Bientôt tous recrutés par des IA ? La tendance du recrutement par intelligence artificielle s'intensifie

Un article du Guardian nous en apprend plus sur l’utilisation grandissante de l’IA dans les processus de recrutement du côté des Etats-Unis et du Royaume-Uni, témoignages de candidats à l’appui. Visiblement, les entreprises ne se contentent plus seulement d’utiliser l’IA pour écrire les offres d’emploi mais aussi pour réaliser les entretiens et effectuer les premières sélections ! Demain en France ?

« Sa voix ressemblait à celle de Siri »

Interrogé par The Guardian, ce candidat n’en revient toujours pas : lors de son dernier entretien d’embauche, le recruteur semblait indifférent à ses réponses et a fini par mettre fin à leur entrevue brutalement. En réalité, celui qui s’est présenté sous le nom de Jaime n’était sans doute pas humain. « Sa voix ressemblait à celle de Siri. C’était assez effrayant. Il me coupait dans mes réponses en me disant « Super ! Ça a l’air génial ! Parfait ! » et passait à la question suivante. Au bout de trois ou quatre questions, il a fait une courte pause et m’a dit que l’entretien était fini, qu’on me recontacterait. »

Et la situation n’aurait plus rien d’inhabituel. Le quotidien britannique a aussi pu interroger une jeune femme qui, en guise d’entretien, a été invitée à répondre à une série de questions devant un écran miroir. Une minute par question et aucune interaction humaine, est-ce encore vraiment ce qu’on appelle un entretien d’embauche ?

A chaque fois, il s’agit uniquement des entretiens préliminaires de sélection. On imagine qu’aucune nouvelle recrue ne soit passée par un processus 100% automatisé via des intelligences artificielles. A moins que… Une enquête du site Resume Builder publiée l’été dernier révélait que, d’ici 2024, quatre entreprises sur dix comptaient utiliser l’IA pour parler avec les candidats durant les entretiens. Parmi celles-ci, près de 15% se déclaraient prêtes à embaucher sans aucune interaction humaine !

Les candidats français sont-ils prêts ?

Ça vous paraît de la science-fiction ? Impossible à imaginer en France ? Pourtant, des startups françaises proposent déjà des services d’automatisation par intelligence artificielle des process de recrutement. A l’image d’Hippolyte AI, qui promet, en plus de l’optimisation des offres d’emploi, une présélection automatisée des candidats en moins de trois minutes et un premier entretien téléphonique orchestrée par l’IA. A la clé, un gain de temps certain pour les candidats comme les recruteurs.

L’IA, à la fois destructrice d’emploi et facilitatrice d’embauche ? La journaliste du Guardian résume bien ce paradoxe, non sans humour : « De nombreuses personnes craignent que l’IA générative (…) ne nous prive complètement de notre emploi. Mais pourrait-elle nous aider à trouver un autre emploi en attendant ? »

Les candidats français sont-ils prêts à accepter un tel bouleversement ? Deux chercheurs se sont penchés sur la question, dans une étude notamment relayée par HelloWorkplace. Ils concluent que tout est une question d’éthique. Si les candidats perçoivent l’IA comme éthique, ils seront plus enclins à accorder leur confiance aux employeurs qui l’utilisent pour leurs recrutements. Comme le précise HelloWorkplace, « ce jugement éthique dépend de différents facteurs liés aux valeurs personnelles, à l’expérience et à l’acceptation de la technologie par les candidats ». Plus nous serons amenés à utiliser l’IA collectivement, plus nous seront prêts à nous faire recruter par le biais de cette dernière.

Mais outre la question des données personnelles et de la vie privée, l’IA met aussi sur la table la question des biais cognitifs dans le recrutement. Tous les recruteurs humains ont des biais, et tentent en général de lutter contre. Toutes les IA ont des biais, hérités des humains qui les ont entrainées, mais ne peuvent pas (encore) lutter contre. En Autriche, le nouveau chatbot du France Travail autrichien s’est par exemple révélé sexiste… parce qu’il reproduisait des biais humains déjà existants !

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