"Je monte à Paris ou je monte sur Paris ?" Tout dépend de ce que vous y faites...

Vos oreilles saignent à chaque fois que vous entendez "Je travaille sur Paris" ? C'est normal, on vous comprend. Mais avant de reprendre chacun de vos interlocuteurs, un peu de grammaire. Pour indiquer un lieu, il faut une préposition et leur emploi est simple :

• "à" se met devant le nom d'une ville
• "en", devant un nom de pays féminin ou qui commence par une voyelle
• "au", devant un nom de pays masculin

Pour continuer la leçon, il faut donc lire et écrire "J'habite à Paris", "Je vis en France" et "Je pars en vacances au Venezuela" ou "Je pars en vacances en Russie". En 2002, Maurice Druon, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie française se moquait déjà du suremploi du sur : " 'Je vais descendre sur Marseille'. Vous trouvez-vous donc en hélicoptère ? 'C’est pour travailler sur la région Provence-Côte d’Azur'. A-t-elle besoin d’être modifiée, redessinée ? Sans doute, puisqu’on envisage de 'créer un nouveau canton sur la troisième circonscription du Var'. Mais par quel procédé ? Peut-on élever un canton ou le poser ?" 

Vous avez compris l'idée. Toutefois, la langue française est mystérieuse : si vous parlez avec quelqu'un qui "monte sur Paris", écoutez son histoire...

"A nous deux maintenant !"

Toujours selon l'Académie, la construction sur peut se justifier à condition qu'il y ait une connotation dynamique : déménager sur Toulouse, sur Brest et donc monter sur Paris, mais avec l'envie d'en découdre. Comme le précisent les sages : "La préposition sur ne peut traduire qu’une idée de position, de supériorité, de domination". Et d'évoquer la marche sur Rome. Moins belliqueux, monter sur Paris peut donc être compris comme le signe d'une ambition. "A nous deux maintenant" lance Rastignac à la fin du Père Goriot, décidé à conquérir Paris (le sens exact de cette phrase fait toutefois débat). Monter sur Paris relève d'une même envie. Dans ce cas, plutôt que de corriger votre interlocuteur, souhaitez-lui bonne chance !

• Marie, 33 ans, a quitté Paris... pour y revenir