Pas assez productif ? Essayez les micro-progrès

On en a tous une. Une tâche qui, à force d’être repoussée à plus tard, se retrouve reléguée en fin de to-do list. On a beau l’avoir notée des semaines, des mois en avance, plus on la repousse, plus elle paraît insurmontable… et plus la deadline approche. Et si le plus dur était, non pas ce défi herculéen en soi, mais juste de s’y mettre ? 

Le journaliste du New York Times Tim Herrera écrit en 2018 un article qui a pour titre «Micro-Progress and the Magic of Just Getting Started» (“Le micro-progrès et la magie de simplement commencer”). Il décrit ce qu’il appelle le micro-progrès : un processus, pas si révolutionnaire que ça, mais diablement efficace lorsqu’il s’agit de s’attaquer à chaque défi du quotidien avec sérénité… et simplicité.

Comment ça marche

Le principe est a priori élémentaire : décomposer. Par exemple, vous devez écrire un article sur les micro-progrès ? Si l’on décortique cette tâche et qu’on en fait une série de petites tâches, cela donne quelque chose comme : 

Ouvrir son navigateur et son éditeur de texte / taper “micro progress” sur Google / mettre de côté les articles pertinents / trouver un titre / etc… Petit à petit, ce projet aussi abstrait qu’effrayant et colossal devient étrangement concret et abordable. 

Chacune de ces étapes devrait donc vous prendre entre 1 seconde et 5 minutes. Étape après étape, prenez le temps de vous féliciter chaque fois que vous finissez l’une d’entre elles. Vous n’êtes pas obligé de toutes les compléter en une seule journée, loin de là, laissez-vous la liberté de continuer si vous en avez envie. D'ailleurs, avant même de vous en être rendu compte, il se peut que vous soyez déjà rendu à la suivante et même en train d’anticiper celle d’après… ça y est, vous êtes lancé !

Un concept pas si nouveau

Le micro-progrès (en VF) s’appuie sur des concepts et techniques antérieurs à la publication d’Herrera dans le New York Times. Avant lui, plusieurs chercheurs ou journalistes ont théorisé les mécaniques de la procrastination, et comment les dompter à notre avantage. 

Parmi eux, David Allen, écrivain spécialiste de la productivité a conceptualisé en 2001 la règle des 2 minutes. En quelques mots : la plupart des tâches que l’on a la flemme d’effectuer prennent plus ou moins deux minutes. Si c’est le cas, il vaut mieux la faire immédiatement plutôt que de la reporter. Si la tâche fait plus de deux minutes, alors il faut la décomposer en plusieurs étapes de deux minutes ou moins chacune. Une fois que l’on a commencé, c’est une inertie qui se crée et qui nous mène naturellement à vouloir continuer. 

Dompter la dopamine

Comment expliquer cette inertie ? Dans un article de 2016, le chercheur en psychiatrie Ralph Ryback décrit ce phénomène, en prenant l’exemple de la to-do list : si l’on complète l’une des tâches de la liste, notre cerveau va activer un système de récompense qui va se traduire par une libération de dopamine dans notre cerveau. 

Ça nous fait donc du bien d’effectuer une tâche, mais pourquoi en veut-on plus ? Car elle va de pair avec… l’addiction. En effet, chaque fois que notre cerveau reçoit une bouffée de ce neurotransmetteur récompensant, il voudra que nous répétions le comportement associé, toujours selon Ryback.

Décomposer une tâche en une série de mini-tâches reviendrait donc à dompter notre cerveau pour qu’il réagisse à ces micro-récompenses, et dompter ce flux de dopamine pour le tourner à notre avantage. Il ne vous reste plus qu’à vous y mettre !