Avec l’essor du télétravail, les Français ont déménagé vers de plus petites villes

Trois ans après le premier confinement, de nombreux Français privilégient désormais leur cadre de vie et de résidence plutôt que leur lieu de travail. Résultat : les grandes métropoles n’attirent plus. C’est ce que révèle la dernière étude de l’Insee, qui a étudié plusieurs indicateurs de déménagement comme les contrats de réexpédition de La Poste, les données de carte grise et les effectifs d’élèves scolarisés en école maternelle et élémentaire. L’essor du télétravail semble avoir joué un rôle déterminant dans de nombreux départs d’actifs vers des villes à taille humaine, que ce soit dans d’autres régions ou en périphérie des grandes métropoles.

Les régions de l’Ouest et du Sud comme destinations privilégiées des télétravailleurs

Si les régions de l’arc atlantique (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine) et du sud du pays (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie) étaient déjà attractives au cours de ces dix dernières années, la tendance se renforce depuis 2020 selon l’INSEE. La Bretagne reste la région la plus attractive. En 2021, les arrivées mesurées ont été deux fois plus nombreuses que les départs mais son attractivité semble s’être un peu estompée en 2022.

En revanche, la région parisienne ne cesse de perdre des habitants. En 2022, l’Insee relève 35 arrivées de ménages pour 100 départs, d’après les données de réexpédition du courrier. Ces départs d’habitants profitent à toutes les régions y compris celles du Nord et de l’Est, moins attractives.

TOP 5 des régions les plus attractives

-BRETAGNE

-CORSE

-NOUVELLE-AQUITAINE

-OCCITANIE

-PAYS DE LA LOIRE

source : Insee

Les départs vers les villes de taille moyenne sont en progression

D’après les données de La Poste relevées par l’Insee, les Français privilégient les villes de moins de 200 000 habitants. « En 2021, par exemple, Colmar et Vannes accueillent respectivement 122 et 110 transferts de courriers arrivants pour 100 transferts de courriers partants », détaille l’étude.

Les villes de moins de 50 000 habitants semblent aussi attirer des nouveaux habitants. Les données relatives aux changements de résidence des propriétaires de voitures montrent que ces dernières attirent de plus en plus de nouveaux arrivants véhiculés.

Ce phénomène est nouveau car « avant la crise, les grandes aires de plus de 700 000 habitants hors Paris avaient une attractivité positive ». L’attraction pour des villes en dehors des principales métropoles françaises semble être l’une des conséquences de la crise sanitaire et des confinements successifs.

Les grandes métropoles comme Paris ou Lyon connaissent, en revanche, un phénomène de périurbanisation massif. De nombreux habitants quittent les centres-villes pour s’installer et télétravailler dans des communes environnantes. « En 2021, dans les aires de plus de 700 000 habitants, les couronnes accueillent 2,68 fois plus de ménages qu’il n’en part », note l’Insee.

Le nombre d’élèves scolarisés en maternelle et en élémentaire a baissé aussi dans les grandes métropoles en 2021, ce qui laisse supposer que les travailleurs ont privilégié des villes plus modestes pour venir s’installer avec de jeunes enfants.

Le télétravail comme facteur principal de cette tendance

« C’est dans les départements où les emplois apparaissent les plus compatibles avec le télétravail que le ratio des entrées sur les sorties, mesuré à partir de données de réexpédition de La Poste a le plus baissé », révèle le rapport. Ainsi, les départements d’Île-de-France, du Rhône et de la Haute-Garonne où les fonctions de bureau sont surreprésentées, perdent des habitants.

Les évolutions des distances domicile/travail montrent aussi l’impact du télétravail dans ces nouveaux déménagements. La distance parcourue par les salariés les plus éloignés de leur lieu de travail a augmenté de près de 14% pour ceux qui occupent un emploi télétravaillable entre 2019 et 2021. « Ce qui semble traduire un éloignement plus important des salariés ayant la possibilité de télétravailler », conclut l’Insee.

Ces données devraient être confirmées par les résultats du prochain recensement attendu dans le courant de l’année.

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