Voici à partir de quel salaire les Français se disent satisfaits dans la vie (et ce n'est pas si élevé)

L’argent fait-il le bonheur ? Sempiternelle question… à laquelle on répondra souvent différemment que l’on soit riche ou non. Une tarte à la crème que l’on croise aussi bien au bac de philo qu’au bar du coin (et il n’y a parfois qu’un pas de l’un à l’autre).

Mais cette question, qui n’en reste pas moins pertinente, est aussi le titre d’une récente étude de l’Insee, dirigée par l’ancien député socialiste Jean-Marc Germain et intitulée « Bien-être ressenti et revenu : l’argent fait-il le bonheur ? »

Des Français peu gourmands

Au travers de cinq enquêtes, l’étude de l’Insee met en évidence l’existence d’un seuil de satiété en matière de rémunération. En clair, notre satisfaction dans la vie augmente proportionnellement à notre revenu jusqu’à une certaine somme. Au-delà, gagner plus tous les mois ne change plus grand-chose.

Et ce seuil varie selon les pays ! Le seuil de satisfaction d’un français célibataire et sans enfants se situerait ainsi à 30 000 euros nets annuels. Le « salaire du bonheur » en quelque sorte… qui n’apparait pas si élevé à première vue. C’est d’ailleurs le seuil le plus bas des tous les pays observés : 40 000 euros en Allemagne, 45 000 euros au Royaume-Uni, 60 000 euros en Australie et 80 000 euros aux Etats-Unis.

Mais l’étude met en évidence un autre fait très intéressant. En distinguant la satisfaction globale dans la vie du bien-être ressenti par une personne, les seuils ne sont plus les mêmes…

De la différence entre le bien-être et la satisfaction

En effet, la sensation de satiété semble plus prononcée en matière de bien-être qu’en termes de satisfaction globale. Le seuil spécifique du bien-être ressenti est ainsi plus bas dans la plupart des pays : entre 25 000 euros et 30 000 euros (sauf aux Etats-Unis, où les deux sont parfaitement alignés). En France, on peut donc ressentir un certain bien-être dès qu’on perçoit entre 25 000 euros et 30 000 euros de revenus, mais on ne se dit satisfait dans la vie qu’à partir de 30 000 euros. C’est encore plus flagrant au Royaume-Uni ou en Australie, où les seuils de satisfaction sont largement supérieurs aux seuils de bien-être (de 25 000 et 30 000 euros chacun) !

Conclusion ? Une vie heureuse et épanouie ne dépend que partiellement de notre revenu. Notre bien-être dépend aussi de notre santé, de notre environnement, de nos relations sociales, etc. L’argent ne ferait donc pas le bonheur, en tout cas pas sur tous les aspects de la vie…

Les Australiens l’ont bien compris puisqu’ils associent les gains salariaux à une plus grande satisfaction liée à la santé et au travail, mais à une moindre satisfaction en matière de temps libre et de loisirs. D’ailleurs, lorsque leur rémunération passe sous la barre des 60 000 euros, leur satisfaction diminue mais reste largement positive. Preuve qu’ils y voient probablement d’autres avantages.

En France, on observe à l’inverse une nette détérioration de la satisfaction à la moindre baisse de revenu. D’ailleurs, l’impact négatif d’une baisse semble plus puissant que l’impact positif en cas de hausse (le fameux pessimisme hexagonal ?). Comme explication, l’Insee avance des facteurs aggravants, qui font qu’une baisse de salaire sous les 30 000 euros est d’autant plus difficile à supporter pour un Français : le chômage, l’insécurité et le stress au travail. Là aussi, l’argent n’est qu’un élément parmi tant d’autres…