Quand (trop) changer d’emploi nuit à votre carrière

Chômage, envie d’ailleurs, opportunités professionnelles… Plus que jamais, les Français sont mobiles durant leur carrière. Les individus nés en 1940 ont connu en moyenne 2,7 emplois à l’âge de 40 ans, quand leurs enfants en totalisaient déjà 4,1 au même âge. Lorsque les données concernant les générations actuelles sortiront, il paraît évident que ce chiffre aura encore augmenté. De fait, la mobilité est souvent un atout dans une carrière pour trouver un meilleur emploi et/ou salaire. Une étude publiée par le cabinet Robert Half pourrait toutefois doucher les plus aventuriers. Une large majorité (83%) de directeurs administratifs et financiers (DAF) éliminerait en effet un candidat «job zappeur». Comprendre une personne qui a connu trois changements de poste en 10 ans, selon la définition fournie par les répondants.

Point de vue dépassé ? Un récent sondage semble en tout cas prouver le décalage entre celui des DAF et les salariés. Plus d’un employé sur deux (privé comme public) se disent en effet prêt à être infidèles à leur entreprise. Ce qui les pousse avant tout à partir : un meilleur salaire (53%) puis une évolution de carrière (35%). Les DAF perçoivent pourtant mal cette forme d’infidélité/instabilité qui leur pose aussi la question des compétences non reconnues par les précédents employeurs. «En quoi avoir travaillé pour plus de trois employeurs est un problème, questionne Pierre Denier, coach pour HLC Conseils. Sur la simple base d’a priori on élime un candidat. Ça n’a pas de sens, d’autant que le zapping n’est pas toujours choisi. Et puis ça veut dire quoi être fidèle si l’entreprise ne vous apporte aucune stimulation ou évolution ?» Un argument valable mais qu’il faudra savoir transcender le jour de l’entretien.

Comment argumenter face aux recruteurs ?

Face à la réticence des recruteurs, Bruno Fadda, Director de Robert Half Finance et comptabilité suggère «d’anticiper les réserves sur le sujet en préparant un argumentaire expliquant les raisons et les motivations de ces changements réguliers, tout en valorisant les acquis de compétences et d’expériences obtenus à chacun des postes. L’objectif est de démontrer que l’on n’est pas simplement un job zappeur, mais un job challenger». Outre les différentes aptitudes accumulées, vous pourrez aussi démontrer votre capacité d’adaptation.

«L’important pour une entreprise, c’est d’être pérenne, poursuit Pierre Denier. Ce qu’elle attend ce sont donc les compétences qui lui permettront d’aller de l’avant». Des acquis que vous devrez savoir présenter. Sur votre CV, privilégiez une présentation par compétences plutôt que par ordre chronologique. La multiplicité de vos expériences ou d’éventuels trous liés à des périodes de chômage seront ainsi «masqués». Si vous êtes un «touche-à-tout», il va falloir réussir à rendre votre parcours professionnel cohérent. Par exemple, si vous êtes graphiste, il ne sert à rien de parler de vos trois mois passés comme hôte d’accueil dans un zoo. A moins que vous ayez participé à la signalétique du dit-zoo…

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Avant de déposer votre lettre de motivation ou de demander une rupture conventionnelle, réfléchissez bien à ce que l’entreprise peut encore vous apporter. Une étude menée par l’universitaire Jean Pralong indique que pour les cadres il est préférable, à long terme, de rester fidèle à l’entreprise et de miser sur la mobilité interne. Une vision à rebours de celle du «mercenaire» qui peut faire peur au recruteur…

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