Les Français déjeunent essentiellement sur le pouce

La pause du midi a considérablement évolué au cours des 40 dernières années. "En 1974, un peu plus de la moitié (53%) des 13,4 millions d'individus actifs ou étudiants effectuaient un déplacement vers leur domicile entre 11 heures et 15 heures. Ils n'étaient plus qu'un quart (sur les désormais 16,2 millions d'actifs) en 2008", selon une récente étude de l'Insee sur la mobilité des Français. Au traditionnel repas en famille, les actifs préfèrent désormais un casse-croûte au bureau, à la cantine ou devant leur écran. Un changement des habitudes qui s'explique par l'éloignement du domicile et du lieu de travail qui a plus que doublé. De 6km en 1967, on est passé à 14,7km en 2008 pour un temps de trajet à peu près fixe : 20 minutes en 1967 contre 23mn en 2008.

Féminisation de l'emploi 
Autre élément d'explication : les femmes travaillent de plus en plus et donc rentrent moins le midi. Interrogé par Libération, Jean-Paul Hubert, un des auteurs de l'article, explique qu'en "1981, 54% des mères salariées en province rentraient déjeuner chez elles. Elles n'étaient que 27% dans l'agglomération parisienne où leurs emplois sont globalement plus qualifiés et leurs trajets domicile-travail plus longs".

Un poids sur les dépenses
Les auteurs de l'étude soulignent également que ces nouvelles façons de manger le midi grèvent le portefeuille des actifs. "Le repas de midi étant de moins en moins familial, en France comme ailleurs en Europe, le déjeuner pèse significativement plus lourd sur le budget des ménages actifs et des familles, même s'il est subventionné par l'employeur ou les communes". Pour les Français, la pause au bureau pourrait bien aussi leur coûter la santé. Avant, "on marchait à pied surtout entre midi et deux pour ces déplacements maison-travail. Avec la journée continue, on supprime surtout les déplacements à pied", détaillent les auteurs à Libération.