Une entreprise italienne condamnée pour avoir favorisé les femmes de plus de 40 ans à des hauts postes

Les polémiques autour des discriminations à l’embauche sont (hélas) monnaie courante partout à travers le monde. Mais celle qui a récemment agité le monde de la mode en Italie parait surprenante à première vue, puisqu’il s’agissait d’embaucher uniquement des femmes d’un certain âge à des postes à responsabilités.

De la discrimination inversée ?

Elisabetta Franchi dans la tourmente. Comme nous l’apprend un article des Echos, la couturière et fondatrice de la marque Betty Blue vient d’être condamnée par la justice italienne pour des propos tenus lors d’une conférence sur les femmes et la mode.

Il y a deux ans, elle avait ainsi dit privilégier l’embauche de femmes de plus de 40 ans à des fonctions élevées au sein de son entreprise. Qui pourrait lui en faire le reproche, quand on sait la difficulté des femmes à accéder aux meilleures postes en milieu et fin de carrière ?

C’est surtout la justification de ce choix qui a choqué l’opinion publique italienne. Elisabetta Franchi a ainsi expliqué que les femmes de plus de 40 ans avaient plus de chances d’avoir passé les « trois caps » à savoir mariage, naissance et séparation … ce qui lui assurait qu’elles soient totalement dévouées à leur carrière professionnelle.

« Une femme qui a du succès dérange »

Des propos que de nombreux internautes ont relayé et dénoncé sur les réseaux sociaux, lançant même un appel au boycott. L’association de lutte contre les discriminations a porté plainte et Elisabetta Franchi a été condamnée à lui verser 5 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que l’obligation de mettre en place des cours internes au sein de son entreprise pour lutter contre les discriminations de genre.

La styliste a tenté de se justifier, expliquant que son entreprise est composée à 80% de femmes « dont 75% de jeunes employées et 5% de dirigeantes et managers femmes ». Selon elle, cette condamnation est en grande partie due au fait… qu’elle soit une femme : « Une femme qui a du succès dérange et je ferai appel de la décision de justice. »

Comme le rappelle Les Echos, cette affaire intervient dans un pays où les femmes sont encore peu nombreuses à exercer d’importantes responsabilités et où selon un récent sondage, 32,5 % des 18-74 ans estiment que « se réaliser sur le lieu de travail est une affaire d'hommes ».

En France, où les discriminations à l’embauche sont bien évidemment interdites, une autre étude a récemment mis en évidence la persistance des stéréotypes de genre liées aux fonctions de management. Et comme nous vous l’expliquions dans notre article, c’est d’autant plus vrai chez les jeunes générations puisque 55% des hommes de moins 29 ans jugent plus simple de travailler avec un autre homme !