« On fait un métier hors du commun » : découvrez le quotidien d’un pilote de chasse !

Depuis 7 ans, Théodore vole à bord d’un des avions les plus rapides au monde, pouvant atteindre jusqu’à 2000 km/h en vitesse de pointe. Il nous raconte son quotidien entre préparation et entraînements au sein de la base aérienne de Saint-Dizier en Haute-Marne.

Un équipement de sécurité de près de 10 kilos

Avant de se hisser au sein de son cockpit, le capitaine fait un passage obligatoire aux vestiaires. Une vaste salle entourée de plusieurs placards où sont rangés les équipements de chaque pilote. Théodore nous raconte sa séance d’essayage : « Là je vais mettre le pantalon anti-G, un pantalon qui se gonfle, avec des tuyaux à l’intérieur pour comprimer le flux sanguin au niveau des jambes afin d’éviter de perdre trop de pression sanguine dans le cerveau et de tomber dans les pommes ». Un accès sur le côté du vêtement permet de se brancher directement sur la réserve d’oxygène dans l’avion.

Théodore enfile aussi une veste de couleur kaki, indispensable à la survie en cas d’incidents dans l’avion. « On a pas mal de composants de survie, un couteau ou un miroir pour faire des signes et des fumigènes. Vous avez aussi au niveau du col, un gilet de sauvetage et un harnais pour s’éjecter en parachute » Enfin, il met le dernier équipement caractéristique des pilotes de rafale, qui rappelle le célèbre personnage de Maverick, incarné par Tom Cruise dans le film Top Gun : « Le casque avec le groin devant, le masque à oxygène ».  Paré de l’équipement règlementaire, Théodore confie avoir « une grosse dizaine de kilos » sur lui. Une charge lourde mais nécessaire à sa sécurité pendant le vol.

« C’est le métier que j’ai toujours voulu faire depuis tout petit »

Pour se glisser dans la combinaison de pilote de chasse de rafale, un profil rigoureux est nécessaire car la formation est longue : « J’ai commencé par un BAC S, puis l’école des pupilles de l’Air à Grenoble pour faire une classe préparatoire pendant deux ans. Ensuite, je suis allée à l’école de l’air à Salon-de-Provence pendant trois ans pour avoir la formation d’officier et d’ingénieur. Après j’ai commencé ma formation de vol, une année à Salon-de-Provence puis trois ans à Cognac . Je suis depuis six mois à Saint-Dizier et je rejoindrai bientôt mon escadron à Mont-de-Marsan. »

Mais cette formation longue n’a pas dissuadé Théodore, convaincu de sa vocation depuis son plus jeune âge : « Ce métier-là, c’est le métier que j’ai toujours voulu faire, depuis que je suis tout petit. Mon papa était déjà dans l’armée de l’air et de l’espace, il était contrôleur aérien et m’a transmis la fibre aéronautique et petit à petit en grandissant, cette part de rêve et de fascination s’est aussi additionnée à une envie de vouloir servir mon pays. »

« On fait un métier hors du commun »

Pour le jeune pilote, ce métier présente beaucoup d’avantages : « Le principal : on fait un métier hors du commun, il y a très peu de gens dans le monde qui font la même chose que nous. C’est aussi un métier très enrichissant, on est toujours en recherche d’amélioration, on est en formation. Et puis c’est un métier qui a du sens puisqu’on protège l’espace aérien français. Au niveau des inconvénients, je dirais que le statut militaire peut ne pas convenir à tout le monde, les inconvénients sont liés à cette fonction : le métier demande une disponibilité importante et beaucoup d’investissement personnel. »

Côté rémunération, Théodore évoque une situation avantageuse : « En fait, on est payés dès qu’on commence notre formation, donc dès qu’on rentre dans l’armée à 17, 18 ans ». Le salaire évolue tout au long de la carrière d’un pilote de chasse : « Quand on est recruté, on est autour de 1500 euros net par mois à peu près, puis en fin de carrière, 5500 euros ».

Au quotidien, Théodore s’entraîne donc dans les airs et plaisante lorsqu’il s’installe à bord de son cockpit : « Voilà, on est arrivés dans mon bureau ! » Devant lui, des écrans s’affichent et il pilote ensuite l’avion grâce aux manettes situées à gauche et à droite de son siège. Une fois, sa ceinture de sécurité attachée, il dispose aussi de branchements pour ses équipements et son paquetage de survie en cas d’éjection.

« C’est un avion très exigeant physiquement. Quand on vole, même avec des heures d’expérience, on est quand même toujours un peu secoué, faut pas se mentir ! On peut poser jusqu’à neuf fois notre poids pendant certaines phases de combat, donc on va devoir faire des manœuvres pour faire des contractions de muscles et de la respiration en même temps ! » confie Théodore avant de se préparer à décoller en direction de l’espace aérien français, en quelque sorte son open space à lui.

Crédits photo : redemino /stock.adobe.com