Les députés bientôt formés au management

Un député doit-il être aussi un bon manager ? Pour la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, la réponse est oui. Elle a annoncé hier dans les colonnes du Parisien, le lancement d’une formation en management pour les 577 députés siégeant au Palais Bourbon. Une façon de prévenir les difficultés de management au sein de l’hémicycle. Ces derniers mois, plusieurs élus ont été accusés de harcèlement moral par d’anciens collaborateurs.

Le député, un employeur comme les autres

Interrogée par les lecteurs du quotidien sur l’efficacité de la cellule d’écoute anti-harcèlement de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet reconnaît que « les parlementaires n’ont pas forcément l’habitude de gérer une équipe de collaborateurs. Ils n’anticipent pas forcément que leur mission est aussi soumise à beaucoup de tensions politiques, psychologiques, avec des horaires de travail parfois compliqués ».

En effet, un député ne travaille jamais seul. Près de 2000 collaborateurs travailleraient auprès d’eux selon le dernier recensement de janvier 2019. D’après le site de l’Assemblée nationale, chaque député dispose d’un crédit de 10 581 euros par mois, lui permettant de recruter jusqu’à cinq collaborateurs. Souvent, ces derniers ont la charge de la gestion de leur agenda, du secrétariat et des relations avec la presse. En fonction de leur qualification, certains peuvent même rédiger des discours ou préparer des propositions de loi ou des amendements.

Ces collaborateurs sont recrutés sur la base d’un contrat de travail de droit privé. Le député a donc la qualité d’employeur, il recrute librement ses collaborateurs, licencie, fixe les conditions de travail et le salaire dans le respect des dispositions du code du travail. Des notions de management sont donc bien utiles pour diriger cette équipe amenée parfois à travailler de nuit et à ne pas compter ses heures en fonction de l’actualité parlementaire.

Prévenir le harcèlement

La présidente de l’Assemblée avoue qu’« un député peut avoir parfois des exigences vis-à-vis des collaborateurs qui vont au-delà de ce qui est raisonnable », évoquant ainsi à demi-mot, les cas de harcèlement moral au sein des équipes de collaborateurs parlementaires.

Pour Yaël Braun-Pivet, « cette formation peut permettre de prévenir certaines situations ». Un coach pourra également être sollicité à la demande d’un député, si celui-ci rencontre des difficultés dans son management.

La nouvelle présidente du Palais Bourbon affirme ainsi sa volonté de renforcer la lutte contre les comportements abusifs de certains députés. Depuis l'an dernier, la cellule anti-harcèlement mise en place à l’Assemblée nationale a recensé 32 signalements de collaborateurs.

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