Management : et si les Chinois avaient tout compris ?

Heureux comme un manager chinois (ne cherchez pas de contrepèterie, il n'y en a pas). Parmi les 5 000 employés et managers interrogés par le cabinet Boston Consulting Group (BCG) dans cinq pays du monde, il n'y a qu'en Chine que les salariés aspirent à prendre des fonctions d'encadrement ou déclarent continuer d'aimer cette mission. En France, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Etats-Unis, la tendance est radicalement opposée : seul 1 employé sur 10 aimerait devenir manager et 37 % des managers souhaitent le rester dans les prochaines années. Comment expliquer cette singularité chinoise ?

Encourager à développer leurs compétences managériales

Selon le BCG, plus de 80 % des managers chinois se disent utiles, respectés, reconnus et davantage motivés encore que durant les années précédentes. Et 70 % d'entre eux espèrent continuer à manager dans les cinq à dix ans à venir. Ce qui leur plaît tant ? C'est, répondent-ils, l'encouragement à développer leurs compétences managériales et techniques. Que les esprits cyniques se rassurent, tout n'est pas si rose dans l'Empire du Milieu : 53 % des managers ont peur que leur niveau de management disparaisse dans les cinq ans à venir et 36 % craignent de pouvoir perdre leur emploi.

Ils sont tout de même moins chagrins et pessimistes que les managers occidentaux et en notamment des Français. De nature pessimiste, 85 % des managers français jugent leur métier plus compliqué qu'auparavant (81 % pour la moyenne mondiale), ils se disent plus débordés et stressés (74 % contre 69 %), et plus démotivés que les années précédentes (59 % contre 52 %). Ils sont déçus par le manque d'accompagnement et de clarification de leur rôle, et craignent à 38 % que leur fonction puisse disparaître dans les cinq à dix ans.

A chaque pays sa vision du manager idéal

"En France, managers et managés ont globalement la même perception de ce qu’est un bon manager : il motive, donne du sens et élimine les obstacles. Cette perception du 'manager idéal' est différente en Chine et en Allemagne : 59% des Allemands attendent de leur manager qu’il prenne des décisions (vs 40% en France)". 

Selon le BCG, les salariés et managers attendent également plus d'autonomie, de coopération et de responsabilisation. Mais les managers ne savent plus ce que l'on attend d'eux. Ils "ont l'impression d'être à la croisée de toutes les contraintes, juge Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG et auteure de l'étude. Il est temps de repenser leur rôle. C'est justement ce que nous observons dans les entreprises qui passent à la méthode agile".

Suffisant pour redonner foi aux managers ? Cette technique de management repose sur la création d'équipes pluridisciplinaires et autonomes. "L’agile peut être un remède à la crise managériale actuelle mais nécessite une refonte profonde des parcours de carrière et de développement des compétences", juge Vinciane Beauchene. Première mission pour que l'entreprise y arrive, elle doit créer une relation de confiance et permettra à chacun d'être autonome. Mais la vraie crise du management ne s'explique-elle pas plutôt par l'envie de nombreux salariés de prendre aujourd'hui leur destin en main, sans chef, hiérarchie, structure et horaires contraignants ? C'est peut-être ce qui explique les différences de perception entre les managers occidentaux et les managers chinois : ces derniers croient encore au pouvoir d'intégration et de réussite par l'entreprise quand les autres jugent le management et le monde de l'entreprise comme appartenant au vieux monde.

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(Getty images / imtmphoto)