Inégalité salariale : des mesures jugées encore insuffisantes par les salariés

La réduction des inégalités salariales dans le monde du travail est-elle en bonne voie ? C’est ce que pourrait laisser croire la récente publication de l’index annuel de l’égalité professionnelle pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Publié quelques jours avant la journée internationale des droits des femmes, ce nouveau classement distribue à nouveau son lot de bonnes notes. Mais lorsque les principaux concernés sont interrogés, à savoir les salariées et les salariés, la réalité apparait bien plus complexe…

Des entreprises françaises bien notées par l’index égalité…

Initié par une loi datant de 2018, l’index d’égalité professionnelle oblige les entreprises de plus de 50 salariés à calculer et publier leurs résultats en matière d’égalité femmes-hommes au travail.

Une note calculée selon plusieurs critères en fonction de la taille de l’entreprise : l’écart de rémunération, l’écart de taux d’augmentations, l’écart de taux de promotions, le nombre de salariées augmentées en retour de congé maternité et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations.

Cette année, nouvelle règle : les entreprises n’ayant pas atteint un score de 75 sur 100 durant trois années de suite pourraient être sanctionnées financièrement, à hauteur de 1% de leur masse salariale, si et seulement si elles refusent d’engager un plan d’action précis.

Avec une moyenne générale de 86/100, très peu d’entreprises sont concernées. Une quinzaine d’entre elles seulement ont moins de 75 points et 43% des entreprises de 50 à 250 salariés n’ont tout simplement pas publié leur index, le jugeant impossible à calculer et s'exposant à des sanctions financières.

Index égalité professionnelle : des sanctions pour les entreprises aux résultats insuffisants

… Mais pas par leurs salariés !

Malgré ces résultats a priori satisfaisants pour les entreprises françaises, 4 salariés sur 5 pensent pourtant que leur employeur ne fait rien pour l’égalité salariale, selon une enquête réalisée par Glassdoor en février dernier. Pire, près de 6 femmes sur 10 estiment que l’index Égalité n’a exercé absolument aucune influence dans leur entreprise !

25% des hommes et à peine 16% des femmes estiment que leur « entreprise fait des efforts pour réduire les écarts de salaire. » Des chiffres qui laissent songeurs au vu des résultats de l’index cette année. Loin du cercle vertueux espéré, serait-il une occasion idéale pour ne rien changer ?

Rien d’étonnant quand une organisation peut dépasser les 10% d’écart de rémunération entre hommes et femmes et obtenir malgré tout un score de 90 sur 100 à l’index. Le critère congé maternité est un exemple parlant à plus d’un titre : il s’agit d’augmenter les salariées en retour de congé maternité si pendant leur absence des augmentations ont été distribuées dans leur service… ce qui est tout simplement une obligation légale depuis 2006 !

Quelles stratégies pour recruter davantage de femmes ?

La transparence des salaires, une piste d’amélioration ?

Dans l’enquête Glassdoor, réalisée auprès de 1 000 Français travaillant dans une société de 50 salariés ou plus, un problème persistant semble clairement ressortir : la non-transparence des salaires est préjudiciable aux femmes.

Seuls 46 % des salariés estiment en effet que leur entreprise est transparente sur le sujet du salaire. Et l’opacité sur les salaires est un phénomène qui semble surtout néfaste pour les femmes : 44 % d’entre elles déclarent ne pas être rémunérées équitablement pour leur travail (contre 33 % des hommes) et 84% des femmes estiment mériter une augmentation. En revanche, seulement 44% d’entre elles sont confiantes dans leur capacité à négocier.

De façon générale, une majorité de salariés (53%) estime que changer de travail est le seul moyen d’obtenir un meilleur salaire et 7 salariés sur 10 pensent que la transparence salariale serait profitable aux entreprises.

"L'égalité est une question de plus en plus importante sur le marché du travail français » résume Jill Cotton, spécialiste carrière chez Glassdoor : « notre enquête montre que les salariées sont toujours désavantagées devant la négociation salariale. » Index ou pas, il reste donc encore du travail à accomplir !

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