Comment fonctionnera le congé de naissance annoncé par Emmanuel Macron ?

Tous les futurs parents devraient connaître de nouveaux aménagements dans les prochains mois. Lors de sa conférence de presse hier soir, le président Emmanuel Macron a annoncé la création d’un congé de naissance, en remplacement du congé parental. On fait le point sur le projet et on fait réagir Anne Peymirat, experte en parentalité et conférencière, autrice du livre Le syndrome du wonderparent aux éditions Payot.

En quoi ce nouveau congé sera-t-il différent du congé parental ?

« Il sera mieux rémunéré et permettra aux deux parents d’être auprès de leur enfant pendant six mois s’ils le souhaitent », a précisé hier le chef de l’Etat. Actuellement, l’aide versée par la Caisse d’allocations familiales (CAF) pendant le congé parental est de 429 euros mensuels, un montant assez faible pour assurer les besoins quotidiens d’une famille, ce qui rebute de nombreux parents.

Ce nouveau congé naissance serait en revanche plus court que l’actuel congé parental qui permet aux parents de suspendre leur activité pendant trois ans, mais il offre la perspective d’un meilleur partage entre les deux parents. Actuellement, moins de 1% des pères le prennent.

Quand devrait voir le jour ce nouveau congé naissance ?

Pour l’instant, le président n’a pas annoncé de calendrier précis. Cet été, Aurore Bergé, alors secrétaire d’Etat en charge des Familles, anticipait déjà la création d’un congé parental plus court et mieux indemnisé d’ici 2025. On peut penser que cette échéance fait toujours foi, à moins que le Président décide d’avancer la création de la mesure.

En sait-on plus concernant la rémunération de ce nouveau congé ?

Non, le gouvernement n’a pas fait de précision à ce stade, nous savons juste qu’il sera mieux rémunéré que le congé parental actuel. En novembre dernier, un rapport présenté par deux députées, Isabelle Santiago (socialiste) et Michèle Peyron (Renaissance) recommandait la mise en place d’un congé parental d’un an rémunéré à 67% du salaire. On peut donc penser que le Président pourrait suivre ces directives ou du moins, s’en inspirer à minima.

Pourquoi le gouvernement s’intéresse-t-il autant à la parentalité ?

La baisse de la natalité s’est accélérée en 2023. 678 000 bébés ont vu le jour l’année dernière et c’est 7% de moins qu’en 2022 soit un déclin de la fécondité sans précédent. Ce qui inquiète les dirigeants au pouvoir. Les annonces d’hier soir concernant le nouveau congé de naissance sont une façon de rassurer les futurs parents. L’idée est de « débloquer les freins économiques et sociaux au désir d’enfant. » Un défi pour la majorité alors que de plus en plus de Français font le choix de ne pas devenir parents ou de n’avoir qu’un enfant unique afin de pouvoir concilier au mieux les contraintes professionnelles et familiales.

Est-ce que c'est une mesure qui va dans le bon sens pour aider les jeunes parents salariés ?

« Ce qui est intéressant dans cette mesure de congé naissance c'est le côté partagé entre les deux parents : il prend en compte les pères et les mères. Après pour qu'il soit vraiment intéressant, il faudrait que la rémunération reste avantageuse et n'entraîne pas de conséquences trop importantes sur le niveau de vie du foyer...donc j'attends de savoir ce qu'il en sera de ce point de vue financier. À mon avis, ce sera crucial dans la réussite et la popularité de ce congé naissance et c'est ce qui le distinguera vraiment du congé parental qui était peu utilisé et en déclin. Seulement 500 000 personnes le prenaient en 2013 et ce nombre a diminué de moitié en 2020 », réagit Anne Peymirat, experte et coach en parentalité. Pour elle, l'autre enjeu pour simplifier la vie des parents salariés reste aussi la résolution des problèmes de garde d'enfants. L'ancienne Première ministre Elisabeth Borne avait fixé le cap des 200 000 places en crèche d'ici 2030. Les premiers effets ne devraient donc être visibles que d'ici quelques années.

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