Travailler pour Elon Musk, c'est une bonne situation ça ?

L’Américain ne cesse de gagner en popularité et combien sont-ils aujourd'hui à travers le monde à rêver de travailler pour lui, afin de participer à ses nombreuses aventures industrielles ? En tant que manager, Elon Musk n’est pourtant pas réputé pour son humanité et si vous décidez de postuler dans l’une de ses entreprises, vous allez devoir supporter quelques contraintes bien spécifiques !

Le grand chef himself, tu ne critiqueras pas

Un salarié de Twitter a récemment fait les frais du manque d’empathie légendaire d’Elon Musk. Son tort ? Avoir ouvertement critiqué son nouveau boss sur… Twitter. Eric Frohnhoefer a réagi en direct à un tweet du nouveau propriétaire de la plateforme, dans lequel il s’excusait que la version Android du site soit « super lente dans de nombreux pays ». Une remarque que l’ingénieur n’a visiblement pas appréciée : « J'ai passé six ans à travailler sur Twitter pour Android et je peux dire que c'est faux. »

I have spent ~6yrs working on Twitter for Android and can say this is wrong. https://t.co/sh30ZxpD0N

— Eric Frohnhoefer @ 🏡 (@EricFrohnhoefer) November 13, 2022

Témoins de l’échange, certains internautes se sont inquiétés des conséquences pour Frohnhoefer dans les commentaires. Un certain Elon Musk leur a sobrement répondu « He’s fired » (Il est viré) dans un tweet depuis supprimé. Quelques heures plus tard, l’ingénieur n’avait plus accès à son ordinateur…

Guess it is official now. pic.twitter.com/5SRwotyD8J

— Eric Frohnhoefer @ 🏡 (@EricFrohnhoefer) November 14, 2022

Un renvoi pour déloyauté pleinement justifié ? La rapidité dans l’exécution de la sentence laisse en tout cas sans voix.

Au télétravail et avantages, adieu tu diras

A l’image de quelques autres entreprises américaines (comme les banques Goldman Sachs ou JP Morgan) Musk a déclaré la guerre au télétravail. Pourquoi ? Il n’imagine pas que l’excellence puisse être atteinte si tous les salariés ne sont pas présents dans les locaux. Il n’a d’ailleurs pas hésité à prendre en exemple les ouvriers de ses usines chinoises pour inciter les cadres américains de Tesla à revenir massivement au bureau cette année. Ce qu’ils ont fini par faire. Seulement voilà, l’entreprise ayant massivement recruté pendant deux ans, les locaux n’étaient plus adaptés au sortir de la pandémie. Parking, bureaux, tout était devenu trop petit !

Du côté de Twitter, c’est désormais la même chose : 40h minimum de présence au bureau ou la porte. Les autres avantages comme les jours de repos supplémentaires ont également été supprimés. Dernière annonce en date, les déjeuners servis au quartier général de Twitter seront dorénavant payants pour les employés. Travailler plus pour moins d’avantages, c’est l’un des secrets d’Elon Musk !

Especially bizarre given that almost no one came to the office. Estimated cost per lunch served in past 12 months is >$400.

— Elon Musk (@elonmusk) November 13, 2022

La reconnaissance de ton patron, jamais tu n’auras

Elon Musk prétend - et croit sincèrement - travailler pour le futur de l’humanité tout entière. Cela étant, il n’a pas le temps de cajoler chaque salarié ou de s’arrêter en cours de route pour ramasser les blessés… Et gare à ceux qui se pensent indispensables ! Le jour où Mary Beth Brown, son assistante personnelle de longue date, lui a demandé une augmentation car elle estimait être devenue une cadre supérieure à part entière, Elon Musk lui a donné 15 jours de congés… pour savoir si elle était vraiment indispensable. Une fois revenue, elle avait perdu son poste après 12 ans de bons et loyaux services (elle n’était pas si indispensable).

A chaque intervention publique, tu trembleras

Réputé très intelligent, Elon Musk est pourtant totalement imprévisible en public… au point d’affoler régulièrement les marchés au gré de ses sorties médiatiques plus ou moins contrôlées. Il a ainsi failli perdre le contrôle de ses entreprises à plusieurs reprises. En 2018, le milliardaire iconoclaste fume du cannabis en compagnie de l’animateur Joe Rogan lors de l’enregistrement d’un podcast – ce qui n’est pas illégal en Californie. Résultat : l’action de Space X perd 9% en bourse le lendemain, la Nasa décide de déclencher une enquête sur la sécurité de son principal partenaire et le comptable de l’entreprise est finalement contraint de démissionner.

Même année, autre exemple : il annonce par surprise son intention de retirer Tesla de la bourse au prix de 420 dollars par action. Les marchés surréagissent et le titre bondit de 8% avant que la SEC, le gendarme de la bourse, ne suspende le titre. Il n’avait en réalité trouvé aucun investisseur et la SEC l’accuse alors de manipulation des cours et de fraude : « Nous alléguons que Musk est arrivé au prix de 420 dollars en supposant une prime de 20 % par rapport au prix de l'action Tesla à l'époque, puis en arrondissant à 420 dollars en raison de l'importance de ce chiffre dans la culture de la marijuana et de sa conviction que sa petite amie serait amusée par l'idée. » Résultat : Musk doit quitter temporairement son poste de président, lui et Tesla sont condamnés à verser 40 millions de dollars d’amende, deux administrateurs indépendants sont nommés au board et… il est invité à faire vérifier chacun de ses tweets par une instance de contrôle missionnée par Tesla.

Les employés de Twitter découvrent eux aussi chaque jour de nouvelles idées et options proposées publiquement par leur nouveau patron sur les réseaux sociaux. Après les échecs répétés concernant les badges de vérification, Elon Musk a récemment déclaré à ses employés : « sans revenus d'abonnement significatifs, il y a de fortes chances que Twitter ne survive pas à la prochaine récession économique. » Une déclaration publique peu rassurante.

Au management brutal, tu t’habitueras

L’homme n’est pas du genre à enrober les annonces faites à ses employés de litotes ou de messages d’encouragement… Si les employés de Tesla ou Space X ont appris la fin du télétravail dans un simple mail, les salariés de Twitter ont appris leur licenciement lorsqu’ils n’ont plus réussi à se connecter à leur ordinateur !

Les membres de la direction, bien que largement indemnisés, ont été escortés dehors par la sécurité. Tout un symbole. 50% des employés ont été licenciés – avant qu’on ne demande à certains de revenir car on avait encore besoin d’eux (sic). Et les ouvriers de ses usines ne sont pas logés à meilleure enseigne : au printemps dernier, les employés de la gigafactory de Shangaï ont ainsi été confinés directement dans leur usine pour que la production ne prenne aucun retard.

Selon William Klepper, professeur de gestion à la Columbia Business School, Musk est un « cas d’école du leadership défaillant » comme il l’explique à Business Insider : « C’est un agent de changement et un génie mais il n’est pas fait pour le leadership ou la gestion », soulignant que sa parole est trop changeante et ses décisions trop erratiques pour qu’elles aient vraiment du poids.

« Sa parole ne fait qu'extérioriser sa pensée sur le moment, donc je ne pense pas qu'il y ait de crédibilité dans ce qu'il dit. Je pense que c'est devenu clair dans la façon dont il a navigué dans sa relation avec Twitter ». Si son style autocratique qui ne laisse aucune place à la critique constructive plait à de nombreuses personnes, William Klepper souligne que ce n’est pas un mode de fonctionnement sain pour une organisation au fil du temps.

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