Fiona, instrumentiste : « Ma mission ? Permettre à la salle de commande de communiquer avec tous les éléments de la centrale nucléaire »

Au sein d’une centrale nucléaire, l’instrumentiste assure les activités de maintenance réalisées sur les systèmes de contrôle-commande et leur régulation. Un métier technique pour lequel on croise peu de femmes. A cet égard, Fiona Vigut fait figure d’exception : retour sur ses missions chez SPIE Nucléaire.

Fiona a toujours voulu exercer un métier de terrain. « Je n'aime pas rester toute la journée sans bouger, sourit-elle. J’ai toujours été intéressée par l’électricité alors je me suis tournée vers le métier d’instrumentiste. » Il y a trois ans, elle rejoint SPIE Nucléaire, filiale de SPIE France, dans le cadre d'un BTS Métiers de la mesure (2M) en alternance, avant d’être embauchée en CDI, l’an passé.

Un métier qui demande de la minutie

Seule femme instrumentiste, Fiona l’a été pendant ses études et l’est toujours dans son équipe. « On est une trentaine et pour le moment, je n’ai pas croisé d’autres femmes ! » Pour autant, elle n'a rencontré aucune difficulté particulière liée à son genre. « Cela se passe très bien ! J'apprécie évoluer dans un environnement masculin, même si je ne dirais pas non à une ou deux collègues ! » résume-t-elle.

Pour elle, ces effectifs sporadiques sont liés à un manque d’information autour de son métier. « Je pense que les femmes choisissent peu cette voie car on ne leur dit pas que c’est possible ! » avance-t-elle. Néanmoins, rien n’empêche une femme d’exercer cette profession. « Parmi mes missions, on retrouve le câblage pour lequel je réalise des microsoudures. Cela demande de la patience et surtout de la minutie. Auparavant, dans l’industrie, de nombreuses femmes effectuaient ce type de tâches sur des cartes électroniques, par exemple », explique-t-elle.

« Mes collègues ont toujours été disponibles pour me transmettre leurs compétences »

Chez SPIE Nucléaire, Fiona a été accueillie dans l’atelier de Pont-Saint-Esprit (Gard) pour son alternance. « J’ai été très bien accompagnée, mes collègues ont toujours été disponibles pour me transmettre leurs compétences ! J’ai pu effectuer des manipulations dès le départ et partir en déplacement au bout de quelques mois », souligne-t-elle. Un peu plus de la moitié de l’année, l’instrumentiste se déplace en effet dans toute la France, sur différents centres nucléaires de production d'électricité (CNPE). Le reste du temps, elle travaille au sein des sites proches de son lieu d’habitation. « Les interventions s’effectuent en binôme ou en équipe. Je suis rarement avec la même personne, donc je connais pas mal de monde maintenant ! Il faut savoir travailler en équipe : ce n’est pas un métier solo ! » appuie-t-elle.

« Le cerveau d’une centrale, c’est sa salle de commande ! »

Fiona intervient dans le bâtiment électrique des centrales nucléaires. Dans le respect des règles de sécurité en vigueur, l'instrumentiste vérifie les capteurs et appareillages de mesure de température, de pression, d’intensité et de débit de la centrale, et analyse les pannes ou dysfonctionnements des différents équipements électroniques et les répare. Fiona contrôle et règle des actionneurs électriques et maintient, entretient et dépanne les installations, le matériel et les réseaux. Elle installe et règle des boucles de régulation * et, à partir de schémas, de plans de constructeurs et de modes opératoires précis, réalise également des diagnostics. « Le cerveau d’une centrale, c’est sa salle de commande ! Ma mission est de lui permettre de communiquer avec tous les éléments de la centrale, d’un point de vue électrique. Je règle des capteurs, travaille dans des armoires électriques, etc. », commente-t-elle.

Au terrain s’ajoutent des missions d’ordre administratif. « Le nucléaire requiert beaucoup de rigueur ! On doit rédiger des comptes-rendus d’intervention pour s’assurer de la qualité du travail effectué », précise Fiona.

Il y a peu, Fiona a été nommée chargée de travaux. « Je peux désormais prendre la responsabilité d’un geste technique, d’une intervention ou d’un chantier », indique-t-elle. L’étape suivante ? La fonction de chef d’équipe : « Plus on gagne en responsabilités, plus on s’éloigne du terrain. Ce n’est pas ce que je souhaite ! Grâce à mon métier actuel, j’acquiers des compétences diverses et je découvre de nombreux secteurs », glisse Fiona.

* En électricité, une boucle de régulation est un processus continu qui va piloter des actionneurs afin d’atteindre une température, humidité ou pression déterminée.