Comment ce salarié est devenu manager malgré ses nombreux tatouages

À 33 ans, après une dizaine d’années de vie active, David assume totalement ses tatouages sur tout le corps, dont le visage, lui donnant « un style alternatif » qu’il a fini par faire accepter dans le monde professionnel. Il dirige désormais deux établissements au sein d’une enseigne de restauration rapide et revient sur ses nombreuses expériences en tant que candidat, lorsqu’il était en recherche d’emploi.

« Il y a eu quelques portes fermées mais cela ne m’a jamais arrêté »

Après son bac, David s’oriente vers la vie active sans passer par la case étude : « J’avais besoin de gagner rapidement ma vie », explique-t-il sobrement, et il se fait embaucher dans une enseigne de restauration rapide. À la même époque, il commence à réaliser ses premiers tatouages, dont plusieurs sur le visage : « Ça ne posait pas de problèmes à mon employeur, il était très content de mon travail. Mais c’est quand j’ai démissionné que j’ai eu les premiers bâtons dans les roues. »

Au départ, David fait le choix de ne pas mettre de photo sur son CV pour éviter d’être évincé des processus de recrutement dès la première étape de candidature. « Cette technique n’a pas très bien fonctionné », reconnaît-il. « Une fois, je me suis présenté à un entretien, j’ai vite senti que mon apparence dérangeait. On m’a fait attendre dix minutes avant que l’interlocuteur me reçoive. Il a repris mon CV, m’a posé deux questions et c’était fini ! Merci, au revoir ! » Depuis, le salarié affiche systématiquement sa photo actualisée, « comme ça, pas de mauvaises surprises et c’est un gain de temps dans les recherches d’emploi. D’ailleurs, je conseillerais à tous les candidats avec des tatouages visibles de ne pas chercher à les dissimuler sur leur CV. »

Il se rappelle d’ailleurs d’une recruteuse plutôt honnête qui avait pris le temps de l’appeler, pour lui expliquer le refus de sa candidature. Elle m’avait demandé : « Votre photo est retouchée ou vous avez vraiment des tatouages sur le visage ? Comme j’ai répondu par l’affirmative, elle m’a expliqué que ça ne correspondait pas à la clientèle du magasin. Elle craignait que je fasse peur à ses petites mamies ! »

Un discours que peine d’ailleurs à comprendre le manager : « Les employeurs qui disent craindre de perdre des clients, c’est étrange. Ces derniers ne viennent pas dans un magasin ou un restaurant en fonction de l’apparence des employés, ils sont là avant tout pour le service rendu, peu importe que vous soyez tatoué ou avec les cheveux roses ou bleus. »  Ces exemples de recruteurs réticents ne l'ont, en tout cas, jamais freiné dans sa recherche.

« Je me suis souvent dit qu’il fallait que je sois encore plus exemplaire qu’un autre salarié »

Malgré ces deux anecdotes, David a toujours persévéré : « Je ne suis jamais resté très longtemps sans emploi, peut-être maximum deux ou trois mois. Je postulais dans de nombreuses enseignes de vente ou de restauration. Alors, parfois, c’est difficile, on se prend des refus, mais finalement il faut juste positiver et se dire que vous allez trouver un employeur qui vous acceptera. »

Selon lui, le tatouage se démocratise dans de nombreux secteurs, même dans l’univers du luxe, mais certains métiers orientés vers le service client dans la finance ou la banque restent fermés. « Cependant, il ne faut pas forcément toujours postuler là où vous pensez que l’on vous acceptera. J’ai même réussi à travailler dans un magasin de maroquinerie haut-de-gamme. »

Son conseil ? Miser sur des qualités professionnelles irréprochables. « Je pars du principe qu’il faut être exemplaire dans son emploi. Si vous êtes très compétent, votre apparence ne sera pas un sujet. Seulement, je pense malheureusement qu’il faut se donner plus que quelqu’un qui n’a pas de tatouages, du moins au départ. »

« Aujourd’hui, en tant que recruteur, l’apparence n’est pas un sujet pour moi »

Le professionnalisme de David l’a aidé à gravir les échelons progressivement, au fur et à mesure de ses expériences. Actuellement, il est le manager de 12 salariés dans deux enseignes d’une chaîne de restauration rapide et c’est désormais lui qui recrute : « Je regarde uniquement les compétences ou expériences pour voir si le profil du candidat correspond au poste. En revanche, l’apparence n’a aucune importance, on n’est pas à un défilé de mode donc je ne suis pas là pour juger les tenues ou le style d’une personne ! »

Et, gare aux candidats qui joueraient trop la carte de l’apparence atypique pour tenter de séduire ce recruteur au style particulier. « Je dirais qu’il ne faut pas se justifier par rapport à une apparence atypique. Je n’aime pas trop ceux qui essaient de jouer la carte de la complicité avec moi, en disant d’emblée : « J'ai des tatouages, donc je pense que vous allez bien aimer ». Non, ce n’est pas le sujet, je recrute sur des compétences et je ne vais pas embaucher quelqu’un juste parce qu’il a de super tatouages ! Je recherche un employé compétent et fiable avant tout ! » David souhaiterait simplement que le tatouage ou l’apparence ne soit plus un sujet ni un motif de discrimination dans le monde professionnel.

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