Pourquoi les femmes qui réussissent se retrouvent plus souvent célibataires

Gagner plus que son conjoint serait-il un motif de divorce supplémentaire ? Une étude de deux universitaires suédoises mise en avant par Le Parisien le prouve. Elle révèle que les femmes qui obtiennent une promotion, ou un salaire plus élevé, divorcent plus que les hommes dans la même situation. Cette tendance est fortement marquée lorsqu’elles exercent en politique ou dans le monde des affaires.

Une femme nommée PDG aurait deux fois plus de risques de divorcer

« Être promu à un poste de haut niveau entraîne une forte augmentation de la probabilité de divorce chez les femmes, mais pas chez les hommes » explique les deux chercheuses Olle Folke et and Johanna Rickne, en se basant sur 30 ans d’études détaillées. En politique, lorsqu’une femme devient maire ou parlementaire, elle augmente son risque de divorce de 7%.

Le même phénomène se produit également dans le monde de l’entreprise. « En comparant les hommes et les femmes promus au niveau de PDG, il y a un écart entre les sexes par rapport au taux de divorce après la promotion » détaille l'étude.

Les femmes nommées à la tête d’une entreprise de plus de 100 salariés ont deux fois plus de chance de mettre fin à leur mariage que les hommes au même poste.

L’inégalité salariale encore trop souvent perçue comme la norme

Les deux chercheuses observent surtout une hausse des séparations après une promotion de la conjointe dans les couples avec « un schéma traditionnel » : « Ceux avec un grand écart d’âge entre les conjoints et une charge parentale qui repose uniquement sur la femme ».

En effet, dans ces modèles dits « traditionnels », la promotion chamboule l’organisation de ces couples où la femme assure l’essentiel des tâches du foyer comme les courses ou la garde des enfants. C’est ce que soulignent les chercheuses : « Pour les femmes dans les mariages traditionnels, accéder à un emploi supérieur est susceptible d'entraîner des coûts d'ajustement plus élevés tels que le stress et la tension lors de la renégociation des tâches. »

Des disputes peuvent survenir alors qu’elles n’existaient pas avant et certains hommes peuvent se sentir mal à l’aise avec le nouveau statut de leur partenaire qui gagne désormais plus qu’eux. La faute à une croyance présentée comme une norme, trop souvent ancrée dans l’inconscient collectif : « Une femme gagne moins que son mari. »

Une prise de conscience de l’importance d’une meilleure répartition des tâches

D’ailleurs, en France, selon l’Insee, trois femmes sur quatre ont un salaire inférieur à celui de leur conjoint. Heureusement les choses évoluent. Des femmes sont nommées ministres, députées ou patronnes et restent avec un conjoint qui les soutient, dans l'ombre. Une prise de conscience des inégalités hommes/femmes et du tabou de l’argent dans le couple émerge aussi grâce à des récents ouvrages féministes sur le sujet.

« L’historienne Michelle Perrot explique que la féminité est construite sur l’idée du don. Les femmes donnent la vie, elles sont liées au soin et au don d’elle-même. Celles qui s’enrichissent sont donc perçues comme contre-nature par rapport au stéréotype que nous avons en tête » souligne Titiou Lecocq, autrice du livre Le couple et l’argent (éditions l’Iconoclaste) dans une interview au Monde. Pour elle, le sujet de l'argent doit devenir un vrai sujet de discussion de couple afin de limiter les inégalités.

Selon l’étude, dans les couples plus égalitaires où hommes et femmes partagent le soin des enfants et les tâches ménagères, le taux de divorce n’augmente pas après une promotion. On peut supposer que leur équilibre n’a donc pas été bouleversé par l’investissement supplémentaire de la conjointe dans son travail. Espérons qu’un jour, nous dirons plus souvent que « derrière toute grande femme, se cache un homme ! »

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