Prouve-moi que l'IA ne peut pas faire ton job... et je t'embauche !

Tobias Lütke n’est peut-être pas le seul grand patron à penser comme cela… mais il est le premier à le dire et l’écrire publiquement.

Plus de recrutements si…

Dans un mémo interne, le fondateur et dirigeant de Shopify, géant des services e-commerce, a prévenu ses salariés : avant de demander plus de ressources ou d’effectifs, ils devront démontrer qu’ils « ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent à l’aide de l’IA ».

« A quoi ressemblerait ce domaine si des agents d’IA autonomes faisaient déjà partie de l’équipe ? Cette question peut donner lieu à des discussions et des projets amusants », écrit Tobias Lütke dans son mémo, qu’il a choisi de partager de lui-même sur X. Une réflexion qui s’applique à tout le monde, y compris à lui-même et l’équipe de direction.

Le dirigeant en profite pour rappeler les valeurs fondamentales de la culture de son organisation : apprendre en permanence et s’épanouir dans le changement. « Dans une entreprise qui connaît une croissance de 20 à 40 % d'une année sur l'autre, il faut s'améliorer d'au moins autant chaque année pour continuer. Cela peut sembler décourageant, mais compte tenu de la nature de ces outils, cette ambition ne me paraît plus si démesurée. »

De l’IA, toujours plus d’IA

Tobias Lütke est connu pour être un adepte des expérimentations en matière d'organisation interne, toujours en quête d'efficacité et d'adaptabilité. Dès 2017, il a par exemple fait le choix de tester le télétravail à 100%, avant de le généraliser en 2020. En 2021, il expliquait dans une interview à Bloomberg être partisan de l'ingénierie du chaos, passant régulièrement en « God mode » dans les agendas de ses équipes pour supprimer des réunions. En 2023, il interdit finalement toutes les réunions récurrentes de plus de deux personnes, entraînant la suppression de plus de 10 000 événements dans les calendriers des employés.

Désormais, sa nouvelle passion tient en deux lettres : IA. Visiblement rempli d’enthousiasme, Tobias Lütke a donc décidé de pousser le curseur : l’utilisation de l’intelligence artificielle sera désormais une attente fondamentale au sein de l’entreprise. « Nous ajouterons des questions sur l’usage de l’IA à notre questionnaire sur les performances et l’évaluation par les pairs », précise-t-il.

« Apprendre à bien utiliser l’IA est une compétence qui ne va pas de soi. J’ai l’impression que beaucoup de gens abandonnent après avoir écrit un prompt s’ils n’ont pas obtenu la réponse parfaite du premier coup. Il est important d’apprendre à prompter et donner du contexte, et le partage de connaissances entre pairs est précieux à ce niveau. »

Cela signifie-t-il que les salariés réticents à utiliser l’IA risquent le licenciement ? C’est une question que de nombreux employés de Shopify ont dû se poser à la lecture de ce mémo, alors que 20% des effectifs ont été licenciés l’année dernière.