Dinandier, gâcheur, patineur : ces métiers méconnus du chantier de Notre-Dame

« Ils ont transformé le charbon en art » comme l’a déclaré Emmanuel Macron. Près de 2000 artisans ont vécu au rythme de l’avancement du chantier de rénovation de Notre-Dame de Paris, dont l’inauguration aura lieu ce samedi 7 décembre en présence de nombreux chefs d’Etats internationaux. Afin de restaurer l’architecture d’origine de la cathédrale, de nombreux métiers méconnus ont été mis en lumière. On avait envie de vous en dire plus, quitte à susciter peut-être des vocations !

Dinandier

Artisan du métal, à la croisée de plusieurs savoir-faire comme l’orfèvrerie ou la chaudronnerie, il travaille le cuivre, le laiton, le bronze, l’étain ou l’argent en feuille en les martelant à l’aide d’outils en bois.  Le nom de « dinandier » trouve son origine dans la ville de Dinant en Belgique où il y avait de nombreux ateliers de transformation de métal. Lors de la rénovation de Notre-Dame, ils ont ainsi pu fabriquer des objets liturgiques. Actuellement, ils seraient une cinquantaine d’artisans dinandier en France mais le métier reste reconnu et recherché pour de nombreuses rénovations de bâtiments historiques, pour l’hôtellerie de luxe ou les collectivités locales.

Où apercevoir leur travail sur Notre-Dame de Paris ? Ils ont travaillé à la restauration des statues monumentales qui ornaient la flèche de la cathédrale détruite pendant l’incendie.

Formation : CAP « réalisation en chaudronnerie » ou CAP/ BAC PRO « technicien en chaudronnerie industrielle »

Salaire : à partir de 1800 euros bruts par mois.

Gâcheur

C’est le terme historique qui désigne le chef des charpentiers sur les chantiers. Il fait le lien entre les architectes et les artisans. Le métier de gâcheur s’apprend avec l’expérience. Un bon esprit d’équipe est un prérequis pour être gâcheur, il faut aussi pouvoir s’élever sans trop de difficultés à plusieurs mètres de hauteur afin de vérifier les charpentes.

Où apercevoir leur travail sur Notre-Dame de Paris ? Le gâcheur a supervisé le chantier de la flèche de la cathédrale. Leur mission : reconstruire à l’identique celle de Viollet-le-Duc, star des architectes du XIXe siècle. D’une hauteur de 54 mètres de haut, et d’un poids de 370 tonnes, elle représente des milliers d’heures de travail.

Formation : CAP charpentier bois ou Bac professionnel technicien et constructeur bois.

Salaire : à partir de 2200 euros brut.

Facteur d’orgues

C’est un spécialiste de l’entretien et de la restauration des orgues. Il connaît chaque pièce de l’instrument mieux que personne ! Le métier est exigeant car le facteur d’orgues doit maîtriser à la fois la menuiserie mais aussi le travail du métal, et l’électronique. Il faut accorder les tuyaux, et donc avoir une oreille attentive aux différents sons de l’instrument. Une bonne connaissance musicale reste recommandé. Les orgues ont besoin d’être accordé au moins une ou deux fois par an.

Où apercevoir leur travail sur Notre-Dame de Paris ? Le grand orgue de Notre-Dame, le plus grand de France, près de 12m de haut, avait été surtout endommagé par les retombées de poussières de plomb après l’incendie. Ils ont donc dû le démonter pièce par pièce pour le restaurer dans différents ateliers.

Formation : Bac pro « Artisanat et métiers d’art-facteur d’orgues ». Il existe une seule école qui forme à ce métier, en Alsace : l’Ecole Nationale d’Eschau.

Salaire : à partir de 1800 euros brut par mois.

Nacelliste

Sujets aux vertiges, passez votre chemin. Le nacelliste exerce avant tout un travail en hauteur. Sur sa plateforme d’élévation, il garantit la sécurité de tous les artisans du chantier et peut donc être amené à réaliser tout type de missions. Ce métier nécessite de la rigueur, une attention permanente et une bonne compréhension des besoins et des contraintes de chaque corps de métier.

Où apercevoir leur travail sur Notre-Dame de Paris ? Les nacellistes ont permis la réalisation de la charpente, mais aussi le démontage des échafaudages sans abîmer la façade de la cathédrale.

Formation : Un CACES Nacelle offre une habilitation à conduire des nacelles élévatrices. Aucun diplôme n’est préalablement requis même si des formations dans le domaine du transport sont un plus.

Salaire : à partir de 1800 euros brut par mois.

Patineur

Rien à voir avec le sport sur glace, cet artisan lustre et redonne de l’éclat à toutes les sculptures ou les médailles. C’est le spécialiste de la restauration des métaux, et il maîtrise pour cela toute une gamme de patines afin de préserver la teinte des différents métaux. À la manière d’un peintre, le patineur cherche toujours la nuance la plus proche de celle recherchée.

Où apercevoir leur travail sur Notre-Dame de Paris ? Le patineur a permis de redonner la couleur brune d’origine aux sculptures qui ornaient la flèche.

Formation : devenir patineur se fait généralement après une pratique du métier de fondeur ou de bronzier. Il faut déjà acquérir des compétences dans le travail du métal avant de se former auprès d’un professionnel qualifié, principalement dans des ateliers de fonderie d’art.

Salaire : à partir de 1800 euros brut par mois.