Pourquoi le tatouage reste difficilement accepté en entreprise

Alors qu’un Français sur cinq est tatoué, soit environ 20% de la population, et que la pratique est devenue banale, une étude réalisée par l’EM Normandie montre qu’un milieu résiste encore et toujours à la tendance : le monde de l’entreprise. Le tatouage resterait connoté négativement pour de nombreux recruteurs.

Les candidats tatoués jugés moins sérieux

Peu étudié dans le monde professionnel, le tatouage semble encore susciter des aprioris négatifs de la part des employeurs. C’est ce que révèle une enquête menée par deux professeurs de l’école de commerce, EM Normandie, auprès d’une vingtaine de candidats et de recruteurs tatoués et non tatoués. Parmi les candidats tatoués, tous comptaient entre 1 et 30 tatouages visibles ou non, avec des motifs et des couleurs variés.

Selon les recruteurs, même si le tatouage est socialement accepté aujourd’hui, il serait plus toléré tant qu’il est caché, recouvert par des vêtements. Certains motifs apparaissent aussi rédhibitoires dans certains secteurs, s’ils sont menaçants avec des têtes de morts, des serpents, des chaînes ou des poignards. Dans le secteur de l’audit ou de la banque, les salariés tatoués sont encore victimes de discrimination.

Pour les recruteurs interrogés dans l’étude, « une personne tatouée ne ferait pas sérieuse », serait considérée comme « pas fiable », « pas sérieuse, ni compétente, ni performante » et « moins facilement recommandable à un client ». Les stéréotypes sont donc encore tenaces en entreprise.

Le tatouage dérange lorsqu’il est visible

« C’est dommage d’en arriver à se dire qu’il faut que je cache une partie de mon identité parce que derrière il peut y avoir des conséquences », confie aux deux chercheurs, un recruteur tatoué qui travaille dans le domaine de l’industrie. L’étude souligne que « les personnes tatouées vivent une véritable dissonance cognitive et émotionnelle qui peut avoir des conséquences sur leur satisfaction ou leur engagement au travail ».

Dans leur quotidien de travail, ces salariés se demandent s’ils « peuvent montrer ou non leurs tatouages, et si oui à quel moment, avant ou après la période d’essai, avec leurs collègues, leurs responsables ou les clients. »

Afin d’améliorer l’inclusion de tous les salariés au sein des entreprises, les chercheurs de l’EM Normandie invitent les employeurs à engager une réflexion sur les tatouages pour leurs collaborateurs. Ils invitent ainsi tous les salariés concernés à participer à une nouvelle enquête afin de mieux cerner les discriminations sur le sujet. Pour rappel, toute discrimination liée à l’apparence physique est interdite par la loi.

Cacher ou ne pas cacher son tatouage au travail, comment savoir ?

Vos tatouages, comme tout ce qui concerne votre apparence physique ne regarde que vous, donc il n’appartient qu’à vous d’en parler ou non en tant que candidat ou en tant que salarié. S’ils sont visibles et qu’ils font partie intégrante de votre histoire, il sera de toute façon, compliqué de les dissimuler en entretien. David, salarié avec de nombreux tatouages sur le visage, conseille de mettre une photo actualisée sur son CV afin d’éviter les mauvaises surprises, côté recruteur et les pertes de temps, côté candidat. Vous vous orienterez ainsi directement vers les entreprises qui vous acceptent tel que vous êtes.

Si vous avez un tatouage qui peut se dissimuler facilement sous les vêtements mais que le poste nécessite une tenue particulière ou un contact régulier avec des clients, il peut être nécessaire d’en parler avec votre manager, une fois en poste. Vous saurez ainsi l’attitude à adopter et vous vous sentirez plus à l’aise en ayant le point de vue de votre N+1 sur la question. Evidemment, rien ne vous oblige non plus à en parler, si vous observez que d’autres collègues sont tatoués et que ce n’est donc pas un sujet au sein de votre entreprise ! C’est d’ailleurs, tout ce qu’on vous souhaite !

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