Et si votre entreprise vous aidait à divorcer ?

Dans un article de la BBC relayé par Courrier International, on apprend que certaines entreprises américaines ou britanniques ont fait le choix d’aider leurs salariés à surmonter des séparations grâce à des aménagements ou aides spécifiques.

Comment une entreprise peut-elle aider un salarié au cours d’une séparation ?

Stress, démarches, problèmes financiers… Les impacts d’une séparation dans la vie de tout un chacun sont loin d’être une partie de plaisir. Un processus souvent douloureux, parfois long, qui peut peser sur le moral et l’efficacité d’un salarié. C’est ce que semble avoir compris certaines entreprises anglo-saxonnes, à l’image du groupe Hearst aux Etats-Unis, qui a lancé l’année dernière un programme de prestation de divorce à destination de ses 12 000 salariés (en partenariat avec une plateforme de gestion de paiement des pensions alimentaires). Au programme : séances de thérapie gratuites et assistance juridique.

Au Royaume-Uni, l’association de soutien aux parents Positive Parenting Alliance (PPA) cherche à faire reconnaître la séparation comme un événement de vie à part entière dans les politiques de ressources humaines. Dans une enquête publiée en janvier dernier, PPA met ainsi en évidence la corrélation entre ruptures familiales et baisse des performances :

• 95 % des personnes interrogées ont déclaré que leur séparation avait eu un impact négatif sur leur santé mentale au travail.
• 39 % des sondés ayant vécu une séparation ont pris des congés.
• 12 % ont arrêté de travailler.

Or 9 % d’entre eux seulement ont déclaré que leur employeur avait une politique spécifique en matière de séparation. Pour y remédier, l’APP propose quatre points d’amélioration :

• Reconnaître la séparation comme un "événement de la vie" dans les politiques RH afin que les salariés en cours de séparation se sentent reconnus et soutenus.
• Proposer aux parents en cours de séparation un accès facilité au travail flexible le temps de reconfigurer leur organisation familiale.
• Permettre aux salariés d’accéder à des services de « conseil émotionnel » pendant cette période
• Orienter les salariés parents vers des services de conseil et de soutien à la séparation pour les aider dans leurs démarches.

Plusieurs grandes entreprises comme Unilever, Vodafone ou Tesco ont décidé d’appuyer et soutenir cette initiative outre-Manche. Une aide précieuse pour les salariés selon Mustafa Faruqi, responsable RH chez Tesco, comme il l’explique à la BBC :

« Nous pensons que ces changements pourront aider certains employés à gérer ce qui peut être l'un des événements les plus difficiles de leur vie, soit par les ressources que nous avons mises à leur disposition, soit par une réponse plus souple et compréhensive de la part de leurs supérieurs et de leur équipe. »

Quel intérêt pour une entreprise ?

Mais est-ce vraiment du ressort d’une entreprise de venir en aide à un salarié lors d’un événement d’ordre personnel ? Pour Craig Jackson, professeur de psychologie de la santé au travail à l'université de Birmingham, l’idée selon laquelle les travailleurs « sont professionnels et laissent leur problème à la porte de l’entreprise » est révolue depuis longtemps.

Et force est de constater que depuis la fin de la pandémie, la question de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est sur toutes les lèvres. « La pandémie a mis en lumière les problématiques de santé mentale et, à de nombreux égards, a normalisé les conversations sur le stress au travail dans la société  » détaille auprès de la BBC Peter Cappelli, professeur de gestion à Wharton. D’autant que certains avantages ne sont pas forcément plus couteux pour les entreprises, car peu utilisés, mais permettent de fidéliser ceux qui en bénéficient et d’attirer de nouveaux profils dans un marché du travail de plus en plus tendu.

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