Licenciée après une vidéo TikTok... Peut-on divulguer son salaire sur les réseaux sociaux ?

Une jeune américaine a perdu son emploi après avoir publié une vidéo dans laquelle elle révèle son augmentation de salaire. Est-ce possible en France ?

"TikTok m’a coûté mon job"

En juin dernier, Lexi Larson souhaite partager une bonne nouvelle auprès de ses milliers d’abonnés : elle vient de trouver un nouveau travail avec une belle augmentation de salaire à la clé. Employée d’une agence de marketing où elle gagne 70 000 dollars par an, elle a décroché un nouvel emploi dans l’industrie technologique pour 90 000 dollars par an. Dans les jours qui suivent, elle publie plusieurs vidéos où elle évoque ses habitudes de vie à Denver, son nouveau salaire, comment elle a décroché le job, etc.

@itslexilarson How much my paychecks increased when I went from $70k to $90k per year #paycheckbreakdown #salarytransparency #paytransparency ♬ all i need - 🎧

Mais son nouvel employeur ne tarde pas à découvrir son compte TikTok… et n’apprécie pas du tout le fait qu’elle ait dévoilé son salaire. Lexi Larson efface certaines vidéos pour apaiser la situation, sans succès. L’une de ses vidéos a-t-elle violé des mesures de sécurité ? Non selon ses supérieurs, qui lui expliquent néanmoins ne pas vouloir courir ce risque à l’avenir.

@itslexilarson Apply using the link in my bio! Deadline is coming up soon! #tech #jobs #careers #startups #business #techtoktips ♬ Sunny Day - Ted Fresco

Ils décident finalement de la licencier quelques jours après : « Ils m’ont dit que mon compte était un problème de sécurité car je pouvais poster quelque chose de privé (…) TikTok m’a coûté mon job. »

La jeune femme, qui a depuis retrouvé un emploi auprès de son ancien employeur, n’avait pourtant rien fait d’illégal. Selon le National Labor Relations Act, chaque Américain a le droit de discuter et d’évoquer son salaire librement.

Peut-on évoquer son salaire sans crainte sur les réseaux sociaux en France ?

En France, la liberté d’expression est une liberté publique fondamentale protégée par la Constitution qui vous autorise en principe à dire tout ce que vous souhaitez sur les réseaux sociaux, y compris à propos de votre salaire ou de votre entreprise. Conditions de travail, organisation, fonctionnement… vous êtes libre de vous exprimer sans réserve et vous ne pouvez pas être sanctionné par votre employeur pour cela. Sauf, en cas d’abus !

En premier lieu, un salarié a une obligation de discrétion et de loyauté envers son entreprise. Par exemple, il ne doit pas divulguer d’informations confidentielles. Mais sauf dans de très rares cas - et si vous avez signé une clause de confidentialité à propos de votre rémunération - votre salaire n’est pas a priori une information confidentielle.

Deuxièmement, un salarié pourrait faire un usage abusif de sa liberté d’expression. Par exemple, vous avez le droit de critiquer votre employeur sur les réseaux sociaux mais pas de le dénigrer, de le diffamer ou de lui porter préjudice (idem si vous critiquez l’un de vos collègues). La justice peut-elle considérer que dévoiler son salaire sur les réseaux sociaux est un abus de liberté d’expression ? Cela dépend du contexte, mais probablement non dans la majeure partie des cas.

Méfiez-vous de votre usage des réseaux sociaux dans le cadre pro

En 2019, une étude de McAfee révélait que 18% des Français craignaient de perdre leur emploi à cause des réseaux sociaux, soit près d’un sur cinq. L’histoire de Lexi Larson, qui n’avait pas enfreint la loi, ne risque pas de faire baisser cette appréhension.

De plus en plus de célébrités sont confrontées à des anciennes publications qui remontent à la surface et influencent négativement leur carrière… Toujours selon McAfee, 15% de Français connaissent quelqu’un dont la carrière a été impactée négativement par les réseaux sociaux.

Face à cette problématique, mieux vaut prévenir plutôt que guérir. Ne publiez jamais rien que vous pourriez regretter et réfléchissez à deux fois avant de publier quoi que ce soit sur votre entreprise.

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