« La semaine en 4 jours » dans tous les ministères, ça peut marcher ?

La semaine de 4 jours ou la semaine en 4 jours ? Le Premier ministre Gabriel Attal a tranché la question hier, lors de son discours de politique générale, devant l’Assemblée nationale. Il a demandé à ses ministres, « d’expérimenter la semaine en 4 jours, sans réduction du temps de travail ». Une conception différente de la semaine de 4 jours proposée par quelques entreprises françaises ou dans d’autres pays européens, avec un temps de travail hebdomadaire réduit.

Qu’est-ce que la semaine en 4 jours souhaitée par le Premier ministre ?

Il s’agit d’une réduction du nombre de jours travaillés sur la semaine, mais sans réduction de temps de travail. Ce qui veut dire, par exemple, que si vous faites 35h par semaine, vous les ferez sur un temps de travail plus condensé, avec des journées d’environ 9h au lieu de 7h, mais vous obtiendrez un jour de congé en plus de votre week-end habituel, par exemple le vendredi ou le mercredi.

« Je veux que désormais, dans l’Etat, les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent puissent travailler aux mêmes horaires que tout le monde, c’est-à-dire aux horaires de bureau », a déclaré le chef du gouvernement.

La semaine en 4 jours proposée par le Premier ministre ne repose pas forcément sur le même fonctionnement que la semaine de 4 jours qui a tant suscité de débats l’an dernier. En fait, sur cette question de la réduction du temps de travail, deux visions s’opposent : certains employeurs optent pour une semaine raccourcie sur quatre jours, avec un temps de travail réduit à 32h sans baisse de salaire, quand d’autres mettent en place des journées plus longues pour gagner un jour de congé supplémentaire.

En Europe, des pays comme la Belgique ou l’Espagne ont aussi lancé des dispositifs de semaine de 4 jours. Du côté de nos voisins belges, l’engouement ne s’est pas fait sentir. Les travailleurs avaient le choix d’opter pour une semaine de 38 heures raccourcie, mais la plupart sont restés sur un rythme de cinq jours. De l’autre côté des Pyrénées, les retours d’expérience sont contrastés. La ville de Valence l’a expérimentée pendant un mois, au printemps dernier, et si l’expérience était satisfaisante pour le bien-être des salariés, elle s’est révélée décevante concernant l’activité économique.

Peut-elle vraiment marcher cette semaine en 4 jours ?

Des exemples de réussite dans certaines TPE ou PME

De nombreuses entreprises privées, principalement des petites sociétés dans l’industrie ou l’artisanat, l’ont mise en place actuellement en France, dans le but d’attirer de nouveaux candidats ou de fidéliser leurs salariés actuels, dans des secteurs où le télétravail n’est pas possible.

Dans la semaine en 4 jours, les journées sont souvent allongées d’une heure quarante cinq minutes par jour, ce qui oblige les salariés à venir plus tôt et finir plus tard, tout en écourtant leurs temps de pause déjeuner. Une semaine raccourcie sans réduction de temps de travail qui ne convient pas forcément à tout le monde, principalement ceux qui ont des contraintes de garde d’enfants ou des temps de trajet longs entre leur domicile et leur travail.

Un bilan mitigé dans les collectivités et administrations publiques

Du côté de la fonction publique, plusieurs expérimentations ont été lancées l’an dernier du côté des collectivités locales. Par exemple, à la métropole de Lyon, 4 500 agents pouvaient intégrer ce dispositif de façon volontaire, depuis le mois de septembre.

Quatre formules étaient proposées : la première de 35 heures en 4 jours, avec des journées plus longues de 8h à 17h30 et 45 minutes de pause déjeuner, la deuxième de 36 heures en quatre jours, pour générer 4 RTT et demie par an, la troisième de quatre jours et demi avec 5 RTT et, enfin, la quatrième formule proposait d’alterner semaine de cinq jours et de quatre jours pour simplifier la vie des parents en garde alternée.

Près de 300 salariés se sont portés volontaires et les premiers résultats semblent satisfaisants au mois de janvier, selon le magazine Challenges qui a pu les consulter. 58% des salariés préfèrent la semaine de quatre jours en 36 heures qui laisse la possibilité d’obtenir des RTT en plus du jour de congé supplémentaire par semaine et 64,5% d’entre eux ont choisi le vendredi plutôt que le mercredi ou le lundi. Un bilan global de l’expérience sera effectué avant l’été afin de voir si la collectivité maintient le dispositif.

En revanche, l’expérience n’a pas été concluante du côté de l’Urssaf Picardie. Seuls 3 agents sur 200 se sont portés candidats au modèle retenu : une semaine raccourcie de 36h. Ce qui impliquait des journées de travail plus longues, avec une charge de travail condensée, et pas forcément compatibles avec des contraintes personnelles.

Aussi, la semaine en 4 jours ou de 4 jours mérite avant tout une réflexion des employeurs et une concertation globale des salariés concernant l’optimisation de la productivité de l’entreprise mais surtout, le bien-être de tous.

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