Jennifer, directrice adjointe dans le médico-social : « On ne se sent pas seul sur le terrain ! »

Pour Jennifer Gauge, travailler avec des personnes en situation de handicap relève de l’évidence. « Cela fait 20 ans que je suis dans ce milieu, je ne connais que ça ! Ça a toujours été une envie, une passion et c’est pour cela que je n’ai jamais changé de voie », explique-t-elle. Son parcours commence par l’obtention du diplôme d’aide médico-psychologique (AMP), en 2005. Sept ans plus tard, en 2012, elle rejoint l’Adapei (Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales) de l’Ain.

Au sein de cette association à but non lucratif, elle évolue vite. « L’Adapei a tout d’abord financé ma formation d’éducatrice spécialisée. J’ai pris mes fonctions à ce poste en 2014. Cinq ans plus tard, je suis devenue cheffe de service éducatif. Dès ma prise de poste, je suis entrée en formation pour passer un Caferuis * et un master 1, une nouvelle fois financés par l’association », raconte Jennifer. Depuis le mois de janvier, l’éducatrice est directrice adjointe des IME Les Sapins et Les Muscaris à l’Adapei de l’Ain.

« Accompagner l’usager dans son parcours de vie »

Le pôle que Jennifer co-dirige à Oyonnax rassemble deux IME (instituts médico-éducatifs) et un service d’éducation à domicile (Sessad), et accompagne 150 enfants et adolescents de moins de 20 ans. « Nous sommes une centaine de collaborateurs à travailler avec des enfants en situation de polyhandicap et des enfants porteurs de déficience intellectuelle et de TSA (troubles du spectre de l’autisme) », explique-t-elle. Au sein de ces établissements, éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, psychomotriciens, AES, aides-soignants ou encore infirmiers, ont pour mission d’« accompagner l’usager, enfant ou adulte, en situation de handicap, dans les actes de la vie quotidienne et dans son parcours de vie. Au niveau de la direction, on prend un peu plus de recul vis-à-vis de cet accompagnement, car c’est aux équipes qu’on essaie de donner toutes les ressources nécessaires », continue Jennifer.

Jennifer Gauge

Directrice adjointe des IME Les Sapins et Les Muscaris à l’Adapei de l’Ain

Après ses études, quand elle revient dans sa ville natale de Bourg-en-Bresse, Jennifer postule dans plusieurs associations, dont l’Adapei. « J’ai été recrutée tout de suite et je n’ai pas voulu partir, car j’apprécie vraiment les valeurs de l’association. Mon parcours le prouve ! Quand on s’engage, on peut évoluer facilement, surtout quand on est une passionnée de travail comme moi », souligne-t-elle.

« Les parents portent les projets avec nous »

L’Adapei de l’Ain a été fondée en 1961, à l’initiative de parents d’enfants en situation de handicap mental. Elle accompagne 1 800 personnes et regroupe 56 établissements et services, dans quatre pôles d’activités : enfance, travail adapté, médicalisation et hébergement et services adultes. Comme les autres branches locales, départementales ou régionales (Urapei) françaises, elle est rattachée à l’Unapei au niveau national. Ce réseau représente et défend les intérêts des personnes avec trouble du neuro-développement, polyhandicap et handicap psychique, ainsi que leurs familles. « Les administrateurs de l’Adapei sont, pour la plupart, des parents. Ils se déplacent régulièrement sur site et donc, quand on est en difficulté ou qu’on souligne des besoins d’amélioration, de financements, cela leur parle. Ils portent les projets avec nous, explique Jennifer. Nous avons des commissions lors desquelles on rencontre des administrateurs, des parents d’enfants ou d’adultes en situation de handicap. C’est très riche, parce que cela nous permet d’avoir un regard tripartite : celui de l’usager, de sa famille et le nôtre. On construit tous ensemble les parcours de vie. »

« Les personnes accompagnées sont au centre du dispositif »

Les valeurs de l’Adapei reposent sur le respect, l’égalité, l’engagement, la dignité et la solidarité. « Les personnes accompagnées sont au centre du dispositif. On est tous là pour la même chose : l’usager. Il y a aussi de la bienveillance avec les collaborateurs, de la part du siège et des équipes de direction. On a des personnes à l’écoute, on ne se sent pas seul sur le terrain ! Les fonctions supports nous accompagnent à la moindre difficulté. Moi qui fais partie de la direction maintenant, je sais quel référent aller chercher si j’ai un souci et on réfléchit ensemble autour d’une problématique donnée », appuie Jennifer.

Une bienveillance ainsi qu’une confiance envers les équipes éducatives. « L’Adapei est vraiment dans une dynamique d’accompagnement au changement. On prend les personnes en situation de handicap dans leur globalité et c’est ce qui me plaît ! Que ce soit l’accès au soin, l’inclusion… On nous donne l’autonomie d’accompagner au quotidien les usagers et on nous facilite les choses, car on porte tous les mêmes valeurs », poursuit-t-elle.

« On s’adapte au profil des professionnels et à leurs souhaits »

Facilitatrice, l’Adapei l’est aussi dans l’évolution de ses collaborateurs. Dans le cas de Jennifer, c’était à la fois une envie personnelle et une suggestion de l’association. « J’avais envie d’évoluer et je pense que mes directions, puis l’Adapei, ont pu voir en moi des compétences à développer. Elles m’ont facilité l’accès aux formations et à des postes, à mes promotions professionnelles. On a un service formation à l’écoute de nos besoins et qui nous aiguille dans nos choix », complimente-t-elle.

Dans les métiers du handicap, les possibilités d’évolution sont nombreuses et Jennifer apprécie les mettre en avant : « Je fais souvent des interventions dans les centres de formation de nos futurs aides-soignants, éducateurs spécialisés et même cadres. Je leur dis qu’à la base, je ne pensais pas forcément évoluer. C’est venu au fil des années. Ce qui est important, c’est qu’on peut changer de secteur, de profil d’usager ! J’ai travaillé dans l’enfance, avec des personnes adultes en situation de handicap et des personnes plus vieillissantes. Cela permet de ne pas rester dans une routine. » Pour les collaborateurs qui ne souhaiteraient pas repartir en formation, il existe aussi le système de validation des acquis : « Les éducateurs spécialisés et les moniteurs éducateurs, par exemple, peuvent obtenir des diplômes par le biais de la VAE. C’est quelque chose qui est favorisé au sein de l’Adapei. On peut les financer et les accompagner. On s’adapte vraiment au profil des professionnels et à leurs souhaits. »

Tout au long de leur carrière, les équipes éducatives bénéficient également de nombreuses formations. « On s’ajuste souvent aux nouveaux profils des usagers qu’on accueille. On va proposer aux professionnels des formations sur l’éducation structurée, sur l’autisme, sur les troubles du comportement ou de la déglutition, par exemple. En secteur adulte, il s’agit aussi d’accompagnement au vieillissement », liste Jennifer. Une montée en compétences continue en lien, également, avec le suivi des familles. « Les éducateurs doivent rédiger des écrits qui vont à l’ARS (agence régionale de santé), à la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) donc une personne en interne les forme sur ces notions », complète-t-elle.

« L’Adapei est vraiment facilitatrice pour les nouveaux professionnels et fait de son mieux pour les fidéliser. J’en suis la preuve ! C’est une association proche de ses équipes et ça, c’est vraiment important », conclut Jennifer.

* Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale