Covid-19 : les femmes plus pénalisées par le télétravail que les hommes ?

C’est en tout cas ce que révèle une étude du cabinet de conseil BCG (Boston Consulting Group) conduite par Ipsos. Réalisée en février 2021 auprès de 2 000 salarié-es français-es travaillant dans des bureaux, elle met en valeur l’impact de la pandémie sur l’égalité hommes-femmes au travers de chiffres marquants. Décryptage.

La crise amplifie les inégalités femmes-hommes avec le télétravail

La dynamique pour resserrer les écarts femmes-hommes au travail était pourtant bien enclenchée ces dix dernières années. Avec la généralisation du télétravail, ces efforts semblent toutefois ralentir aux dépens des entreprises… mais surtout des femmes.

En effet, si le télétravail comporte de nombreux avantages en matière de productivité, de concentration et de diminution du stress, les femmes et les hommes ne sont pas tous égaux face à ce nouveau mode de travail. Parmi ses inconvénients figurent l’effacement de la frontière entre vie privée et vie professionnelle et le bousculement des rythmes de travail. Des inconvénients qui touchent davantage les femmes.

Quelques chiffres frappants :

• Le déséquilibre entre vie personnelle et professionnelle

Les femmes sont 30 % de moins que les hommes à disposer d’un espace de travail isolé. D’ailleurs, selon l’Ined (Institut national d'études démographiques), 39 % des hommes travaillent dans une pièce spécifique qui leur est réservée, contre un quart des femmes en télétravail (25 %). De plus, elles sont 50 % plus nombreuses que les hommes à être fréquemment interrompues dans leur travail.

• Les expériences de télétravail différentes

L’étude révèle qu’elles sont 29 % moins nombreuses que les hommes à prendre la parole en réunion en visioconférence, et 13 % moins nombreuses à avoir entretenu leur réseau depuis le début de la crise.

Pourquoi le télétravail emprisonne-t-il les femmes ?

Les femmes sont nombreuses à souffrir d’une absence de séparation entre la sphère privée et professionnelle. Une situation qui peut faire émerger un mal-être et peser sur leur santé mentale. D’ailleurs, par rapport aux hommes, les femmes sont :

• 30 % plus nombreuses à se trouver fréquemment en situation de stress et d’anxiété ;
• 26 % plus nombreuses à connaître des problèmes de sommeil
• 20 % de plus à se considérer être à la limite du burn-out ou sur le point de craquer.

Enfin, seuls 60 % d’entre elles ont confiance en leur avenir professionnel, contre 75 % chez les hommes.

De nombreux facteurs peuvent expliquer ces écarts entre les hommes et les femmes. À commencer par une plus forte charge mentale, liée à la hausse des tâches ménagères. Cela peut se traduire par de fausses pauses durant lesquelles elles vont préférer effectuer une tâche ménagère rapide (vider le lave-vaisselle, préparer un repas, étendre la lessive, régler un problème dans l’habitation, etc.) plutôt que d’effectuer une vraie coupure. Cela peut être également un sentiment de culpabilité vis-à-vis du temps accordé à leur famille. Selon l’étude, elles sont d’ailleurs 20 % à avoir la sensation de délaisser les enfants.

Si la réparation des rôles éducatifs et domestiques est propre à chaque foyer, les femmes semblent globalement plus propices à vivre des « doubles journées » et à supporter le plus gros du poids de la charge mentale. D’ailleurs, selon l’étude, les « tâches ménagères » sont synonymes de disputes pour 28 % des personnes interrogées.

Durant le confinement, les femmes ont, plus souvent que les hommes, demandé un arrêt de travail pour garde d’enfants et subi le chômage. Selon l’Ined, en avril 2020, 55 % des femmes continuaient de travailler pendant la crise contre 61 % des hommes parmi les actifs.

La crise de Covid-19 a freiné une dynamique qui était favorable à la parité. En étant à distance, il est désormais plus difficile pour les femmes de faire leurs preuves et de construire leur carrière. Cette étude intéressante fait appel à une prise de conscience collective massive au niveau des entreprises et des managers. Afin de ne pas perdre les talents féminins, il est ainsi important de prévenir le risque accentué de décrochage professionnel.

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