Carrière : à quoi sert un mentor ?

C'est l'histoire de Josh Harfield, jeune commercial en proie à des doutes, et de Diane Bertman, sa supérieure. Dans l'ouvrage Le mentoring minute de Ken Blanchard et Claire Diaz-Ortiz, on suit leurs parcours et leurs questionnements. Et ça commence plutôt mal pour Josh. Sous l'eau et sans motivation, il doit passer son entretien annuel d'évaluation trimestriel.

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Depuis 5 ans qu'il est en poste, Josh peine à faire son chiffre tandis que la dernière recrue, Eric, vient de battre un nouveau record. Josh encaisse encore plus mal la réussite de ce dernier que sa boss lui conseille de se faire "mentorer" par ce dernier. Mento quoi ? Mentorer, ou bénéficier des conseils d'un sage. "Ouais, bon un coach quoi", pensez-vous ? Pas tout à fait... Un coach accompagne sur le court terme en se basant sur le potentiel de la personne accompagnée, sans lui fournir de recettes pour progresser, tandis que le mentor conseille en transmettant ses savoirs, ou plutôt en partageant son expérience. Le mentor aide à progresser aussi bien sur les plans perso que pro à travers son histoire. Pour revenir, s'il le fallait encore, sur la Coupe du monde de football, on peut dire que Didier Deschamps a été à la fois coach - il a encouragé son équipe et tracé un plan d'entraînement pour arriver à la victoire - mais aussi un mentor - il a transmis l'esprit de la gagne qu'il a acquis au cours de sa carrière à la Juventus et comme champion du monde en 1998.

Le terme "mentorer" colle à l'ère du temps. Une "ère où il n'y a plus de compétences à rémunérer mais du potentiel à révéler, où il n'y a plus rien à transmettre car tout est sur Google, où il n'y a plus de self-made men puisque le travail est collaboratif, où il n'y a plus de hiérarchie mais des 'leaders aspirationels'", écrit dans le magazine Capital Alexandre des Isnards, auteur du Dictionnaire du nouveau français .

Définir le but du mentoring

Pour revenir à l'ouvrage de Ken Blanchard et Claire Diaz-Ortiz, la réaction de Josh, outré qu'on puisse lui suggérer d'être "mentoré" par plus jeune que lui, est assez révélatrice du monde du travail. Un jeune est censé apprendre des anciens, pas l'inverse. Mais une fois calmé, Josh se dit effectivement qu'il pourrait être bon pour sa carrière de se trouver un mentor. Reste à trouver qui ? Le petit jeune de son équipe, il ne le sent pas. En parlant autour de lui, un ami lui conseille de se rapprocher de son oncle, Ron, qui a fait toute sa carrière dans le commerce et véhicule "l'image même de la réussite". Malheureusement, c'est la caricature du commercial à l'ancienne, qui s'écoute plus qu'il n'écoute. Difficile de se projeter des heures durant à écouter un speech qui ne lui évoque rien de positif. Un mentor et son mentoré doivent partager des valeurs et être compatibles.

Josh refait le point avec Diane. "Je crois que notre objectif consiste à ranimer ton enthousiasme (...), de t'aider à te passionner à nouveau pour ce que tu fais en ce monde", lui dit-elle. Et de poursuivre "si je servais de mentor à quelqu'un, cela me donnerait l'énergie et la concentration dont j'ai besoin pour aborder les prochaines étapes auxquelles je suis confrontée". Elle sort un carnet - "je suis de la vieille école" - pour noter la définition de la mission : retrouver une conception claire de ce que Josh veut faire et de l'enthousiasme pour son travail.

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Faire le suivi du mentoré 

Voilà Josh enfin mentoré et avec une fiche de mission. C'est au tour de Diane de s'interroger. Comment faire le suivi de son poulain, sous quelle forme communiquer, à quelle fréquence échanger ? Elle appelle donc son ancien mentor. Elle lui rappelle également que, selon lui, un mentoré apprend aussi du "professeur". Diane peine encore à voir comment... "Tu verras, les jeunes nous font découvrir de nouvelles façons de penser et de communiquer. Dans mon cas, lui rappelle-t-il, c'est toi, Diane, qui m'a appris à prendre l'initiative".

Autre raison d'un mentor : faire bénéficier son "padawan" de son réseau pro et lui rappeler que lui aussi dispose déjà d'un réseau. Pour Diane aussi cette mission de mentoring est bénéfique. Alors qu'elle approche de la soixantaine, offrir ses conseils à Josh lui redonne également le goût et la passion de son emploi. Elle comprend à nouveau pourquoi elle s'y plaît et apprécie de transmettre son savoir.

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Les millenials adeptes du mentoring

Les auteurs de l'ouvrage rappellent aux entreprises qu'elles ont tout intérêt à mettre en place du mentoring. Soit pour accompagner de nouvelles recrues, soit en format "peer-to-peer", des binômes de collègues apprennent mutuellement, soit du mentoring transgénérationnel, à la manière de Josh et Diane qui apprennent l'un de l'autre.

Une étude de la HSBC  s'est intéressée à cette façon de travailler en entreprise. Le but : comprendre le rapport des entrepreneures en termes de motivation, de gestion de leur entreprise ou encore de leur influence dans la société. Ainsi, 66 % des entrepreneurs français déclarent bénéficier du soutien d'un mentor. Les millenials en particulier (72 %) tandis que seuls 45 % des plus de 55 ans déclarent avoir recours à ce type de soutien. Leurs mentors sont soit des dirigeants de grandes entreprises industrielles (30 %), soit des membres de l'entourage (22 %) ou encore des conseillers financiers (19 %). Et c'est payant payant : les 3/4 des dirigeants d'entreprises à forte croissance assurent avoir bénéficié des services d'un mentor.

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