Carrière : pourquoi les femmes à la voix grave réussissent mieux

La voix du pouvoir. Pour accéder à des postes à responsabilité, les femmes ont appris à modifier leur manière de parler. L'exemple le plus célèbre est celui de Margareth Thatcher. Suite à sa nomination comme Premier ministre, elle fait appel à un coah vocal afin de moduler sa voix pour la rendre plus grave et plus posée. Le but ? Gagner en autorité !

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Les femmes ont en effet bien compris que la voix était un instrument de domination, explique le magazine Usbek & Rica. Ainsi, depuis le milieu du 20ème siècle, la fréquence fondamentale de leur voix a chuté de 23 Hz, selon une étude menée par l'University of South Australia. D'après la sociologue Anne Karpf, elles n'auraient guère le choix. Par exemple dans le milieu de la télévision, sauf à "être exceptionnellement belles", les femmes qui décrochent un poste ont rarement la voix haut perchée.

Le pouvoir de la voix

Une autre étude menée par Joey Cheng, de l'Université de l'Illinois, permet de comprendre l'importance de la voix en société. La chercheuse avait demandé à un petit groupe de personnes de débattre pour trouver une solution tous ensemble. Elle leur demande ensuite de décrire la hiérarchie du groupe et de classer les participants selon leur autorité. Joey Cheng avait enregistré leurs conversations. Dès les premières minutes, tous avaient changé la tonalité de leur voix. Tous ceux qui avaient la voix plus grave étaient mieux notés tandis que ceux qui avaient "élevé leur voix dans les tons aigus étaient considérés comme plus soumis, et obtenaient un moins bon classement".  Comme les macaques qui baisseraient leur timbre pour "signaler aux autres qu'ils sont prêts à se battre et à protéger leurs ressources", les personnes aux voix graves sont "notées par les autres comme étant plus dominantes et prêtes à imposer leur volonté sur les autres, et par conséquent étaient capables d’asseoir leur influence et de prendre des décisions au nom du groupe".

Une autre étude réalisée auprès d'électeurs confirme l'importance de la voix. Ils votent ainsi plus volontiers pour le candidat qui a la voix la plus grave, les sonorités basses étant associées au leadership. A l'inverse, les voix aiguës des femmes sont considérées comme attirantes, sauf à la radio où elles doivent s'exprimer avec une voix soufflée et basse. Les voix les plus graves, homme comme femmes, recueillent ainsi 20 % de plus dans les sondages. Là encore, elles sont associées à la compétence, la force ou encore l’honnêteté. En France et aux Etats-Unis, les deux femmes qui se sont présentées au poste suprême en ont été pour leurs frais. La voix d'Hillary Clinton était jugée comme trop stridente ou impassible. Et lors du débat entre deux-tours, Nicolas Sarkozy a gagné le duel lorsqu'il a intimé à Ségolène Royal, qui montait dans les tours, de "garder son calme et ses nerfs". 

La voix joue aussi sur la rémunération. Selon une enquête menée auprès de 792 cadres hommes dans des entreprises américaines, ceux dont la voix était la plus grave gagnent en moyenne 187 000 dollars de plus que ceux qui ont une voix plus aiguë, et leurs missions sont également plus intéressantes. La nature aidera peut-être les femmes à gagner, un jour, le même salaire que les hommes : alors qu'elles sont de plus en plus grandes, leurs cordes vocales s'étirent et leur tessiture baisse...

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