Comment transformer le sentiment de honte en un outil de créativité ?

La boule au ventre, le rythme cardiaque élevé, la voix tremblotante, la bouche sèche et finalement un afflux sanguin incontrôlé aux joues. Tout le monde ou presque a déjà vécu les effets indésirables du sentiment de honte. Si ce phénomène nous touche plus particulièrement jeune, il peut plus tard avoir lieu au travail. Par exemple lors d'une prise de parole en public et que, face à un parterre de la direction, votre présentation tourne au fiasco. Une émotion "douloureuse" et "désagréable", comme l'expliquent des chercheurs de Neoma Business School et de l'Université de Cambridge, mais qui peut, contre toute attente, stimuler la créativité des employés. A "condition que la personne évolue dans un environnement qui encourage la créativité", souligne le magazine HBR qui a dévoilé l'étude.

En effet, alors que la honte est l'expression "des différences entre ce que nous faisons et ce que nous sommes censés faire", il est possible de l'utiliser pour améliorer le travail des collaborateurs.

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Rétablir l'estime de soi 

La honte casse l'image positive de soi, celle consistant à dire "Je suis une bonne personne", poursuit HBR.  Mais c'est précisément "en essayant de rétablir cette estime de soi que nous sommes le plus susceptibles de trouver une idée intelligente permettant de réparer cette erreur ou de résoudre l’incident qui a déclenché ce sentiment". Pour reprendre l'exemple d'une présentation ratée, la honte vous poussera à  retravailler votre dossier et trouver les moyens de l'améliorer.

Pour mener leur projet, les chercheurs ont mené trois études en Colombie et en France, avec 610 participants occupant des emplois dans différents secteurs. La première étude a consisté à évaluer, quotidiennement durant une semaine, comment les expériences de honte permettaient d'améliorer la performance créative d'employés évoluant dans une équipe ouverte aux idées nouvelles. Résultat, ils faisaient face à l'incident "honteux" et retournaient travailler afin de le surmonter. La seconde étude a, elle, montré que la honte peut encourager le développement d'idées complémentaires mais pas forcément très novatrices. La troisième étude révélait comment le désir commun aux individus de conserver une image de soi positive au sein de leur équipe permet de transformer la honte en idées créatives. En effet, lorsqu'une seconde chance lui est donnée, la personne honteuse va réaliser un travail qui "dépasse les attentes, un travail original et utile, un travail créatif, alors (elle) récupérera son prestige au sein de son équipe et retrouvera une image positive" d'elle-même.

Managers : utiliser la honte de vos collaborateurs

Si la honte est, dans un premier temps, une émotion négative, il est donc ensuite possible de  la transformer en énergie créatrice. Pour ce faire, les managers, en lien avec leur organisation, peuvent adopter plusieurs stratégies pour faire en sorte qu'en employé éventuellement honteux apprenne à utiliser, ensuite, ce sentiment à bon escient. Le magazine HBR évoque ainsi l'idée de former les employés à la "régulation de la honte", et ainsi éviter qu'ils fuient quand ils traversent un tel épisode. Mais c'est ensuite aux leaders de mettre en place les conditions qui encouragent la créativité afin d'offrir un environnement et un soutien aux employés qui proposent de nouvelles idées, même si le travail précédent a pu être douloureux.

Les managers doivent donc tendre la main aux collaborateurs et quand un travail a été bâclé, il faut en parler calmement plutôt que de les enfoncer. Bref, encourager et féliciter quand le travail a été bien fait et ne pas uniquement souligner les erreurs...

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