Management : "ce qui manque, c'est l'informel"

A moins d'être confinés dans une grande maison avec piscine et entourés de proches ou amis sympas, les 25 % d'actifs bloqués à domicile, et qui continuent de travailler, ont hâte de reprendre le chemin du bureau. Parler "en vrai", même avec le plus pénible des collègues, serait vécu comme un moment de liberté et un grand shot de sociabilité. Voir les gens, c'est ce qui manque le plus après six semaines chez soi ... "Ma seule crainte, quand on va retourner au boulot, c'est de retrouver le même rythme qu'avant, sans aucune souplesse dans les horaires. Autant j'ai hâte de sortir de chez moi et papoter avec les collègues, autant le coté métro-boulot-dodo ne me manque pas du tout. En revanche, une petite réunion avec toute mon équipe, histoire de raconter nos vies, je ne suis pas contre", témoigne Julie, juriste dans une société d'assurance.

S'assurer que tout le monde va bien

C'est bien la limite du télétravail que nous subissons aujourd'hui : ne plus pouvoir sentir l'autre. Au propre comme au figuré. Les managers se retrouvent en effet démunis pour animer leurs équipes et prendre le pouls des collaborateurs. L'explosion des réunions en visioconférence n'y changent rien. "Avant, j'organisais un point informel hebdomadaire avec mon équipe. C'était l'occasion de savoir où ils en étaient dans leur travail évidemment mais aussi de savoir comment ils allaient. Ils pouvaient me remonter leurs interrogations, on faisait le tour des potins. Ce qui manque vraiment ce sont les discussions informelles", explique Laurent, cadre dans une société informatique. Les outils de communication utilisés, mails ou visioconférences, facilitent guère ce type d'échanges.

Les managers se heurtent également au manque de travail en équipe. "Individuellement, les salariés nous expliquent qu'ils travaillent mieux depuis chez eux. Ils ne sont pas dérangés sans cesse par leurs collègues et déclarent en faire plus en moins de temps. Mais on ne peut pas pour autant parler de management. Chacun agit de son côté sans être dans la logique du collectif", regrette Alexandre, cadre dans la communication.

Le contexte a ainsi mis en évidence la facilité à télétravailler mais en démontre aussi ses limites : les cafés virtuels ne remplaceront jamais les small talks en salle pause et le réseau informel qui permet le brassage d'idées.