Je vis une histoire d'amour avec un collègue : suis-je sanctionnable ?

L’entreprise serait l’endroit idéal pour une rencontre. Environ 14% des couples se forment sur le lieu de travail*. Si elles sont fréquentes, les idylles avec son voisin ou sa voisine de bureau sont-elles pour autant sans risques ? Un manager peut-il vous sanctionner s’il apprend que vous entretenez une relation avec un collègue ou un supérieur ? Comment se comporter sur son lieu de travail avec son/sa moitié ? On vous donne les réponses !

Que dit la loi ?

En France, un employeur ne peut pas sanctionner les salariés qui entretiennent une relation amoureuse car il s’agit de leur vie privée. Si vous êtes dans ce cas, vous êtes protégé par le Code civil qui stipule que « chacun a le droit au respect de sa vie privée ». Les lois Auroux datant de 1982 rappellent également que « la vie de couple ne relève pas de l’entreprise ». Vous ne pouvez donc pas être licencié pour ce motif. En France contrairement à d’autres pays comme les Etats-Unis, aucun contrat de travail ou règlement intérieur ne peut donc interdire les relations amoureuses en entreprise.

En revanche, la question des relations sexuelles entre adultes consentants sur le lieu de travail est plus délicate. Si ces actes relèvent aussi de la vie privée et ne peuvent pas être interdits, ils ne doivent pas troubler le bon fonctionnement de l’entreprise. Par exemple, si un de vos collègues vous surprenait, vous risqueriez des poursuites pour « exhibition sexuelle » ce qui pourraient aboutir à un licenciement. Dans les faits, les poursuites judiciaires restent rares et les comportements abusifs donnent surtout lieu à un recadrage de la part de la direction ou du service RH, sauf lorsqu’il s’agit de cas de harcèlement sexuel ou de viol qui relèvent de la justice pénale.

Comment vous comporter au quotidien en entreprise ?

Si vous vivez une histoire avec un de vos collègues, veillez à rester discret sur votre lieu de travail. Les marques d’affection ou embrassades trop visibles au sein de votre entreprise pourraient être perçues d’un mauvais œil par vos autres voisins de bureau, tout comme les règlements de compte conjugaux en réunion.

Il s’agit juste de respecter des règles de bonnes conduites en séparant bien votre vie professionnelle et votre vie privée. Ne divulguez pas d’informations confidentielles auxquelles vous avez eu accès grâce à cette relation. Considérez avant tout ce nouvel amoureux comme l’ancien collègue qu’il était auparavant.

Que se passe-t-il si je suis en couple avec un manager ou le dirigeant de l’entreprise ?

Là encore, vous ne pouvez pas être sanctionné puisqu’il s’agit de votre liberté individuelle. En France, aucun texte n’interdit ce type de relation entre un N+1 et un employé. En clair, vous pouvez aimer qui vous voulez dans le cadre d’une relation consentie. Contrairement aux Etats-Unis, aucun dirigeant d’entreprise ne démissionne publiquement après une relation avec l’un ou l’une de ses employés.

Cependant, comme dans toute relation amoureuse ayant un lien avec le lieu de travail, veillez à rester discret et professionnel. En ayant une relation avec un supérieur hiérarchique, vous pourriez avoir accès à des informations concernant le fonctionnement de la société, gardez-les pour vous et ne vous en servez pas pour l’exercice de votre activité.

Des sanctions judiciaires peuvent avoir lieu lorsqu’il existe des preuves que cette relation privée trouble le fonctionnement de la société. Par exemple, si la relation tourne mal et que des accusations de harcèlement ou des disputes violentes surviennent dans l’entreprise. Cette relation avec un supérieur ne doit pas non plus entraîner de favoritisme par rapport aux autres salariés. Si l’employé en couple avec son manager se voit octroyer des primes ou des avantages spécifiques, il s’agit de discrimination et des sanctions pénales en découlent.

Un employeur peut prendre aussi certaines mesures si cette relation provoque des conflits d’intérêts : comme proposer un changement de service ou des missions différentes à l’un des deux salariés. Mais là encore, aucune obligation légale tant qu’il n’y a pas de trouble avéré au bon fonctionnement de l’entreprise.

*Sondage Ipsos sur un échantillon représentatif de 1009 personnes.

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