Cédric, expatrié au Québec : « Arrivé au plus bas de l'échelle, je manage aujourd’hui une équipe de 60 personnes »

Avez-vous déjà rêvé de tout plaquer pour venir travailler au Québec ? Cédric Rollet l’a fait. À 42 ans, il s’est envolé avec sa femme et ses enfants vers sa nouvelle vie. Aujourd’hui, il est Area manager chez PH Vitres d’Autos, une grande entreprise de distribution de vitres automobiles, et ne regrette pas son choix.

 Je postule pour travailler au Québec 

« Je voulais changer d’air »

Originaire de Savoie, Cédric a effectué le début de sa carrière dans un centre de contrôles techniques. « J’ai commencé comme salarié dans l'entreprise familiale, puis je l’ai rachetée, avant de la vendre et de partir à 40 ans », raconte-t-il. L’idée de s’expatrier lui est venue assez jeune, avant d’entamer sa vie professionnelle. « À 18 ans, j’ai eu envie de partir. Avec un ami, on était assez motivés par le Québec. Mais à la dernière minute, il s'est trouvé un bon job en France. » À cet âge, Cédric ne se voyait pas faire ce saut vers l’inconnu seul. Le projet a donc été abandonné. « C’est resté comme un regret », avoue-t-il. À 40 ans, l’heure des remises en question sonne : « Je voulais changer d’air et découvrir autre chose », explique-t-il.

Des profils recherchés dans les métiers en tension au Québec

En échangeant en ligne avec une connaissance, il apprend l’existence des Journées Québec. Organisées deux fois par an par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec et ses partenaires, ces missions de recrutement permettent aux entreprises québécoises de recruter des travailleurs français, dans des secteurs d’activité en recherche de main-d’œuvre. Le dispositif comporte deux phases : d’abord, une période de dépôt des candidatures (qui a lieu cette année du 30 septembre au 11 novembre). Puis, la sélection : si le profil est retenu, les candidats peuvent se rendre aux Journées Québec, qui n’est autre qu’un forum de l’emploi. « Soit votre CV intéresse certains recruteurs et ces derniers vous convoquent à un entretien, soit personne n’a demandé à vous voir spécifiquement, mais le CV a du potentiel donc vous avez le droit de venir pour les entretiens libres », détaille-t-il. Pour lui, ce fut la deuxième option. Cédric et sa femme se sont donc rendus à leur convocation, en espérant trouver un poste, mais sans savoir qui ils allaient rencontrer. Les premiers échanges n’ont rien donné. « Ils cherchaient des personnes bilingues », tandis que Cédric et sa femme ne parlaient pas anglais couramment. Autre difficulté, les profils recherchés sont ceux qui peuvent exercer des métiers spécifiques, ce qui n’était pas non plus leur cas.

« L’échange ressemblait plus à une conversation qu’à un entretien d’embauche »

Dans ses recherches, Cédric avait un souhait : « Je n’avais plus envie de travailler dans l’automobile. » Pourtant, parmi toutes les sociétés présentes, c’est bien PH Vitres d’Autos, qui a finalement retenu leur attention. « L’entreprise cherchait des techniciens. À première vue, ce n’était pas ce que je voulais, mais le contact est super bien passé. L’échange ressemblait plus à une conversation qu'à un entretien d'embauche. » Avant de s’engager, Cédric et sa femme, en voyage au Québec, sont allés visiter le site de la succursale, à Drummondville, une petite commune située à mi-chemin entre les villes de Québec et Montréal, pour voir si le lieu leur plaisait. Le coup de cœur a été immédiat. « On a été super bien accueillis », reconnaît-il. Quelques heures plus tard, leurs contrats étaient signés.

Il s’est tout de même passé un an, avant que la petite famille ne décolle pour le Canada, en décembre 2019. « Il ne faut pas être pressé et s’armer de patience », conseille-t-il au sujet des dossiers d’immigration, en mentionnant l’accompagnement précieux du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec.

Des évolutions rapides, à la portée des motivés

Cédric rejoint donc PH Vitres d’Autos en tant que technicien en vitrages. La société est spécialisée dans l’installation et la réparation de verres automobiles, Cédric y gère la partie distribution. « On reçoit les vitres, pare-brises et autres produits dans des conteneurs et on redistribue à nos clients vitriers, concessionnaires, carrossiers, qui les installent pour les particuliers », explique l’expatrié. En quatre ans, il a gravi les échelons, jusqu’à être promu Area manager. « Je suis passé de chef d'entreprise à immigrant salarié au plus bas de l'échelle, et maintenant je manage une équipe de 60 personnes. »

D’après lui, cette évolution fulgurante n’aurait jamais été possible en France. « Ici, si tu as l’envie et les capacités, tu peux évoluer rapidement. » En tant qu’expatrié, « on peut tout à fait accepter de commencer un job plus bas, car la montée en compétences se fait facilement », conseille-t-il.

Un sentiment de proximité avec les dirigeants

Cédric constate aussi que les recrutements sont « ouverts » et méritocrates. « C’est important d'avoir des diplômes, mais même si tu n’as pas les qualifications requises et que tu es prêt à travailler, on va te laisser ta chance. » Il estime aussi que le marché de l’emploi est bien plus dynamique qu’en France. « Si tu en veux, tu peux trouver du travail en une journée ». Les opportunités sont nombreuses, et ce dans tous les secteurs.

Autre différence marquante avec son pays d’origine, la proximité avec les responsables de l’entreprise. « La relation avec les dirigeants est complètement différente. En France, tu parles à ton supérieur, qui parle à son supérieur, etc. C’est assez rare d’accéder au président de la compagnie. Ici, il y a quand même une hiérarchie à tenir, mais le dialogue reste ouvert avec lui. Il passe dans les bureaux, il dit bonjour à tout le monde. C'est quelque chose qu'on ne voit pas vraiment en France ».

Un environnement de travail moins stressant

Les avantages d’une vie professionnelle au Québec sont nombreux, d’après Cédric Rollet. Mais ce virage comporte aussi quelques inconvénients, comme le fait d’avoir peu de congés. « Généralement, la première année c’est deux semaines par an. Au bout de trois ans sur le territoire, c’est trois semaines, ensuite c’est de la négociation ». Pour autant, Cédric ne le voit pas comme une contrainte : « Ce qui est assez paradoxal, c’est que l’on a moins de vacances, mais on en a aussi moins besoin », sourit-il. La raison ? « L'environnement de travail est convivial, peu stressant. On subit moins de pression qu’en France. » En dehors de son travail, Cédric est tombé amoureux du Québec pour ses espaces naturels, où il adore se balader, ses grandes étendues sauvages, où la nature est reine, mais aussi pour sa mentalité « bienveillante » et « solidaire ».

Et si l’expérience de travailleur expatrié était pour vous ?

Son témoignage vous a convaincu ? Postulez, comme l’a fait Cédric, aux Journées Québec France. Elles se dérouleront le 30 novembre et le 1^er décembre 2024 à Paris. Vous pouvez candidater en ligne, à partir du 30 septembre jusqu’au 11 novembre 2024. Plus de 300 offres sont à pourvoir dans les secteurs de l’administration, de l’assurance, en passant par la finance, la construction, l’éducation, la fabrication et l’usinage, le génie civile, électrique ou électronique et la technique, le domaine de la santé et des services sociaux, de l’hôtellerie et de la restauration, des technologies de l’information et de la communication, des jeux vidéo, de la transformation alimentaire, du transport maritime, terrestre et mécanique. Au total, plus de cinquante entreprises seront présentes. L'inscription s'effectue en passant par ce lien.

La participation à cette mission de recrutement est gratuite, mais seules les personnes convoquées par les employeurs ou invitées au forum pourront participer à l’événement, accompagnées de leurs conjoints et enfants.

Comment se déroule la sélection ?

Après avoir consulté les offres, si certaines vous intéressent, vous pouvez vous inscrire sur la plateforme Journées du Québec en complétant votre CV en ligne. Une fois que les candidatures sont envoyées, les employeurs les analyseront. Ces derniers ont jusqu’au 15 novembre pour convoquer les candidats. Si vous êtes retenu, vous recevrez une convocation mentionnant le lieu, l'adresse, l'horaire de la convocation pour les Journées Québec, auxquelles vous pourrez vous présenter pour passer votre entretien d'embauche. « Certaines entreprises qui ont de gros besoins, vont vouloir signer le contrat de travail directement sur place. D'autres vont avoir un processus de recrutement un peu plus long », précise Amaury Luthun, attaché Prospection et promotion à la Délégation générale du Québec à Paris.

En arrivant au Québec, les expatriés disposent généralement d’un permis de travail fermé d’une durée maximum de 3 ans, qui les lie à l’entreprise. S’ils souhaitent rester, le programme de l'expérience québécoise peut leur permettre de basculer sur un statut permanent. Tout travailleur temporaire est couvert par la régie de l’assurance maladie du Québec.