"Mon collaborateur traîne le soir à ne rien faire, comment lui dire de partir plus tôt ?"

"Ce n'est pas que Jean-Pierre soit particulièrement mauvais mais ce n'est pas le plus doué de l'équipe. En tout cas, il est besogneux... et il aime le montrer. Le soir, il reste à son bureau après le départ de ses collègues et régulièrement il vient me tenir la jambe  saluer avant de partir. Je n'ai rien contre l'idée de papoter une minute ni de débriefer sur sa journée mais, moi, je suis pressé de m'en aller. Et il faut bien le dire : je me demande ce qu'il fait de ses 30mn de rab' par soir ? Sa productivité n'est pas meilleure que ses collègues et, honnêtement, s'il arrivait le matin à l'heure et ne traînait pas sur sa pause du midi, il pourrait profiter davantage de ses soirées.

J'ai bien compris que c'est sa manière de montrer son engagement et qu'il pense ainsi être plus éligible à une possible promotion / augmentation que les autres. Ce serait évidemment injuste pour ses collègues d'autant qu'il n'est pas particulièrement moteur pour améliorer le fonctionnement de l'équipe.

Faut-il que je lui dise que ses efforts ne lui serviront à rien, dois-je lui expliquer que la politique de l'entreprise n'est pas d'encourager le présentéisme ou tout simplement lui demander d'être davantage à cheval sur ses horaires au risque de le braquer et de le démotiver ?".

Cher Jean-Michel,

Le présentéisme est un sujet qui revient régulièrement dans les articles de management. La France est souvent citée comme montre-modèle où rester au bureau sans activité particulière et venir travailler malade concernerait 1 salarié sur 4. Cela peut-être lié à la peur de perdre son emploi, de surcharger de ses collègues ou, comme vous l'évoquez, par l'envie de se faire bien voir. Et puis, il y a la crainte d'être mal perçu alors que les remarques du type "T'as pris ton après-midi", quand vous quittez à 17h, sont encore fréquentes. A priori, vous ne faites pas partie de cette dernière catégorie de managers puisque vous préféreriez voir Jean-Pierre rentrer à l'heure. Vous avez bien raison : le présentéisme est improductif et coûterait chaque année entre 14 et 25 milliards d'euros aux entreprises françaises. Rester tard engendre de la fatigue, des accidents de travail et peut entraîner des situations de burn-out.

Mais alors, comment faire entendre raison à Jean-Pierre ? Vous pouvez subtilement parler prévention des risques lors de réunions en équipe et rappeler l'importance de concilier vie pro et vie perso. Dites que vous avez lu une étude très intéressante sur les méfaits du présentéisme avec quelques chiffres à l'appui.

De manière plus frontale, vous pouvez lui demander le soir, lors de ces minutes qu'il imagine privilégier avec vous, pourquoi il n'arrive pas à terminer à l'heure comme les autres. Il faut le faire avec subtilité. "Je vois que tu restes systématiquement plus tard que les autres, tu es surchargé ?" Ou : "Si tu n'arrives pas à finir à l'heure, il faut peut-être que nous revoyons la façon de travailler ?" Laissez-le se dépêtrer tant bien que mal, sans insister. S'il affirme en faire plus que les autres, il vous sera facile de lui prouver le contraire.

Dernière méthode, certainement la plus efficace : être exemplaire ! Soyez ferme sur les horaires, n'organisez pas de réunions en fin d'après-midi, n'envoyez pas de mails le soir, et, vous-mêmes, ne restez pas à votre poste dans l'espoir d'être bien vu de votre hiérarchie...

• Faut-il dîner avec son patron ?
• Faut-il être aimé de ses collaborateurs ? 
• Faut-il "frimer" en entretien d'embauche ?
• Faut-il être honnête avec vos collaborateurs ?
• Faut-il montrer les muscles pour être un bon manager 
• Faut-il raconter ses vacances à ses collaborateurs ?
• Faut-il organiser des afterworks avec ses collaborateurs ?

(Getty images /gradyreese)