Mails pro inappropriés : 3 Françaises sur 10 concernées

Par mail ou sur les réseaux professionnels, les femmes beaucoup plus exposées

Pour les besoins de son étude « Mails professionnels : la partie immergée de l’iceberg », Hostinger a interrogé 1 000 femmes salariées et dirigeantes françaises du secteur tertiaire. Parmi elles, près d’un tiers dit déjà avoir « reçu des mails professionnels dont le contenu relevait de l’intimité ou de la séduction ».

Des chiffres qui font écho à une étude menée par Ipsos qui révélait que parmi les 41% de Français ayant été victimes de cyberharcèlement en 2021, 84% étaient des femmes, et 54% avaient été approchées via Linkedin… Soit presque autant de cyberharcèlement que sur Instagram (57%) !

De quoi parle-t-on ? 

Que revêt le terme inapproprié de ces messages ? L’étude d'Hostinger et FLASHS fait état de plusieurs natures de sollicitations, toutes problématiques : parmi les femmes ayant déjà subi ce genre de mails, elles citent à 39 % des demandes d’informations personnelles / intimes, et à 38% des invitations à se voir « en dehors du cadre du travail ». Pire encore, les « contenus sexuellement explicites » arrivent à la troisième place (19%).

Des messages susceptibles de relever du harcèlement sexuel, voire de le caractériser d'office, si l’on parle des contenus sexuellement explicites non sollicités. En principe, les expéditeurs peuvent donc être inquiétés par la justice, mais aussi être sanctionnés par leur entreprise : le Code du travail stipule que « L'employeur prend toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d'y mettre un terme et de les sanctionner. » (article L1153-5).

Les jeunes femmes particulièrement ciblées

L’étude s’est également penchée sur le profil des femmes recevant des messages inappropriés relevant de la séduction ou de l’intimité, et il apparaît que certains profils sont davantage exposés : globalement, plus les employées sont jeunes, plus elles sont sollicitées. À titre d’exemple, c’est quasiment la moitié (45%) des salariées entre 18 et 24 ans qui disent avoir reçu des mails professionnels inappropriés au moins une fois dans leur (jeune) carrière, soit 15% de plus que la moyenne ! 50% de ces sollicitations sont des invitations à se voir en dehors du bureau. Si le nombre de concernées recule avec l’âge, il reste considérablement élevé : 41% pour les 25 / 35 ans, et 25% pour les 50 / 64 ans (voir tableau ci-dessous).

Les dirigeantes pas épargnées

Autre constat préoccupant : les messages inappropriés ne s’inscrivent pas toujours dans le registre de la séduction : ils peuvent aussi remettre en cause les compétences professionnelles, du simple fait qu’ils s’adressent à une femme. Ainsi, 46% des femmes ont déjà perçu une remise en cause ou un manque de reconnaissance de leurs compétences dans des échanges par mail à cause de leur genre. 24% précisent, tout de même, que ces messages sont rares.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le statut professionnel ne semble pas vraiment protéger contre ces agissements inappropriés : l’étude nous apprend ainsi que les femmes dirigeantes sont les plus nombreuses à percevoir une remise en cause de leurs compétences en raison de leur genre (54%, soit +8 points par rapport à la moyenne).