Taux de chômage au plus bas depuis 15 ans : se dirige-t-on vers le plein-emploi ?

Les nouvelles restent bonnes du côté du marché de l’emploi. Le taux de chômage est quasi stable au quatrième trimestre 2022, soit 7,2% de la population active selon l’INSEE. Le nombre de chômeurs atteint 2,2 au sens du Bureau international du travail, soit son plus bas niveau depuis 2008, excepté la baisse liée au premier confinement en 2020. Ces bons résultats seraient-ils des signaux positifs pour l’objectif du plein-emploi que le gouvernement souhaite atteindre d’ici 4 ans ? On fait le point.

Qu’est-ce que le plein emploi ?

Le Ministre du Travail, Olivier Dussopt a salué ces derniers résultats sur son compte Twitter : « Bonne nouvelle pour l’objectif de plein-emploi ». En effet, le gouvernement espère que le taux de chômage atteindra 5% d’ici 2027 afin de parler de « plein-emploi », soit une situation économique dans la laquelle la quasi-totalité de la population active du pays aura un emploi. Ce concept a été développé par l’économiste britannique J-M Keynes dans les années 1930.

On pourrait pourtant penser que seul un taux de chômage proche de 0 % se rapproche de la définition du plein-emploi mais le chômage ne peut totalement disparaître. Un taux de chômage incompréhensible ou frictionnel existera toujours en raison des périodes d’inactivité entre deux emplois ou de recherche après la fin des études. Certains pays européens comme l’Allemagne, la Pologne et la République Tchèque ont réussi à frôler voire passer sous la barre des 3% de chômage. En France, le taux de 5% de chômage n’a pas été atteint depuis 1980 mais le plein-emploi est une réalité chez les cadres, avec un taux de chômage de 4,1% en 2021.

L’objectif de plein-emploi du gouvernement est-il atteignable ?

Actuellement, nous connaissons en France, une pénurie de candidats dans de nombreux secteurs de métiers. « Ces difficultés pour recruter se traduisent par une amélioration des emplois créés avec des contrats de meilleure qualité » souligne Mathieu Plane, directeur adjoint de l’Observatoire français des conjonctures économiques dans les colonnes du Monde. D’ailleurs, le taux d’emploi en CDI continue d’augmenter pour atteindre 50,5% selon les derniers chiffres de l’INSEE.

Cette situation de tension sur le marché du travail pourrait favoriser le plein emploi mais de nombreux freins persistent. Les économistes se posent notamment des questions sur l’impact de l’inflation et de la faible croissance sur le marché de l’emploi au cours de l’année.

Ce bon taux de chômage peut aussi être nuancé par d’autres chiffres moins avantageux. Le baromètre de l’INSEE souligne par exemple une légère hausse « du halo autour du chômage » et du sous-emploi. Concrètement, ce sont des personnes désirant retourner sur le marché de l’emploi mais qui ne sont pas considérées comme chômeuses car elles ne recherchent pas activement un emploi ou ne sont pas disponibles pour en occuper un. Ce « halo » concernerait 1,9 millions de personnes en France, parfois en situation de précarité ou ayant renoncé à la recherche d’emploi.

La part des jeunes sans emploi ni formation, ni en études augmente aussi de 0,9 points et s’établit à 12,5%. « Avec ces effets de vases communicants, les nouvelles sont à prendre avec modestie sur la baisse du taux de chômage » explique d’ailleurs Mathieu Plane à l’AFP.

En plein débat sur la réforme des retraites, la question de l’emploi des séniors reste aussi un enjeu. Selon la Dares, la France est un des pays de la zone euro où le taux d’emploi des séniors est le plus faible (56% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont sans emploi contre 71,9% en Allemagne ou 63,4% au Portugal). Les effets de la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, rentrée en vigueur début février et censée favoriser le retour à l’emploi, seront aussi à mesurer dans les prochains mois.

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