Télétravail : un premier bilan lié à l'épidémie de Covid-19

Personne n'imaginait un tel scénario. En seulement quelques jours, après les annonces d'Emmanuel Macron sur la fermeture des écoles puis du confinement de la population, des milliers d'entreprises sont passées en télétravail à 100 %. Même les plus réticentes, question de survie. Et déjà, on peut envisager qu'il y aura un avant-après la crise du coronavirus. Fin 2019, en Ile-de-France, les entreprises avaient déjà commencé à sauter le pas du télétravail pour faire face aux grèves dans les transports en commun. Les autres n'ont pas bénéficié de cette période de tests et pourtant, elles semblent avoir réussi facilement à gérer le travail à distance.

Un mode de travail devenu la norme pour des millions de salariés et qui, selon eux, devraient perdurer ensuite. D'après une enquête menée par Citrix auprès d'un millier de télétravailleurs, 66 % d'entre eux estiment que le télétravail sera plus fréquent après cette crise. Il leur sera en tout cas difficile d'argumenter contre lors du déconfinement.

305 % de téléchargements de l'application Teams en une semaine

Selon le site Business Les Echos, l'adoption des outils de communication a été massive au cours des dernières semaines. Par exemple, l'application mobile Microsoft Teams a bondi de 305 % durant la semaine du 8 mars. Pour les outils de visioconférence Zoom et Google Hangouts Meets les courbes sont aussi fulgurantes : respectivement plus 155 et plus 160 % de téléchargements. Le français Klaxoon évoque, lui, une multiplication des appels x10 sur ses outils. Chez Slack, le PDG, Stewart Butterfield, estime que les échanges sur la messagerie instantanée ont augmenté de 20 % depuis le début du confinement.

Le télétravail, la nouvelle norme pour les salariés

Sur la chaîne CNBC, le CEO de Citrix explique que le travail à distance est devenu la norme - du moins pour ceux le pouvant. Mais comment maintenir une cohésion d'équipe à travers les nouvelles technologies. Si le télétravail était un moyen pour les salariés de mieux concilier vie pro - vie privée, là c'est quelque chose d'une autre ampleur que le management doit prendre en considération.

« Il faut faire confiance aux collaborateurs et éviter de micromanager, pour ne pas revenir au management contrôlant des années 1980-1990 », explique d'emblée au Echos, Vincent Binetruy, directeur France de Top Employers Institute. En clair, on évite de caler sans cesse des visoconférences avec ses équipes ou de vérifier que leur statut est actif sur les applications. Accepter aussi que dans le contexte actuel, les salariés peuvent difficilement être à 100 % de leurs capacités : le moral oscille et pour de nombreux foyers il faut aussi gérer les enfants.

Au-delà de ces considérations, la période actuelle va obliger les managers et leur direction à accepter de jauger le travail de leurs collaborateurs sur leurs seuls résultats. Pas sur leur temps de présence en entreprise, pas sur le nombre de réunions auxquelles ils assistent mais sur leur rendu. Sur ce qui permet encore à l'entreprise d'avancer. C'est en cela que le changement va être profond, et peut-être brutal pour certains, remettant totalement en question leur style de management. Autogestion et responsabilisation vont devenir les maîtres mots.

Cette période est également propice à la mise en place de nouvelles pratiques. Les collaborateurs ont l'opportunité de suggérer des idées pour mieux travailler en équipe et les managers l'occasion de tester de nouvelles formes d'évaluation des collaborateurs. De toute façon, plutôt que d'espérer un simple retour à la normal, il faut anticiper autant que possible comment la crise va modifier notre rapport au travail et se préparer à de nombreux changements.