En plein confinement, les ouvriers de Tesla sont obligés de dormir dans leur usine de Shangaï

Alors que la ville de Shangaï subit un confinement ultra strict depuis plusieurs semaines pour tenter d’enrayer le rebond de l’épidémie de coronavirus, les autorités chinoises et les multinationales ont trouvé la parade pour continuer à faire fonctionner les usines.

Malgré le confinement, les usines tournent toujours

A l’image de Détroit au 20e siècle, Shangaï est aujourd’hui une « motown » chinoise accueillant les usines de production de nombreux constructeurs automobiles comme Volkswagen, General Motors ou encore Tesla avec sa Gigafactory. En 2021, 2,38 millions de véhicules sont ainsi sortis des usines de la ville. Et le confinement de la mégapole chinoise coûte très cher à ces grandes marques et à l’économie mondiale… Sous la pression des multinationales, les autorités ont donc décidé d’assouplir les restrictions pour les entreprises et d'autoriser la reprise de la production sous certaines conditions très particulières. 

Une règle à la fois simple et stricte prévaut : personne n’entre ou ne sort des usines ! Dans les faits, les ouvriers sont donc obligés de vivre et dormir sur place. Grâce à cela, près de 600 firmes ont repris la production, dont Tesla, mais aussi Quanta Computer qui fabrique les ordinateurs portables d’Apple.

Trois repas gratuits par jour et des sacs de couchage

Face à ses difficultés récurrentes pour livrer de nouveaux véhicules, la marque d’Elon Musk a sauté sur l’occasion ! Seul le personnel résidant dans des quartiers classés à faible risque et ayant reçu deux doses de vaccin a été autorisé à revenir, grâce à des certificats spéciaux et des bus affrétés pour l’occasion, rejoignant les 400 personnes qui n’avaient jamais pu quitter l’usine depuis la mise en place du confinement fin mars. 

Le média américain Bloomberg est parvenu à se procurer un mémo interne dans lequel on en apprend un peu plus sur cette nouvelle organisation, qui serait en place depuis le 17 avril. Trois zones de vie ont été délimitées à l’intérieur de l’usine : une pour dormir, une pour se restaurer et une autre pour les douches. L’entreprise a, par ailleurs, distribué à ses ouvriers, qui dormaient à même le sol, des matelas et des sacs de couchage. 

Côté sanitaire, un test obligatoire est effectué quotidiennement et un contrôle de température est réalisé deux fois par jour. Les ouvriers sont également obligés de se laver les mains deux fois le matin et deux fois l’après-midi. Trois repas leur sont distribués gratuitement et ils perçoivent une allocation journalière de compensation d'environ 400 yuans, soit 63 dollars. Un montant variable suivant la position et le niveau de la personne.  

Selon une source citée par Bloomberg, l’entreprise a également demandé aux ouvriers de produire davantage et de faire des journées de 12h pour rattraper le retard ! Alors qu’ils enchaînaient habituellement quatre jours de travail puis deux jours de repos, et ainsi de suite, ils effectuent désormais des semaines de six jours avec un seul jour de repos à la clé. 

Le cas de la Gigafactory n’est cependant pas isolé, puisque plusieurs employés du secteur financier et bancaire dorment, eux aussi, au pied de leur bureau pour pouvoir continuer à travailler.

Des mesures d’exception qui ne suffiront peut-être pas 

Elon Musk espère, grâce à cela, produire près de 180 000 unités entre avril et juin à Shangaï, soit autant qu’au cours du trimestre précèdent– après avoir été empêché de produire près de 50 000 unités dans les 22 premiers jours du confinement.

Un objectif qui ne s’annonce pas simple à tenir ! Comme rapporté par le South China Morning Post, le patron de Xpeng Motors, constructeur de véhicules électriques chinois, estime que tous les constructeurs de véhicule devront dans tous les cas suspendre leur production en Chine d’ici le mois de mai si les contraintes sur la chaîne d'approvisionnement causées par le confinement de Shanghaï ne sont pas résolues rapidement. Peut-être une bonne nouvelle pour les ouvriers de Tesla…

Crédit photo : sheilaf2002/stock.adobe.com