Le télétravail améliore la productivité des entreprises à condition que...

Le dernier rapport du Conseil national de la productivité (CNP) souligne que l’adoption massive du travail à domicile serait bénéfique à long terme pour la productivité des entreprises françaises. A certaines conditions… 

Pourquoi sommes-nous plus productifs en télétravail ? 

Mis en place durant la pandémie et largement démocratisé depuis, le télétravail aurait des effets positifs sur la productivité des entreprises françaises. C’est la conclusion du troisième rapport du CNP, organisme dépendant de France Stratégie composé d’un collège de quinze économistes, qui évalue que la progression d’un point du pourcentage des salariés en télétravail « améliorerait la productivité globale d’environ 0,45% ». 

S’appuyant sur des données de la banque de France, le Conseil national de la productivité en conclut que le passage à 25% de télétravailleurs d’ici 20 ans ferait gagner à l’économie française entre 5% et 9% de productivité ! 

Principale raison avancée : le gain de temps passé dans les transports pour les salariés, qui a pour conséquence un accroissement du temps de travail ainsi qu’une amélioration du cadre de vie individuel. En clair, les salariés travaillent plus longtemps et plus efficacement lorsqu’ils sont à la maison. Plus heureux, ils sont également moins susceptibles de quitter l’entreprise.  

Le télétravail pourrait également améliorer la compétitivité des entreprises, en leur offrant de nouvelles marges de manœuvres financières grâce à la réduction de « leur empreinte foncière ». Le rapport précise en effet que « le loyer d’une entreprise locataire médiane représente environ 8 % de sa valeur ajoutée. »

Des gains de productivité menacés par plusieurs facteurs 

Le CNP précise toutefois que ces analyses « mériteraient d’être confirmées par d’autres études une fois que la situation de télétravail sera stabilisée. » 

La pratique télétravail pourrait en effet réserver d’autres surprises en termes de productivité, négatives cette fois. A long terme, la diminution des interactions entre salariés pourrait ainsi grignoter les gains de productivité :  

« Les mesures de distanciation sociale réduisent fortement certains flux informationnels, qui sont une composante importante du capital organisationnel et du capital humain, notamment vis-à-vis de la formation des salariés. Le télétravail pourrait donc jouer défavorablement à ce niveau en termes de gains de productivité. » 

Le rapport s’interroge également sur les évolutions légales qui viendraient encadrer une pratique encore récente : « Des changements juridiques pourraient intervenir, par exemple, sur la mesure de la durée effective du travail et sur l’indemnisation du salarié, qui pourraient faire augmenter les coûts du télétravail. »

L’adhésion des salariés au télétravail, la clé d’une meilleure productivité 

Les gains de productivité réalisés grâce au télétravail ne semblent d’ailleurs pas équivalents pour toutes les entreprises ! Comme le rapporte Les Echos, le chercheur japonais Masayuki Morikawa a ainsi constaté une baisse de productivité de 30% en moyenne durant la crise pour les employés tokyoïtes travaillant à domicile sauf… dans les entreprises ayant déjà l’habitude du télétravail. Et plus cette habitude était ancrée de longue date, plus la productivité semblait augmenter ! 

Dans une note de la Banque de France de 2021 intitulée « Télétravail : quels effets sur la productivité ? », les économistes Antonin Bergeaud et Gilbert Cette nous donnent quelques pistes de réflexion pour venir à bout de ce paradoxe : 

« Les effets du télétravail sur la productivité seront d'autant plus positifs que cette forme de travail suscite l'adhésion des travailleurs et du management, que l'ensemble des acteurs sont préparés et formés à ce mode d'organisation et que le matériel et l’environnement de travail à domicile sont appropriés. » 

Ils décrivent par ailleurs les gains de productivité liés à la pratique du télétravail comme une courbe en U inversé. En d’autres termes, trop de télétravail nuit à la productivité… L’équilibre serait de l’ordre de deux à trois jours par semaine selon l’OCDE.

Télétravail : plus les entreprises contrôlent leurs salariés, plus ils démissionnent

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