Indexation des salaires sur l'inflation : pourquoi ce mécanisme a-t-il été abandonné dans les années 80 ?
L’indexation des salaires sur les prix est-elle un bon remède pour lutter contre l’inflation ?

Alors que les salariés étaient appelés à manifester pour les salaires ce mardi 18 octobre, certains syndicats réclament un retour de l’indexation des salaires sur les prix. Un mécanisme abandonné dans les années 80 car il était accusé de favoriser… l’inflation !
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Face à l’érosion des salaires, les syndicats réclament l’indexation
D’après les estimations, les hausses de salaire dans le secteur privé devraient être comprises entre 2,5 et 3% cette année. Mais avec une inflation aux alentours de 10% dans la zone euro et 5,6% sur un an en septembre en France, les salariés connaissent en réalité une baisse de pouvoir d’achat d’au moins 2%.
Un phénomène de forte inflation inédit depuis de nombreuses années qui pousse aujourd’hui certains syndicats, comme la CGT, à réclamer une indexation des salaires sur l’inflation. Du côté de la fonction publique, le point d’indice a été réhaussé de 3,5%, hausse qui s’ajoute à des augmentations moyennes de 1,5% en 2022 selon Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, qui promet des renégociations salariales début 2023. Les syndicats réclament, là aussi, une indexation automatique du point d’indice sur l’inflation.
A l’heure actuelle, seul le SMIC est indexé sur l’inflation afin de protéger les salariés les plus fragiles : le salaire minimum a ainsi été revalorisé de 2,01% le 1er août dernier, après avoir connu une hausse de 2,65% en mai de la même année, pour s’établir aujourd’hui à 1 329,05 euros net. Un chiffre qui dépasse de nombreux minima de branche et pourrait encore augmenter prochainement.
Mais si le salaire minimum est indexé sur l’inflation, pourquoi pas les autres ?
Pourquoi l’indexation des salaires a-t-elle été abandonnée ?
Jusqu’en 1983, les salaires des Français étaient bel et bien indexés sur l’inflation. Mais ce mécanisme a fini par être abandonné, beaucoup estimant qu’il était lui-même générateur de hausse des prix. En effet, après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les hausses de prix ont été spectaculaires et les entreprises ont dû accorder de fortes augmentations de salaires… entrainant une nouvelle hausse des prix… entrainant une nouvelle hausse des salaires, etc.
C’est ce qu’on appelle une spirale prix-salaire, ou quand la hausse des prix s’auto-alimente et entraîne l’économie dans une spirale inflationniste difficile à contrecarrer. En 1983, face à une hausse des importations étrangères, le gouvernement socialiste de l’époque souhaite casser cette boucle pour sauvegarder les emplois en France et met fin à l’indexation des salaires.
Et de fait, en l’état actuel des choses, de nombreuses entreprises ne peuvent tout simplement pas se permettre d’augmenter leurs salariés sans rogner sur leurs marges ou augmenter leurs prix, ce qui leur ferait perdre en compétitivité face aux entreprises étrangères - les contraignant in fine à licencier ou délocaliser leur production.
Or, en Europe, la hausse spectaculaire du coût de l’énergie, sans doute partie pour durer, pose déjà ce dilemme à certaines industries très énergivores (aluminium, plastique, chimie, textile) et des délocalisations pourraient intervenir dans les mois qui viennent.
Le risque d’une spirale inflationniste est-il réel ?
Selon l’économiste John Bluedorn du FMI, qui s’appuie sur des exemples d’épisodes inflationnistes similaires intervenus dans les cinquante dernières années, le risque d’une spirale prix-salaires serait pourtant limité à l’heure actuelle :
« Trois facteurs se conjuguent pour maîtriser ces risques : les chocs sous-jacents sur l’inflation ne viennent pas du marché du travail, la baisse des salaires réels contribue à réduire les tensions sur les prix et les banques centrales mènent une politique agressive de resserrement de leur politique monétaire. »
Si la boucle prix-salaires peut ressembler à un épouvantail du passé, difficile pour autant de prédire l’avenir. Pour Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, « ce qui est dangereux, ce n’est pas de revaloriser les salaires, c’est de le faire de manière mécanique. L’automaticité de l’indexation rend le phénomène impossible à arrêter. » (Le Monde)
« Ce n'est pas non plus forcément une mauvaise idée » estime de son côté l’éditorialiste François Lenglet sur RTL : « Poser la question de l’indexation, c’est se demander qui doit payer pour l’inflation. Car indexer, c’est faire payer les entreprises. Et ne pas le faire, c’est taxer les salariés. »
Dans le magazine Pour l’Eco, l’économiste Christophe Ramaux note que l’argument de la compétitivité ne tient pas pour les bas salaires (pour rappel : 55 % des salariés français gagnent moins de 1,5 fois le SMIC) puisque la majorité des métiers payés au SMIC ne sont en effet pas délocalisables (assistantes maternelles, caissières, agents d’entretien, etc.) quand les salariés des secteurs très concurrentiels, comme l’industrie pharmaceutique ou la métallurgie, sont beaucoup moins soumis au salaire minimum.
Crédits photo : zuchero/stock.adobe.com
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