Pourquoi les salariés trentenaires ont plutôt bien vécu la crise sanitaire

Vous aviez entre 30 et 39 ans pendant la crise sanitaire ? Cet article parle de vous. Souvent considérés comme le « noyau dur » de la population active, les salariés trentenaires ont été frappés par la crise sanitaire alors qu’ils étaient la plupart du temps en pleine phase d’ascension dans leur carrière.

Une enquête du Céreq (centre d’études et de recherches sur les qualifications) lève le voile sur les conséquences de la crise sanitaire pour ces jeunes salariés confrontés à des questions d’articulation entre leur vie privée et leur travail. La trentaine étant à la fois une période riche en opportunités professionnelles et en évènements de vie personnelle (naissance d’enfants par exemple).

Retranchés chez eux alors qu’ils vivent majoritairement en couple, avec des enfants (pour près de la moitié), le Covid leur a surtout permis de prendre conscience de la nécessité de mieux équilibrer leur vie pro et leur vie perso. Les hommes notamment ont davantage modifié leurs habitudes de travail pour s’occuper des enfants pendant cette période.

Une différence entre les trentenaires en emploi stable et ceux en contrat plus précaire

90% des salariés trentenaires étaient en emploi à la veille de la crise. Parmi eux, les actifs en CDI, fonctionnaires ou indépendants semblent avoir mieux résisté à la crise sanitaire. Plus de 86% d’entre eux ont conservé le même emploi entre 2020 et 2021. Selon l’enquête, cette stabilité peut s’expliquer par la mise en place de nombreuses aides et dispositifs de l’Etat pour éviter les répercussions négatives sur l’emploi et les revenus.

La situation est plus contrastée du côté des indépendants. Les auto-entrepreneurs semblent « avoir pâti du contexte économique avec beaucoup plus d’interruptions d’activité », souligne l’étude.

En revanche, les trentenaires avec des contrats temporaires et ceux arrivés récemment dans une entreprise ont davantage été affectés par la crise sanitaire. D’après l’étude, les licenciements ou ruptures de contrat ont concerné quatre fois plus de salariés en contrat temporaire que ceux en CDI.

Une recherche d’emploi difficile voire impossible pendant la crise sanitaire

« Plus de la moitié des individus en recherche d’emploi à l’aube de la crise sanitaire (54 %), et davantage les femmes (57 %) que les hommes (52 %) déclarent ne pas avoir travaillé du tout jusqu’en mai 2021, tandis que seuls 18 % d’entre eux sont parvenus à travailler plus de six mois dans l’intervalle », note l’enquête.

Pour sortir du chômage, le niveau de diplôme a été plus déterminant que d’habitude : 64 % des diplômés de l’enseignement supérieur sont de retour dans l’emploi, contre seulement 28 % des individus diplômés au mieux d’un baccalauréat. Ces mêmes mesures étaient beaucoup plus ténues lorsqu’elles avaient été réalisées entre 2007 et 2008.

« Une période de crise aigüe telle celle liée au Covid, en provoquant le retour de tensions sur le marché du travail, réactive les inégalités liées aux diplômes dans l’accès à l’emploi » éclaire l’enquête. « Les plus affectés sur cette période ont été les laissés-pour-compte des mesures de sauvegarde de l’emploi : les personnes en recherche d’emploi, les actifs en contrat temporaire, les moins diplômés et les femmes ».

Le télétravail comme prise de conscience surtout chez les hommes trentenaires

38% des trentenaires sondés ont connu une situation de télétravail imposé, principalement les cadres (quatre sur cinq contre un sur vingt pour les ouvriers). Les pères ont aussi pratiqué plus le télétravail. « Les contraintes familiales résultant de la fermeture des écoles ont ainsi uniquement influé sur les comportements de télétravail masculins. »

L’enquête montre que le fait d’être parent pendant la crise sanitaire a davantage modifié le comportement des hommes trentenaires. « Ce constat peut notamment s’expliquer par la nécessité d’un partage plus équilibré des tâches parentales et domestiques au sein des couples, notamment lorsque les compagnes exerçaient en présentiel des métiers du front » conclut l’étude.

En effet, parmi les blouses blanches et le personnel qui affrontaient le Covid-19 au quotidien, on retrouvait principalement des femmes. On compte 88% de femmes chez les infirmiers. Ainsi, les hommes cadres ou employés en télétravail imposé se sont retrouvés à s’occuper des enfants à la maison, pendant que leurs femmes travaillaient au contact du public : dans les supermarchés, les EPHADS, les pharmacies ou les hôpitaux. Une situation inédite dans l’Histoire !

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