« Si l’envie est là, n’hésitez pas : le tourisme est un secteur d’avenir ! »

L’un a commencé sa carrière sur l’eau salée de la Méditerranée, l’autre ambitionnait de la faire dans les airs, mais c’est finalement à Paris qu’ils naviguent tous les deux. Celle qui se destinait à devenir hôtesse de l’air, c’est Eunice : à 32 ans, elle est capitaine pour les Bateaux Parisiens depuis 2016. Et parmi ses matelots, il y a Ahmed, 36 ans, arrivé en France en 2020 après six belles années dans la marine marchande en Tunisie.

“J’aime mon métier et mon bureau sur l’eau n’est jamais le même”

Après son bac, Ahmed se tourne vers l’université et intègre un cursus informatique : « J’étais bon, mais je ne me voyais pas passer ma vie dans un bureau. Mon oncle qui connaissait mon envie de bouger m’a parlé de la marine marchande, persuadé que c’était une piste pertinente à explorer, avec un bon salaire à la clé. J’ai donc intégré une formation et découvert les joies des techniques de nœuds, de la météorologie, de la cartographie et de l’anglais maritime. » Une fois formé, Ahmed expérimente différents postes sur d’imposants navires en Tunisie avant de rejoindre la France. A son arrivée, il hésite entre plusieurs pistes de job qui lui sont proposées, mais finit par accepter un poste de matelot aux Bateaux Parisiens.

Pour Eunice, c’est le marché de l’emploi qui a joué les panneaux indicateurs, car les compagnies aériennes n’étaient pas nombreuses à recruter au moment de sa sortie d’études en tant qu’hôtesse de l’air. En 2014, elle se tourne vers un poste saisonnier de matelot : « J’ai passé un été formidable et le poste regroupait des atouts qui comptent pour moi. Un cadre de travail sympa, un métier qui bouge, les langues étrangères. Loin de la vie de bureau qui ne me tentait absolument pas ! » La saison terminée, elle est recrutée en CDI et s’oriente vite vers une formation interne, pour devenir capitaine. Projet qui aboutit en 2016, et qu’elle n’a jamais regretté depuis : « J’aime mon métier, mon bureau sur l’eau n’est jamais le même d’un jour à l’autre ! »

Passer sa vie pro sur la Seine offre en effet des avantages non négligeables, parmi lesquels d’incroyables couchers de soleil. Et le sentiment d’être au cœur de la vie de la capitale, notamment pour les grands événements. Avec une échéance qui approche à grands pas, comme le rappelle Ahmed : « En 2024, on sera aux premières loges pour profiter de l’ambiance particulière des Jeux Olympiques ! »

Je découvre les métiers du tourisme

Une vie pro équilibrée qui laisse de la place pour la famille

Ahmed et Eunice ont tous les deux le même rythme de travail. En dehors de leurs deux jours de repos consécutifs, ils sont présents en horaires de journée ou de soirée pour assurer les quatre croisières quotidiennes. Pendant une semaine, les journées débutent vers 8 heures pour se finir vers 17 heures. La suivante, elles commencent vers l’heure du goûter pour se finir vers 23 heures, voire minuit.

Quand l’équipage est du matin, c’est à lui que revient la charge de la préparation du navire : capitaine et matelot démarrent le bateau, vérifient les niveaux et réalisent les tests qui permettent de s’assurer que tout fonctionne parfaitement. Ou de contacter l’équipe de maintenance en cas de besoin. C’est aussi le matin que se font l’entretien et le nettoyage avant d’accueillir les passagers : « On compte deux heures de préparation pour un départ à 10 heures. Quand tout est prêt, on enfile nos habits de lumière et on lance la première croisière ! »

Pour les croisières du soir, les bateaux sont donc déjà prêts à l’arrivée de l’équipage : « On embarque, on débarque. C’est beaucoup moins technique que la marine marchande, promet Ahmed, bien placé pour faire la comparaison. Mais l’ambiance est incroyable, avec les touristes comme avec les collègues. C’est un quotidien très enrichissant, on apprend en permanence et on échange avec des personnes qui viennent de partout dans le monde ! »

Des compétences transférables à bien d’autres secteurs

Quant au profil idéal pour naviguer sur la Seine, ce sera de préférence quelqu’un d’un naturel serein selon Ahmed : « Avec 500 passagers sur le bateau, il ne faut surtout pas stresser ! On doit rester calme en toutes circonstances malgré la foule et le bruit, ne pas paniquer si jamais un passager fait un malaise. La sécurité est hyper importante et pour l’assurer, on se doit d’être attentif et vigilant. Et ponctuel, car notre retard aurait un impact direct sur les départs des bateaux et donc la satisfaction des touristes. »

Pour Eunice, devenir capitaine, c’était sortir de sa zone de confort : « Je n’aurais jamais pensé devenir capitaine de bateau ! J’ai des compétences que je n’aurais jamais cru acquérir un jour, comme la mécanique, et c’était un défi à relever. Aujourd’hui, nous sommes quatre femmes sur une trentaine de capitaines et je suis fière d’en faire partie. Dans cinq ans, je me vois toujours sur ce poste. J’ai encore à apprendre et je suis contente de mon choix de carrière ! ». De son côté, Ahmed envisage de passer de matelot à capitaine en suivant lui aussi une formation interne.

Le métier vous tente mais vous avez peur de vous lasser trop vite des charmes de la Seine ? Eunice a des arguments convaincants pour vous rassurer : « Les possibilités de reconversion sont nombreuses car les compétences acquises sur les postes de matelot ou de capitaine sont utiles bien au-delà de la navigation. Je gère une équipe et j’ai la responsabilité de plus de 500 personnes sur mon bateau ! Si l’envie est là, n’hésitez pas : le tourisme est un secteur d’avenir, avec de nombreuses opportunités. Et un secteur qui est ouvert aux profils sérieux, même sans expérience. Ce n’est pas compliqué d’y mettre un premier pied, surtout si vous maîtrisez plusieurs langues. Et une fois à l’intérieur, il n’y aucune raison de ne pas y arriver ! »

Je trouve mon prochain job dans le tourisme !