Vous avez peut-être déjà croisé ce camion dans votre ville…

Vous pensez que les poids-lourds n’ont rien à faire en ville ? « Le nôtre y a au contraire toute sa place » affirme Cécile Roussel, cheffe de projet technique chez Volvo Group. Basé sur le véhicule électrique commercialisé par Renault Trucks depuis 2020, Oxygen est, d’après ses concepteurs, « bien plus qu’un simple camion ». « On l’a pensé comme une solution de transport durable pour la livraison urbaine », appuie Edouard Rochard, directeur de la gamme Véhicule Electrique.

Porté par Renault Trucks et Geodis, ce projet est né d’un constat : « L’urbanisation croissante, l’essor du e-commerce et l’émergence de nouvelles pratiques de consommation entraînent une hausse des livraisons en milieu urbain. Or les métropoles européennes sont caractérisées par un trafic dense et des rues plutôt étroites. Les camionnettes qui saturent les villes ne sauraient être la seule solution sur le long terme ! »

Un projet développé en un temps record

Tout est parti d’une idée griffonnée sur un bout de papier. « Mon responsable cherchait un volontaire pour gérer un projet de camion urbain. J’ai levé le doigt en disant « Je veux bien essayer », se remémore Edouard. Le directeur et son équipe sont partis de zéro, ou presque. « On a démarré en 2021 avec deux slides sur PowerPoint. C’était loin d’être gagné mais on a réussi notre pari ! »  

Edouard Rochard

Directeur de la gamme Véhicule Electrique chez Volvo Group

Et ce, dans un temps record : « Le projet s’est développé très rapidement, relève Cécile. Trois ans, c’est peu pour lancer un nouveau véhicule ! » Cet exploit est le fruit d’une collaboration étroite avec les nombreux partenaires du groupe. Dont un acteur clé, le transporteur Geodis. « Nous avons travaillé main dans la main avec leurs équipes pour bien comprendre le besoin. On a même accompagné leurs conducteurs sur leurs tournées en centre-ville. »

La réciproque est tout aussi vraie. « Geodis est venu dans nos murs pour participer aux réunions projet, découvrir la chaîne d’assemblage, l’atelier prototypes et comprendre nos contraintes techniques. » Une transparence de mise à tous les niveaux : « On a tenu à rendre le projet visible, auprès de nos clients mais aussi du grand public, précise Edouard. C’est important pour montrer une autre image de l’industrie du transport ! »

Sécurité, productivité, attractivité

La priorité n°1 du groupe ? « Concevoir un camion sécuritaire, pour le conducteur comme pour son environnement », détaille Cécile. L’une des premières décisions a été d’abaisser la cabine pour améliorer la visibilité. Les chauffeurs peuvent ainsi repérer plus facilement les poussettes, trottinettes ou piétons autour du véhicule. « On a aussi vitré la porte côté passager, comme dans un bus, et remplacé les rétroviseurs par des caméras. » En plus d’éviter les impacts lorsque le véhicule rase les trottoirs, ce dispositif permet d’élargir la vision directe et indirecte du conducteur. « Ce dernier, peut, à tout moment, avoir une vue à 360° de son environnement. »

Cécile Roussel

Cheffe de projet technique chez Volvo Group

Abaisser la cabine améliore également le confort du chauffeur. « Il se fatigue moins en montant et descendant les marches. Dans un camion classique, le chauffeur doit se retourner pour sortir comme sur une échelle. Dans le nôtre il peut quitter la cabine en marche avant et côté trottoir, directement protégé de la circulation. On a aussi privilégié une porte coulissante plutôt que battante pour éviter les accidents lors de l’ouverture. »

La possibilité de descendre côté passager, sans être gêné par le trafic, permet aussi de gagner du temps lors des livraisons. « On s’est dit que si on arrivait à faire une livraison de plus par jour, c’était toujours ça de gagné ! »

Dans cette même optique de productivité, le groupe a mis en place un hayon 100% automatique « qui permet de charger et décharger les marchandises plus rapidement ». Un dispositif qui réduit également le risque de troubles musculosquelettiques chez le conducteur.

« C’est le premier de la classe dans le monde du poids-lourd »

A travers ce projet, les équipes ambitionnent de redorer le métier de conducteur, qui peine à attirer les jeunes. « Toutes les technos utilisées sont connues dans le monde de l’automobile. Ce qui est novateur, c’est de les regrouper dans un camion au design très épuré. C’est le premier de la classe dans le monde du poids-lourd ! » résume Cécile.

Mais l’objectif est bien plus large : « Il ne s’agit pas d’un « délire d’ingénieur » mais d’une solution au service de la société, porteuse de sens, insiste Edouard. C’est ce qui m’a motivé à monter le projet. » Un projet qui ne s’est pas déroulé de manière habituelle : « L’enjeu a été de le préserver de nos processus classiques afin de tenir les délais serrés. » Pour y parvenir, Edouard a dû structurer une équipe de huit personnes « dotées d’un fort esprit entrepreneurial », la fédérer et « surtout lui donner les moyens de travailler sereinement, sans perturbation ».

« On a hâte de voir la suite ! »

A la manière d’un chef d’orchestre, Cécile s’est chargée de donner le tempo. « Un projet comme celui-ci mobilise beaucoup de métiers différents. Il m’a fait progresser dans tous les domaines, et pas seulement techniquement ! J’ai dû sortir de ma zone de confort pour donner la cadence lors des phases critiques, de la conception du prototype jusqu’à la phase de capitalisation, dans laquelle nous sommes aujourd’hui », souligne la cheffe de projet.

Résultat des courses : Oxygen a fait son apparition à Lyon en septembre 2024, puis à Paris en décembre dernier. « C’est une fierté de voir notre véhicule circuler dans les rues, réagit Cécile. Le groupe Volvo nous a donné les moyens d’y arriver, mais rien n’aurait été possible si l’équipe ne s’était pas donnée à fond pendant trois ans. Ce projet nous a tous fait grandir. Reste à savoir si le véhicule atteint nos objectifs et ceux de nos clients à l’issue de la phase d’essai. Les premiers retours des conducteurs sont très positifs, on a hâte de voir la suite ! »