Donner un surnom à ses collègues : bonne ou mauvaise idée ?

« Cécé » pour Célia, « Juju » pour Julian, « Steph » pour Stéphanie, « Doudou » pour Thomas… Avez-vous déjà entendu certains de vos collègues donner des diminutifs, ou d’autres pseudonymes plus ou moins flatteurs, à un membre de votre équipe, ou à l’un de vos supérieurs hiérarchiques ? Il est vrai qu’à force de les fréquenter, on peut être tenté d’oser ces familiarités, même si les relations professionnelles impliquent de la distance.

En France, la coutume tend à disparaitre, mais aux Etats-Unis près de neuf adultes américains sur dix ont déjà été appelés par un surnom au travail, ou entendu quelqu’un d’autre être appelé par un surnom. Mais quels effets ces surnoms peuvent-ils avoir sur les salariés ? La revue Harvard Business Review s’est penchée sur le sujet dans une étude, publiée fin octobre 2024.

Les surnoms : un indice du bien-être des salariés

La conclusion ? Qu’ils soient mignons ou pas, les surnoms auraient une influence sur notre bien-être et notre état d’esprit au travail, et seraient plus ou moins bien perçus selon la personne qui le prononce.

Pour en venir à ce résultat, les chercheurs en communication Zhe Zhand et Shuili Du ont interrogé 1100 adultes américains. Ils leur ont posé différentes questions sur leur perception de l’entreprise, « conçues pour évaluer à quel point les salariés se sentent psychologiquement en sécurité, puissants et respectés sur leur lieu de travail » en fonction de l’emploi des surnoms.

Une familiarité souvent mal perçue, lorsque prononcée par un supérieur

Si dans la sphère personnelle les surnoms « sont un bon moyen de consolider les relations », dans le travail la situation est un peu différente. On aurait tendance à penser qu’ils peuvent détendre l’ambiance, ou rendre convivial les relations au travail. Mais ce n’est pas toujours le cas.

En effet, les résultats de l’étude ont démontré que le fait d’être surnommé par son supérieur hiérarchique était souvent vécu comme dévalorisant.  « Les participants, à qui l’on a dit que leur patron appelait un employé par un surnom, se sentent psychologiquement moins en sécurité, moins puissants et moins respectés au travail que ceux à qui l’on avait dit que leur patron appelait un employé par son nom officiel ». Autrement dit, lorsque ce sont les managers, qui donnent des surnoms à leurs subordonnés, même si celui-ci est bien intentionné, les collaborateurs perçoivent cette familiarité davantage comme une comme un manque de respect, ou « d’abus de pouvoir ». Ce sentiment leur ferait perdre confiance en leur travail.

Un surnom pour son manager : une bonne idée ?

Mais l’inverse n’est pas vrai ! En appelant leur manager par un surnom, les salariés se sentent, au contraire, « plus confiants et respectés », d’après l’étude. Les chercheurs expliquent que les supérieurs hiérarchiques gagnent à être surnommés de leurs équipes, si ce surnom est gentil bien évidemment. Cette pratique rendrait « l’environnement de travail plus égalitaire et plus inclusif » et instaurerait une relation de proximité entre un manager et son managé.

Dans tous les cas, évitez les surnoms désobligeants !

Il va de soi que les surnoms méchants, désobligeants, sexistes, ou moqueurs sont à proscrire. Leur usage peut d’ailleurs, avoir un effet néfaste non seulement sur la personne visée, mais aussi sur le reste de l’équipe. Par ailleurs, ils peuvent aussi donner lieu à des poursuites judiciaires. Le mieux est encore de demander à la personne concernée ce qu’elle pense du surnom, concluent les auteurs.