Le pouvoir rend-il toujours fou ?
Les détenteurs de l'autorité sont souvent tentés d'en abuser. Un biais inévitable ?

Pourquoi malgré les contraintes et les coups bas, tant d'hommes politiques et de dirigeants veulent accéder aux plus hautes fonctions ? Jean-Pierre Friedman, docteur en psychologie et auteur Du pouvoir et des hommes (2011), expliquait dans une interview au magazine Psychologie que les accros au pouvoir partagent deux traits de personnalité. Le premier, c'est leur rapport à l'éducation. Ils auraient tous en commun un rapport quasi fusionnel avec leur mère et un rapport, au contraire, conflictuel avec leur père. Un environnement stimulant pour accéder au pouvoir : de leur mère ils tirent confiance et assurance tandis que la relation au père les pousse dans un désir mégalomaniaque de prouver de quoi ils sont capables. Leur deuxième trait de personnalité serait que le pouvoir est perçu comme un gage d'éternité. Pour le psy, leur vision du pouvoir est assez immature et guidée par leur mégalomanie. En période électorale par exemple, leur narcissisme est comblé alors que les projecteurs sont braqués sur eux.
Plus intéressant, Friedman estime que si les hommes de pouvoir étaient mus par une volonté d'agir pour le plus grand bien de l'humanité, leur mégalomanie aurait un sens. Malheureusement, le pouvoir ne fait qu'appeler encore plus de pouvoir avec le désir d'en abuser.
Le paradoxe du pouvoir
Dans La maladie du pouvoir, Lord David Owen s'est intéressé à la psychologie de présidents américains et et de premiers ministres anglais sur les 100 dernières années. Il identifie ce qu'il nomme le "syndrome d'hubris", un trouble de la personnalité lié à la détention du pouvoir. Selon l'auteur, l'hubris est un ego démesuré qui conduit à parler de soi à la troisième personne ou encore à s'identifier totalement à l'institution dirigée.
> Le syndrome d'hubris ou quand le pouvoir rend fou
Dacher Keltner, un professeur de psychologie à Berkeley, voit ainsi le pouvoir comme une pathologie. Selon lui, les personnes qui ont du pouvoir agissent comme des personnes victimes de traumatisme cérébral. Ils sont impulsifs et surtout manquent totalement d'empathie. C'est ce qu'il appelle le "paradoxe du pouvoir". Selon lui, accéder à des positions sociales élevées réduit en effet toutes les qualités nécessaires auparavant pour accéder au pouvoir. Les ambitieux perdraient notamment toute forme d'empathie. Une expérience mené par un autre psy américain, Adam Galinsky, aboutit à la même conclusion. Selon lui, les personnes puissantes ont beaucoup plus de mal à se mettre à la place d’autrui.
Comment l'expliquer ? Par un déficit neuronal, croient savoir d'autres chercheurs. Le neuroscientifique Sukhvinder Obhi a montré que le pouvoir détruisait les neurones miroir, ceux qui sont liés au processus d'intersubjectivité ou de mimétisme. Les neurones miroirs permettent normalement de se voir agir à la place de l'autre. Or le pouvoir bloquerait l'action de ces neurones. Pour Obhni, le pouvoir entraîne en effet une réorganisation "fonctionnelle" du cerveau. Pour gagner en efficacité, une personne qui accède à de hautes responsabilités va alors perdre en empathie.
Peu crédible ? Le cerveau est particulièrement sensible aux symboles du pouvoir. Une équipe de chercheurs américains a montré que le fait de porter un costume modifiait nos manières d'agir. Porter un costumer permettrait d'avoir une vision holistique des choses et renforcerait la capacité d'abstraction. Selon eux, "Porter une tenue formelle comme un costume accentue le sentiment de puissance et modifie la manière dont nous percevons le monde". Mais c'est peut-être aussi la manière dont les autres perçoivent le porteur du costume qui changent. La même chose se constate avec les personnes qui détiennent le pouvoir : il est bien plus facile d'être faible avec les forts que l'inverse...
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