Pierre, responsable d’agence comptable : « J’ai repris mes études à 24 ans, alors qu’on me disait que c’était trop risqué ! »

Pierre Guy le souligne lui-même, son parcours professionnel relève de l’atypique et, aujourd’hui encore, il exerce ses fonctions de responsable d’agence dans un contexte particulier. En parallèle, il est, en effet, expert-comptable mémorialiste. Retour, avec lui, sur ce qu’il l’a mené à la comptabilité et sa mission de manager.

Après des années lycées « pas super simples », Pierre ne décroche pas son bac. Il intègre alors une formation privée en communication ne nécessitant pas ce diplôme. « A la suite de cela, j’ai enchaîné des jobs alimentaires et des missions en communication. Je faisais aussi du rap de manière un peu professionnelle, avec une équipe. Tout cela m’a permis de ‘vivoter’ un temps, avant de me rendre compte que ce n’étaient pas forcément des projets d’avenir », raconte-t-il.

Plutôt bon en mathématiques et à la recherche d’une carrière stable, Pierre reprend ses études et passe son bac scientifique avec l’Université de Nantes, à 24 ans. « C’est ce qui m’a permis d’intégrer une licence de comptabilité en apprentissage dans un CFA. J’ai ensuite obtenu un DSCG (diplôme supérieur de comptabilité et de gestion), toujours en alternance, dans un cabinet d’expertise-comptable », continue-t-il. Se pose ensuite la question de passer son diplôme d’expert-comptable (DEC). « J’avais eu vent de stéréotypes assez marqués sur ce métier et j’avais peur de passer ma vie à faire des bilans comptables. Or, j’ai eu la chance de rencontrer des experts-comptables amoureux de leur métier et qui m’ont expliqué en quoi consiste leur quotidien. J’ai découvert un métier qui était fait de relationnel, d’échanges et de recherche de solutions », explique-t-il.

Une fonction aux multiples casquettes

En 2021, Pierre rejoint l’agence TGS France d’Ancenis (Loire-Atlantique), à la recherche d’un « jeune qui visait le DEC pour devenir responsable d’agence ». Une situation peu commune dans la profession ! « En général, les managers et les responsables d’agence sont déjà diplômés. Aujourd’hui, je chapeaute une équipe de six personnes », appuie-t-il.

Un rôle aux aspects multiples qu’il conjugue, au quotidien, à l’investissement pour son diplôme de niveau doctorat. « J’ai tout d’abord une casquette RH de gestion et de management des équipes. J’ai aussi des missions commerciales, c’est-à-dire de développement de l’agence avec la rencontre de prospects et l’accompagnement des clients sur des projets de développement. J’ai également une casquette technique, avec la supervision des dossiers. Et je suis là pour conseiller les clients : j’interviens une fois le bilan réalisé par les équipes sur la présentation, l’analyse et pour donner des pistes de solution en cas de problèmes. Enfin, j’ai un rôle de représentativité du cabinet dans les différents réseaux de partenaires et professionnels du territoire », liste Pierre.

« Les équipes de TGS France m’ont vraiment accompagné »

En complément, le manager travaille depuis bientôt trois ans à son DEC qu’il terminera en décembre : « Nous avons régulièrement des formations en e-learning d’une journée suivies d’une journée en présentiel pour échanger. En plus de cela, nous réalisons des rapports semestriels et on se prépare à passer nos épreuves. »

Pour ce faire, le futur expert-comptable a été accompagné par TGS France. « C’est une entreprise dans laquelle l’accent est mis sur la formation. Quand je me suis positionné, l’offre était ouverte aux stagiaires donc je me suis senti à ma place. Pourtant, je n’avais pas encore d’expérience de management. Au départ, tout s’est joué sur l’humain ! » Lors de son entretien, les doutes de Pierre sont rapidement effacés. « On m’a rassuré sur le poste et le métier d’expert-comptable, en m’expliquant que je n’allais pas rester enfermé dans mon bureau, que j’allais rencontrer beaucoup de monde et qu’il fallait avoir envie d’aider les autres. Je me suis retrouvé dans cette description ! » indique-t-il. Pierre se lance donc alors qu’il a à peine 30 ans : « Je l’ai vu comme un challenge et les équipes de TGS France m’ont vraiment accompagné ! »

« En tant que jeune manager, on cherche à avoir un impact »

Trois ans plus tard, son plus gros défi ? « Jongler avec toutes ces casquettes ! Cependant, je suis fier d'avoir réussi à atténuer l'impact de mon âge auprès des chefs d'entreprise. Ce n’est pourtant pas évident, en termes de posture et de crédibilité, de se présenter comme responsable d’agence à tout juste 30 ans », raconte Pierre, qui se félicite de certaines belles réussites. « Dans le cadre de réorganisations de groupes, des clients m’ont suivi et écouté dans mes analyses et suggestions. C’est très agréable quand on sort de rendez-vous et qu’on vous remercie en vous disant : « Vous avez réussi à rendre accessible des notions de base très compliquées ». C’est d’ailleurs comme cela que je vois mon métier, c’est-à-dire ramener des notions complexes vers un langage de tous les jours. »

Sur son rôle de manager, Pierre estime qu’il doit « être rigoureux, avoir un attrait pour la discussion et être chercheur de solutions pour son équipe. » Un équilibre « dur à trouver » selon le responsable d’agence, en particulier pour un jeune manager. « On a tendance à vouloir prouver que notre place est légitime et à accepter beaucoup de sujets, être très volontaire. On cherche à avoir un impact mais on peut vite se laisser déborder. Notre rôle est donc de veiller à cet équilibre en prenant soin de ses équipes mais aussi en apprenant à déléguer efficacement, pour notre propre santé mentale », insiste-t-il.

« Un métier de plus en plus relationnel »

Par son rôle et son futur diplôme, Pierre est enthousiaste à l’idée de faire évoluer le secteur de la comptabilité. « Quand je suis arrivé dans ce domaine, on était déjà sur des logiques de dématérialisation. Mon sujet de mémoire est d’ailleurs une réflexion sur les données que nous embrassons au quotidien et comment elles peuvent nous aider sur la définition de nos missions et des coûts », commente-t-il.

Sa vision ? « Vouloir vraiment aider les chefs d’entreprise. Aujourd’hui, on est ‘prisonniers’ de la production et de la nécessité de rédiger des bilans, de traiter du papier. Dès 2026, avec l’automatisation, on va connaître une nouvelle accélération et nous n’aurons peut-être même plus de saisie à faire. On récupérera des données, on les intégrera, les challengera et les vérifiera évidemment, car tout outil peut commettre des erreurs. Mais on sera de plus en plus dans un métier relationnel pour lequel il faudra faire comprendre aux chefs d’entreprise ce qu’il se passe au travers de ces chiffres. On s’éloignera de la production, ce qui implique de réfléchir à des missions complémentaires et des postes intéressants pour nos collaborateurs déjà en place. Une personne qui se lance dans la comptabilité aujourd’hui doit avoir certains prérequis qui n’étaient peut-être pas nécessaires avant », analyse-t-il.

Aux futurs candidats, Pierre conseille d’oser se lancer. « Il faut se créer ses propres opportunités et savoir aller toquer aux portes. Il ne faut pas non plus se brider ! J’ai repris mes études à 24 ans alors qu’on me disait que c’était trop risqué. J’ai finalement été pragmatique en me disant que je pouvais être bon dans ce domaine et je me suis donné les moyens d’y arriver ! » conclut-t-il.