Relations amoureuses au travail : "Si c’était à refaire, je le referais à l’identique"
Gloria est sortie pendant deux ans avec son collègue, et comme toutes les histoires d'amour, celles au travail finissent mal. Elle nous raconte.

En France, près d’un salarié sur deux (46%) dit avoir déjà eu une relation amoureuse au travail*. Pas si étonnant quand on sait qu’on y passe environ les deux tiers de notre vie éveillée. Des liaisons au goût d’interdit (c’est d’ailleurs illégal aux États-Unis, à moins de le déclarer à son employeur) qui débouchent très souvent sur des histoires sérieuses : 86% ! Et parfois sur des ruptures, pour 40% d’entre elles. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à **Gloria, qui pendant deux ans a entretenu une relation avec l’un de ses collègues. Entre excitation du début, double, voire triple vie, petits mensonges, gros subterfuges et problèmes pro qui s’invitent dans la vie privée, elle témoigne :
"Je suis restée cinq ans dans une boîte de conseil en tant que consultante, dont deux en relation plus ou moins officielle avec **Victor, mon collègue. Il était un cran au-dessus de moi hiérarchiquement, mais il ne me donnait pas d’ordres directs ! Cela dit, on travaillait ensemble tous les jours, on devait collaborer pour animer des ateliers, faire des présentations aux clients, etc... Donc bien avant de sortir ensemble, on a d’abord lié une relation professionnelle, et surtout amicale, très fluide.
Tellement fluide qu’on nous a mis sur un projet de plus grande envergure que d’habitude, et notre collaboration s’est faite de plus en plus étroite et régulière, avec des journées voire des soirées à travailler ensemble. C’est à ce moment-là qu’on a appris à se connaître, et qu’on a commencé à aller boire des verres, aller à des concerts et même à faire des week-ends ensemble… C’est finalement après une soirée entre collègues que notre relation a basculé du côté amoureux.
Étant donné qu’on était en couple chacun de notre côté à ce moment-là, on s’est dit que c’était un écart à ne pas reproduire, qu’on allait prendre sur nous… Sauf qu’on se voyait tous les jours. Inévitablement, on a recommencé à entretenir cette relation amoureuse extra-conjugale. Dans un premier temps ça n’a pas affecté notre relation professionnelle, je dirais même que cette complicité a rendu notre duo plus productif.
Après un an à vivre cette double, voire triple vie, mon amant-collègue me demande de choisir entre lui et mon copain de l’époque : c’est à ce moment-là qu’on décide d’officialiser notre relation… Mais en dehors du travail. Pour ne pas créer d’histoire et parce qu’on avait des supérieurs en commun, on a décidé de garder ça pour nous. Ce qui a commencé à devenir compliqué puisque très vite, on a emménagé ensemble !
Il y a évidemment eu pas mal de petits mensonges et de subterfuges pour ne pas éveiller les soupçons de nos collègues et de l’entreprise. Par exemple, il a fallu qu’on renseigne deux adresses différentes auprès des RH pour que personne ne sache qu’on vivait sous le même toit. On arrivait en décalé au bureau, jamais à la même heure, il arrivait à vélo et moi en scooter. On déjeunait ensemble mais en prenant soin de partir quelques minutes avant ou après l’autre, pour ne pas éveiller les soupçons. Une fois, on rentre ensemble d’un afterwork, un collègue saute dans notre taxi : on a dû demander à se faire déposer à deux endroits différents, Victor a juste donné une adresse au hasard pour pouvoir sortir avant moi ! Des exemples comme ça, j’en ai plein. Ce jeu de rôles est, disons-le, assez marrant au début, mais devient vite usant, et le secret va progressivement être de plus en plus compliqué à tenir au sein de l’équipe. On décide finalement de mettre quelques collègues “proches” dans la confidence, et de garder le statu quo pour le reste de la boîte.
Un jour, j’appelle par erreur un des dirigeants de l’entreprise, un pocket call qui aurait dû passer inaperçu. Manque de bol : à ce moment précis, Victor et moi sommes dans notre salon, en train de planifier nos prochaines vacances. L’intercepteur de l’appel reconnaît la voix de Victor, comprend ce qui se passe au bout du fil, et notre secret commence tout doucement à s’ébruiter dans l’entreprise.
Malgré tout, les choses suivent leur cours… Jusqu’au jour où Victor se retrouve accusé de harcèlement moral envers plusieurs collaborateurs de la boîte. C’est là que notre double-identité prend une tournure différente : je me retrouve malgré moi à une place très inconfortable, coincée au milieu de ces allégations et de l’accusé, qui est à la fois mon collègue, mon copain et la personne avec qui je vis désormais. Mon premier réflexe est évidemment de le soutenir et de prendre sa défense… Mais au fur et à mesure que cette affaire prend de l’ampleur, certaines accusations résonnent étrangement avec sa personnalité. Une des raisons pour lesquelles je voulais garder la relation secrète, c’était aussi parce qu’il était loin de faire l’unanimité parmi les collaborateurs, et pouvait être très difficile par moments. On lui attribue des propos qu’il aurait adressés à des collègues plus jeunes, et je commence à penser que tout cela est plausible, le connaissant de façon plus intime que personne dans l’entreprise.
Cette affaire fait irruption dans notre vie amoureuse et professionnelle, et notre relation devient peu à peu toxique. Je décide donc d’y mettre fin… Sauf qu’évidemment, notre relation professionnelle ne suit pas la même trajectoire : il faut continuer à aller au bureau, en faisant comme si tout allait au mieux. Je ne peux pas supporter longtemps cette situation, devoir garder un sourire de façade toute la journée alors que je fais face à la personne dont je viens de me séparer : c’est peut-être la pire période de ma vie. D’un commun accord, on se débrouille donc pour alterner nos jours de télétravail et se croiser le moins possible au bureau.
Malgré ça, la situation devient de plus en plus compliquée à gérer, et je prends l’initiative de quitter l’entreprise au bout d’un mois de rupture. Problème : je dois bien donner une raison ! Je n’ai donc d’autres choix que de dévoiler le pot-aux-roses à mes boss, qui accueillent la nouvelle avec plus ou moins de surprise. Ce n’est sans doute pas la seule raison qui m’a poussée à quitter mon poste à ce moment-là, mais j’ai pensé que je leur devais bien d’être un minimum transparente.
Si c’était à refaire, je le referais presque à l’identique : je pense que j’avais besoin de vivre cette aventure à 100%. Les accusations de harcèlement moral auraient dû me mettre la puce à l’oreille plus tôt, d’autant que ce genre de comportement se produisait aussi dans le cadre de notre relation, mais j’étais trop amoureuse pour m’en rendre compte. Par contre, en y repensant j’aurais certainement pu lui demander de quitter lui-même l’entreprise : après tout c’était lui qui était accusé de harcèlement, et j’en avais aussi été victime dans le cadre de notre relation.
En définitive, je déconseillerais à quiconque d’entretenir une relation avec quelqu’un qui est tour à tour un ami, un collègue, un amant, un petit copain et un colocataire ! En ce qui me concerne, avec le recul je pense que ce “reset“ a été salutaire pour moi. Se séparer de quelqu’un ET d’un boulot, en l'occurrence d’une boîte à laquelle je n’avais plus grand chose de nouveau à apporter et d’un homme au comportement toxique, ça m’a amenée à me poser les bonnes questions. “Qu’est-ce que j’ai vraiment envie de faire de ma vie ?”, par exemple ! Ça a sonné la fin d’un cycle pour moi, et j’en suis vraiment heureuse."
* Étude du groupe Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels
** Tous les prénoms de cette histoire ont été changés
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