Pourquoi on a tort de valoriser les dirigeants ou salariés qui dorment peu

Vous en avez forcément entendu parler à travers des bruits de couloir, voire des réflexions de collègues un peu envieux. Chaque entreprise compte un ou plusieurs « bourreaux de travail », des salariés au sommeil léger, capables de répondre à des mails ou de s’atteler à un dossier au beau milieu de la nuit, et qui suscitent souvent l’admiration de leurs pairs mais rarement l’inquiétude. Certains dirigeants politiques ou économiques sont d’ailleurs connus pour leurs capacités à dormir peu, ce qui n’est pas forcément l’assurance d’un travail plus efficace, surtout qu’il se fait parfois au détriment de la santé. Aussi, de nombreux scientifiques incitent les Français à, tout simplement, dormir plus.

Une glorification du manque de sommeil dans le monde professionnel

Tout comme Gabriel Attal ou Emmanuel Macron, il n’est pas rare que de nombreux dirigeants ou managers se targuent de nuits courtes, de moins de six heures par nuit ou d’une productivité à toute épreuve qui se fait au détriment du repos quotidien nécessaire.

Un constat alarmant selon l’écrivain et philosophe, Gaspard Koening qui s’en était ému dans les colonnes des Echos en janvier dernier : « les patrons jouent à qui partira le dernier du bureau ; le « nez dans le guidon », ils perdent toute culture générale comme tout sens commun. Les startupeurs sont parvenus à imposer le symptôme d’« insomnie entrepreneuriale ». Le moindre cadre ou consultant s'enorgueillit d'être constamment « sous l'eau » : les décideurs se noient. Tout ce workaholisme, si valorisé socialement, est improductif et malsain ».

Les Français dorment de moins en moins longtemps

Ce modèle des nuits écourtées semble pourtant se généraliser à toute la population française. En moyenne, la durée de sommeil est de 6H42 par nuit pendant la semaine, soit 15 minutes de moins que l’an dernier, selon l’Institut du sommeil et de la vigilance. En cinquante ans, les Français auraient perdu environ 1h30 de sommeil par nuit.

Mais que font-ils de mieux que de se coucher et de rêver ? Eh bien ils regardent des écrans. Nos modes de vie sont désormais ultra-connectés, et il est tentant de répondre à des messages professionnels, en dehors de son temps de travail, donc jusqu’à tard dans la soirée, ou d’enchaîner les épisodes de séries sur les plateformes de vidéo à la demande.

Ces comportements alarment les professionnels de santé qui pointent les nombreux risques d’un manque de sommeil sur la santé comme l’augmentation des maladies cardiovasculaires sur le long terme. Sur un temps plus court, les nuits blanches peuvent directement impacter la concentration et augmenter l’irritabilité dans la journée. Ces nuits courtes peuvent aussi entraîner des pertes de mémoire et altérer la faculté à prendre des décisions.

Leur recommandation ? Faites la sieste si vous dormez peu la nuit ! Une habitude de plus en plus ancrée dans le quotidien des Français qui la pratiquent au moins une fois par semaine. Et si vous suggériez cette pratique à ce fameux « bourreau de travail » ? Parce qu’après tout, vous êtes soucieux de sa bonne santé physique et mentale !

Des nuits courtes ne garantissent pas forcément la réussite professionnelle

Pourtant, vous pouvez dormir plus longtemps sans craindre d’être écarté d’une promotion. Une étude britannique parue en 2015 et relayée à l'époque par le Parisien, avait analysé le sommeil d’une vingtaine de personnalités « avec des hautes responsabilités», citant notamment Bill Gates, Barack Obama ou encore Jeff Bezos et va à l’encontre de certaines idées reçues.

Le résultat montre que les responsables politiques ou économiques à l’échelle internationale dorment en moyenne 6h30 par nuit, soit à peu près la moyenne française. 27% d’entre eux font même des nuits comptant près de 7 à 8h de sommeil, ce qui est la durée préconisée par les professionnels de santé.

Ce n’est donc pas parce que vous resterez éveillé que vous réussirez forcément mieux. En revanche, l’étude montre que la plupart des dirigeants aiment les réveils très matinaux, restant fidèle à l’adage : « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. » Et, si la clef de la réussite et de l’équilibre professionnel, c’était surtout de se coucher tôt pour profiter d’une longue nuit avant le lever du soleil ? Allez, promis, cette nuit vous essayerez de vous coucher avant minuit !

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