en France à défendre ce droit au télétravail. Trois jours de grèves ont été décrétés par les syndicats, du mardi 15 au jeudi 17 octobre, pour lutter contre les trois jours de présentiels imposés par l'éditeur de jeu vidéo Ubisoft à ses salariés. Il s'agit de la deuxième grève de l'année chez Ubisoft, alors que le leader français traverse une crise sans précédent depuis plusieurs mois, avec des ventes en déclin, le report d'un jeu majeur et une rumeur de rachat, comme le rapporte l'AFP.

Les salariés d'Ubisoft en grève contre la réduction du télétravail

En septembre, les 19 000 employés d'Ubisoft ont reçu un mail étonnant de la direction, leur annonçant un prochain retour massif en présentiel, à raison de trois jours au bureau par semaine minimum. Jusqu'à présent, Ubisoft semblait offrir une politique de télétravail flexible à ses 4 000 employés français : pas de jours imposés au bureau et liberté totale de planifier ses journées en présentiel ou en télétravail, avec l'accord du responsable. Mais après cinq ans de télétravail, c'est un retour en arrière quasiment impossible pour les salariés. « Nombre de nos collègues ont construit ou reconstruit leur vie et ne peuvent simplement pas revenir aux conditions précédentes », déclare le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV) dans son communiqué. Cette décision, sans concertation, a été vécue comme une injustice au sein du groupe.

Face à la colère de ses salariés, la direction a expliqué sa décision dans un courrier adressé à l'ensemble du groupe : « la créativité est stimulée par les interactions interpersonnelles, les conversations informelles et la collaboration autour d'une même table ». Cette justification n'aura pas suffi pour arrêter les grévistes, ni même les discussions entre les syndicats et la direction mardi dernier. Les problématiques semblent bien plus profondes. La grève a donc bien débuté ce mardi 15 octobre dans différents studios d'Ubisoft, comme à Paris, Montpellier et Annecy. Les syndicats demandent également à la direction « un vrai effort salarial ». Selon eux, l'avenir du jeu vidéo en France se joue actuellement, et il est en grave danger. La démission de certains profils, en quête d'une meilleure qualité de vie, pourrait impacter l'ensemble de la production. Une crise qui s'ajoute aux autres problèmes que traverse le leader français du jeu vidéo ces derniers mois.

Vers une nouvelle ère ?

Chez Ubisoft, le jeu se complique depuis plusieurs mois. Une grève avait déjà éclaté au sein de l'entreprise en février dernier, considérée comme l'une des plus importantes du secteur du jeu vidéo. 700 employés s'étaient élevés contre la direction en réclamant une revalorisation salariale, regrettant de ne pas bénéficier de « salaires dignes », alors que leur employeur réalisait des profits importants. Mais qu'en est-il de la capacité financière réelle d'Ubisoft ?

Le PDG, Yves Guillemot, reconnaît des ventes de jeux « plus faibles que prévus ». Selon l'AFP, l'action d'Ubisoft aurait chuté de plus de 40 % depuis le début de l'année, atteignant en septembre son niveau le plus bas en dix ans. Des rumeurs de rachat ont alors agité l'industrie du jeu vidéo récemment. Le géant chinois Tencent, actionnaire de de l'entreprise (à hauteur de 10 %), réfléchirait à racheter l'intégralité de l'entreprise pour sortir le groupe de la Bourse. Malgré ces turbulences, l'entreprise n'est pas encore game over : le nouvel opus d'Assassin's Creed, l'une des franchises les plus vendues de l'histoire du jeu vidéo, devrait tout de même voir le jour le 14 février prochain, pour le plus grand bonheur des joueurs.