Sophie Dancourt : « Il est temps de valoriser les femmes de plus de 50 ans en entreprise ! »

50 ans, le plus bel âge pour une femme dans le monde professionnel ? Sophie Dancourt en est convaincue mais, malheureusement, elle constate que le monde du travail n’est pas épargné par le jeunisme, très présent dans notre société. Pourtant, les femmes actives de plus de 50 ans sont loin d’être une minorité ; elles sont près de 10 millions en France. Mais où sont ces femmes en entreprise ? Comment faire pour que le monde du travail revalorise ces profils séniors féminins ? Notre experte livre ses pistes de réflexion.

« Il faut absolument les former et reconnaître leur valeur professionnelle »

La réforme des retraites l’a prévu : tout salarié devra travailler jusqu’à 64 ans dans les prochaines années. L’occasion de s’interroger sur la place des séniors en entreprise, et notamment des femmes qui souvent d’une double discrimination par rapport à leur sexe et à leur âge dans le monde du travail. « Les femmes entre 50 et 60 ans en entreprise ont toujours du mal à trouver leur place et, en tout cas, à continuer à être promues et à avoir une activité qui corresponde réellement à ce qu’on peut attendre d’une femme d’expérience ».

D’ailleurs la plupart d’entre elles « quittent les entreprises ou se reconvertissent ». Ce phénomène pénalise d’ailleurs directement les employeurs. « Un rapport d’une commission parlementaire en Grande-Bretagne estimait que les ressources d’environ un million de femmes de plus de 50 ans étaient gâchées ou perdues pour les entreprises », souligne Sophie Dancourt.

Le monde du travail gagnerait donc à engager et former les femmes séniors. « Pendant très longtemps, on a estimé que faire suivre des ateliers à des femmes de 50 ans, c’était une perte de temps puisqu’elles allaient bientôt quitter l’entreprise », explique l’experte. Selon elle, cette vision date « du siècle passé », et il faut sortir du schéma de la performance qui serait liée à la jeunesse.

« La question de la place des femmes en entreprise est liée à la place des femmes dans la société »

Pour mieux inclure les femmes de plus de 50 ans dans le monde professionnel, les entreprises doivent aussi réfléchir aux problématiques des carrières féminines.  « La vie des femmes ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise », résume Sophie Dancourt. Les problématiques de santé féminine ou d’équilibre de vie sont au cœur des réflexions de nombreuses entreprises.

« Les questions qu’on pensait relever de l’intime, les trois grands M de la vie des femmes au sein de l’entreprise, la période des menstruations, de la maternité et de la ménopause doivent être prises en compte », affirme la fondatrice du site « J’ai piscine avec Simone ».

« Pour l’instant, la période des menstruations commence à faire son apparition dans le monde du travail, puisqu’il y a des propositions de congés menstruels pour les jeunes femmes, puis on a la maternité. Là, des efforts ont été faits, les femmes partent aujourd’hui en congé maternité et retrouvent leur job ensuite. Certaines mêmes sont promues quand elles reviennent. »

Le tabou en entreprise reste autour du troisième M, la période de ménopause pour les femmes actives. « Ce sujet peine à faire son apparition dans les entreprises », selon Sophie Dancourt. Pourtant, cette période entraîne de nombreux chamboulements sur la santé des femmes : de la fatigue, des bouffées de chaleur, mais de nombreuses salariées n’osent pas en parler de peur d’être stigmatisées.

D’ailleurs, la valorisation des femmes dans les entreprises passe par la reconnaissance de ces trois périodes. « Toutes pourraient être finalement gérées avec un management plus flexible qui permet de ne pas perdre d’effectifs et d’être rassurant pour les femmes. »

Crédits photo : Léa Baron / Hellowork